Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller **
5 acteurs hollywoodiens à l’égo pachydermique et à l’ambition de mammouth (un Oscar sinon rien !) sont engagés pour tourner « le plus grand film de guerre de tous les temps ». A la direction : un réalisateur anglais déclaré incompétent par un producteur survolté. Pour tenter de relancer le tournage du film dont un technicien a malencontreusement fait exploser les décors, le réalisateur emmène son quintet d’acteurs en pleine jungle pour une séance de cinéma vérité. Ils vont vite se rendre à l’évidence que plus aucune caméra ne tourne et qu’ils se trouvent plongés dans une vraie guerre !
Je n’avais pas autant ri (au cinéma...) depuis des semaines. Pourtant le début peut laisser présager le pire : une série de fausses bandes-annonces de faux films des acteurs dans le film du film dont certains (même parodiques, merci j’ai compris) ne sont vraiment pas drôles du tout du tout. Et puis ça s’arrange dès que le tournage du film dans le film commence (vous suivez ?).
Si Ben Stiller entend parodier et critiquer les films de guerre à gros budget (j’en sais rien, j’ai pas de dossier de presse moi madame), il se plante car son film n’a rien d’un nanar de pacotille tourné avec deux bouts de ficelle de cheval : C’EST un film de guerre à gros budget. Quant à la satire du système hollywoodien (les producteurs mégalos pourris, les caprices de star, les films « franchise » à millions d’entrées, les produits dérivés, la cérémonie des Oscar etc…) si elle est parfois savoureuse n’est pas vraiment vitriolée. La réussite est aussi ailleurs et surtout à découvrir Ben Stiller capable de réaliser un film musclé, macho (on n’en doutait pas), énergique, trépidant et drôle, très drôle.
Si comme moi, vous vous êtes gavés de « Platoon », « Apocalypse Now », « Voyage au bout de l’enfer » et j’en passe, vous verrez qu’ici tout est là : la jungle hostile, les méchants asiatiques, les tortures, la cervelle qui gicle, les tripes à l’air, les actes héroïques, la franche et virile camaraderie, les soldats qui rient et pleurent en même temps, qui tombent au ralenti au son de musique symphonique, la fin qui n’en finit pas de finir avec sauvetage in extrémis du soldat Ryan, et « Sympathy for the devil » des Rolling Stones (les Stones chantent toujours dans les films qui parlent du Viet-Nam)… Dans les « modèles » tout ceci était émouvant, tragique ou insupportable. Ici, c’est marrant.
Le plaisir tient également, c’est évident à l’interprétation. Je ne citerai pas toutes les guest stars invitées qui défilent, d’autres s’en chargent mais ceux qui n’ont rien lu pourront avoir des surprises, mais je recommande le rôle proprement ahurissant du producteur vulgaire et accro au coca light. La star d’hollywood qui s’y colle, grasse, poilue, chauve m’a impressionnée et prouve qu’elle peut encore surprendre. Bravo.
Pour le reste, j’ai découvert deux acteurs très prometteurs et jusque là inconnus, Brandon Jackson et Jay Baruchel qui se collent les rôles des « bleubites » et parviennent à s’imposer face à leurs aînés. Chapeau.
Jack Black, qui ne m’a encore jamais fait rire, confirme qu’il ne me fait pas rire et hérite une fois de plus du rôle qu’il préfère : caca-prout-vomis. Passons.
Restent Ben Stiller qui n’hésite jamais à se ridiculiser aussi bien dans les dialogues que dans les déguisements ou attitudes, mais surtout celui qui surprend encore c’est Robert Downey Jr. Son rôle d’acteur proche des thèses de l’actor’s studio qui consiste notamment à entrer dans un personnage fait qu’il a subi une intervention de pigmentation de la peau pour être un soldat noir et adopte le parler « yo man » dans une caricature outrancière qui étrangement le rend plus sobre qu’à l’accoutumé. Bon, il faut le voir et l’entendre pour le croire.
Allez, faites tourner les hélicos !