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LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray *****

La Nuit nous appartient - Affiche américaine

Bob et Joseph sont frères. Jo est la fierté de son père, comme lui il est devenu flic à New-York, alors que Bob est la brebis galeuse, gérant d’une boîte branchée où la drogue circule. Bob se constitue une nouvelle famille accueillante chez les Buzhayev très proches de la mafia russe et Joseph est nommé responsable de la brigade des stups. La guerre fratricide est engagée.

Ce film est une « tuerie ». Je dis ça pour parler djeuns mais surtout parce que les superlatifs vont me manquer pour évoquer ce film exceptionnel.

Je ne vous dirai rien de plus de l’histoire tant les rebondissements inattendus pleuvent en cascade au rythme d’un scénario irréprochable qui ne cesse, du début à la fin, de réserver des surprises colossales. C’est un film qui assume son manichéisme et un certain pathos (j’ai pleuré… dans un tel film, c’est surprenant !) mais avec une telle maestria, qu’on est littéralement aimanté, stressé, bouleversé dès les premières secondes. Je n’ai pu (car les sujets sont proches et la sortie des deux films aussi) m’empêcher de penser à Ridley Scott qui doit être parti se cacher au fin fond du désert du Taklamakan pour se faire oublier… James Gray n’a tourné que 3 films en 13 ans (« Little Odessa » et « The yards") qui étaient déjà des ovnis en forme de tragédie familiale noire proches de la perfection. On hésite entre l’envie de dire au réalisateur de continuer à prendre son temps et l’impatience de l’implorer de nous donner à voir la suite.

Ce film est exceptionnel. Je l’ai dit, mais pas seulement, il est inattendu, extraordinaire et surprenant. Je ne me souviens pas avoir été autant concentrée, tendue, concernée, angoissée pendant une projection. La course poursuite en voiture, impressionnante, spectaculaire, époustouflante est un sommet du genre qui renvoie toutes les autres à l’ère paléolithique du cinéma. Le spectateur est DANS la voiture, en sort essoufflé et, comme Bob, tombe à genoux, en larmes… Quelques scènes très mouvementées alternent avec d’autres très intimistes qui à aucun moment ne retardent ou ralentissent l’action. Tout ici est à sa place.

Le réalisateur maintient le spectateur dans un état de stress permanent, une tension constante qui l’entraînent dans un final déconcertant. Le courageux héros, celui qui meurt ne sont finalement pas ceux que l’on croit.

New York est pratiquement constamment plongée dans une nuit où se succèdent bâtiments désaffectés et endroits chébran. L’histoire d’amour n’est pas un accessoire et l’amoureuse sacrifiée n’est pas un gadget, c’est un véritable beau personnage porté par la sublime Eva Mendès, délicieusement vulgaire. Bob veut devenir le roi de New-York mais il se brûle les ailes et quand on connaît un peu l’histoire de Joaquin (dites « Ouakin », vous n’avez pas oublié ?) ses larmes et ses sanglots sont encore plus bouleversants. Que dire des acteurs ! Mark Whalberg s’efface progressivement en intériorisant de plus en plus son personnage. Impressionnant. Robert Duval, froid, mais pas tant que ça, prêt à tout pour défendre ses grands garçons, en être fiers, est magnifique. Mais le voyage ne serait rien sans Joaquin Phénix dont le beau visage tourmenté mériterait un documentaire à lui tout seul tant il exprime sans trop en faire l’évolution de son merveilleux et complexe personnage. L’arrogance du début fait place à l’inquiétude et l’anxiété et James Gray s’attarde longuement sur le cataclysme et la tempête qui se jouent sous ce crâne.

Bouleversant (l'acteur... et le film !).

Courez-y ! Je n’adresse plus la parole qu’à ceux qui présenteront leur ticket de cinéma DE CE FILM en passant sur cette route. Oui, La route du Cinéma devient à péage. Tant pis pour vous.

