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  • Bancs publics (Versailles-Rive droite) de Bruno Podalydès ****

     Catherine Deneuve, Bruno Podalydès dans Bancs publics (Versailles rive droite) (Photo) Bruno Podalydès dans Bancs publics (Versailles rive droite) (Photo)

    Comme chaque jour Lucie se rend à son travail. Métro, changement, train. Dès son arrivée, elle retrouve ses deux collèges avec qui elle partage un bureau et l'on est instantanément plongé dans le monde de l’entreprise, un peu terne, un peu ennuyeux. La journée s’annonce semblable à toutes les autres sauf que le soir même il y aura un « pot » pour le départ en retraite d’une collègue (avec obligation de s’amuser…) mais surtout, les trois collègues aperçoivent une banderole accrochée à la fenêtre de l’immeuble d’en face : « HOMME SEUL ».

    La vie du bureau va être secouée pendant un jour par cette découverte et toutes les suppositions vont jaillir sur l’origine et la signification du message : appel au secours, petite annonce, canular… ! Le réalisateur nous donnera la réponse dans les dernières minutes.

    Entre temps il nous aura offert une comédie humaine à sa façon et en trois actes à la fois successifs et imbriqués l’un dans l’autre : le bureau, la pause de midi au square, le magasin de bricolage voisin.

    On nous annonce pas moins de 80 acteurs dans ce film, des vieux, des moins vieux, des jeunes, des très jeunes et même des bébés, et la première approche serait de détourner les yeux du générique pour avoir la bonne surprise de les voir défiler. Certains n’ont parfois même qu’une réplique à prononcer mais on sent à quel point tout le monde a pris du plaisir à faire cette petite apparition. Si l’on excepte la désastreuse tirade de lapsus de Pierre Arditi (qui se rattrape lors du « pot » de retraite vraiment marrant) tout ici est plein de justesse, d’ironie, de tendresse, d’humour, d’absurdité. Tout m’a paru finement observé et je suis persuadée que chacun peut y retrouver des scènes de la vie quotidienne qu’il connaît avec en cerise sur le gâteau une bonne dose de folie douce… parfois furieuse.

    Ce film abonde de situations réalistes que Podalydès habille de son imagination étourdissante et échevelée et les énumérer reviendrait à faire un catalogue. Cela dit, il est évident que chacun aura ses préférences pour certaines prestations. En ce qui me concerne, j’ai un gros faible pour celles de Vincent Elbaz, Elie Semoun, pour l’exquise, désopilante et finalement délicate et mélancolique partie de Backgammon entre les deux vieux Claude Rich et Michel Aumont, et je comprends mille fois pourquoi l’époustouflant Eric Elmosmino, ici claudot sympathique, a été choisi pour interpréter le rôle de Gainsbourg… mais dans ce film choral, faussement brouillon ou trop ordonné il y a une cohérence, une fantaisie totalement débridée, une tendresse en l’espèce humaine toute entière condensée en trois unités de lieu.

    Et si dans les premières minutes, une lettre de l’enseigne du magasin de bricolage refuse de s’allumer et transforme « Brico Dream » en « Brico Dram », c’est parce que tout au long de ces deux heures désopilantes et vraiment trop courtes (je vous garantis plusieurs fourires !) dont l'innénarable apothéose abracadabrante se situe dans les allées et rayons du magasin, Podalydès observe que la vie est une tragédie mais qu'elle peut devenir rocambolesque avec de ci de là un peu d’excentricité ou d'imprévus.

    Un film comme un bonheur dans un monde de brutes !