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très bien merci -

  • Très bien merci d’Emmanuelle Cuau ***

    Un jour Alex est verbalisé dans le métro pour avoir allumé une cigarette. Aucune discussion n’est possible avec l’agent RATPiste qui menace d’appeler la police. Plus tard, Alex observe stupéfié un contrôle d’identité musclé et arbitraire dans la rue. Refusant d’évacuer les lieux, il se retrouve embarqué au poste où il passe une nuit après l’humiliation de la fouille, du tutoiement etc… Jugé « agité » par les policiers il est directement emmené à l’hôpital psychiatrique où sa femme, pensant avoir affaire à un formulaire administratif signe une HDT (hospitalisation à la demande d'un tiers)… C’est l’engrenage !

    Emmanuelle Cuau observe un couple ordinaire qui s'aime et travaille (lui comptable, elle chauffeur de taxi) et se retrouve confronté à des situations exceptionnelles qui s’enchaînent implacablement avec une logique déconcertante. Elle décortique surtout et parfois au scalpel, les comportements de citoyens d’une société où chacun veut donner son avis sans écouter l’autre. Des sentences toutes faites auxquelles on ne peut rien répondre servent d’échanges : « le client est roi », « est-ce que je vous dis comment faire votre travail ? ». La réalisatrice ratisse large mais sans lourdeur, sans stigmatiser, sans porter de réel jugement. Ainsi peut-on découvrir les rapports entretenus au travail, la délation, le harcèlement, la lourdeur des démarches administratives, le comportement et l’accueil dans les commissariats ou les hôpitaux… Et toutes ces situations nous parlent car elles sont d’une justesse et d’une honnêteté sans faille. Impressionnant et flippant, c’est un peu la France d’aujourd’hui !

    Quant au couple d’acteurs, il est merveilleux car ces deux là jouent comme ils respirent. Dans l’histoire, ils s’aiment… pas besoin de se le dire, ça saute aux yeux et on les croirait bien réellement mariés depuis 10 ans. Sandrine Kiberlain, douce, attentive et énergique est forte et fragile. Gilbert Melki, border line comme jamais compose avec le regard toute une palette d’expressions qui vont de la révolte à la soumission en passant par l’accablement, l'inquiétude. Il flirte constamment avec la folie. Etourdissant. Et son grand numéro « à la De Niro » où il s’entraîne à prononcer des phrases en anglais vaut presque à lui seul le voyage.

    Ne vous fiez pas au titre « Très bien merci » est une véritable claque qui fait peur et donne l’impression qu’on vit vraiment dans un milieu hostile.

    Bravo !