En sortant de la salle j’ai couru acheter le DVD « Walk the line » pour me faire une cure de Joaquin…

 

Commentaires

  • J'irai pour Toi et Pour Joaquin ! Pour Wahlberg et Mendes, j'suis pas certain.

  • la foto de l'affiche est belle, déjà… pour le reste, let's go for cinoche !

  • Bien d'accord : film magistral, bouleversant. Gray possède un vrai sens de la dramaturgie, les acteurs Joaquin Phoénix en tête (pouces en l'air!) sont remarquables. Du grand cinéma. Pas juste qu'il soit reparti bredouille de Cannes quand les soporifiques et passablement ennuyeux Lumière silencieuse et Forêt de Mogari ont été récompensés.
    Bonne cure de Joaquin qui mérite bien son Oscar pr Walk the line!
    A bientôt sur Boulevard du cinéma peut-être.
    Et on attend une nouvelle note de Sandra consacrée à ce film!!!

  • Jordane : sais-tu que je suis en train de me demander si Jesse ne sera pas ex-aequo !!! Tu hésites encore ?

    Agla : ce n'est (hélas) pas l'affiche officielle http://www.blogdecine.com/images/2007/05/we_own_the_night_ver2.jpg qui n'est pas mal non plus.
    Oui, va le voir CELUI LA, c'est DU TRES TRES GRAND CINEMA.

    Fab : ouf, aucune réserve. Je ne vois RIEN de négatif à ce film. C'est "commode" de le dire.

  • OUH La boulette : ce n'est pas Phoénix qui a remporté l'Oscar du meilleur acteur en 2006 mais Philip Seymour Hoffman pr Truman Capote! Je le donnais gagnant avant la cérémonie tellement son interprétration était intense et bouleversante. Hoffman était cependant très bon en Truman Capote, incroyable de mimétisme à l'instar de notre Phoénix. As-tu vu ce dernier film? Je l'ai trouvé assez austère et sec au contraire de Walk the line, bcp + rock'n roll!

  • Excellent film en effet, pas trop d'accord sur le "imprévisible" car justement ce qui est tragique dans tous les films de Gray, c'est le fatum, le destin inexorable des personnages, du gand cinéma classique que les grincheux snobinards de Cannes ont sifflé...
    Sinon courrez voir quand il sera sorti, la Visite de la Fanfare, film frais et humaniste, un petit bijou qui mérite un énorme bouche à oreille, un vrai bonheur de cinéma, un beau scénario, des acteurs épatants et des situations souvent burlesques entre Buster Keaton et Jacques Tati... Un hymne à la tolérance et à la découverte de l'autre.

  • Fab. : grosse boulette effectivement. C'est en fait Reese Witherspoon qui avait eu l'oscar pour ce film. Je fais aussi des pronostics pour les oscars. Cette année Casey Affleck...
    Si j'ai vu "Truman Capote" ? Oui évidemment, j'adore Philip Seymour Hofmann. Mais je crois que j'avais encore préféré l'autre version qui était sortie quelques mois plus tard.

    Guimauve : je maintiens le "imprévisible" et le génie de James Gray qui renouvelle le genre.
    + 10 points pour ton "fatum". Je le replacerai.
    Je rêve (enfin pas tant que ça, faut pas pousser) du jour où tu commenteras sans "grincher" !
    Pour la fanfare... nous en reparlerons quand il sera sorti...

  • Euh, je relis ce commentaire et je ne me vois pas "grincher" ;-) ;-) je disais simplement que ce type de film justement n'avait gère de caractère imprévisible car c'est inhérent au genre, comme dans les deux précédents films de Gray, on sait dès le début l'inéluctabilité des situations, mais c'est cela qui est excitant et remarquable et renforce le côté tragique.
    Concernant Capote, avez-vous vu l'excellent De sang Froid de Richard Brooks (http://imdb.com/title/tt0061809/) ?

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