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Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 3ème partie)

RENCONTRES AVEC DES REALISATEURS 

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Comme son nom l’indique le Festival d’Annonay est un cinéma international. Il propose donc une sélection de films venus du monde entier qui régulièrement nous donnent une radiographie du monde qui ne va pas forcément bien. Cette année ce petit tour de la planète était particulièrement riche mais avait en plus la particularité de nous présenter un film brésilien réalisé par un russe qui vit aux Etats-Unis, un film québécois d’un français vivant « là-bas », le film belge d’un réalisateur au nom qui sonne à la fois russe et grec. C’est dire qu’une fois de plus diversité et cosmopolite étaient au rendez-vous.

Comme chaque année également, le public était régulièrement invité à rencontrer les réalisateurs et acteurs présents lors de débats vraiment enthousiasmants. Ils se prêtent toujours à ces échanges passionnants avec une disponibilité déconcertante pour discuter de leurs parcours, de leur métier, de la façon qu’ils ont de l’appréhender, et surtout des difficultés à voir leur premier film distribuer alors qu’il a été tourné avec plus ou moins d’adversité et de moyens.

Voici un bref résumé des rencontres auxquelles j’ai assisté avec quatre des réalisateurs présents.

Michel Kammoun,

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réalisateur libanais de « Falafel » est né en 1969. Fan d’architecture il a commencé par des études dans ce domaine avant d’intégrer l’ESEC (Ecole Supérieure d’Etudes Cinématographiques) et de réaliser plusieurs courts métrages : dont une comédie noire tournée en urgence pour témoigner de l’après guerre civile, un autre muet qui tient plus de l’expérimentation avant d’écrire son premier scenario « Falafel ». « Le tournage a débuté en 2004 et n’a pu s’achever qu’en 2006. Avec plus d’argent, cela aurait été plus facile, les conditions auraient été meilleures. Il faut de l’entêtement, inventer sans cesse et trouver des solutions pour tourner car au Liban, il n’y a pas d’infrastructures. Il faut construire le train mais aussi les rails. J’avais beaucoup de choses à exprimer dans ce film mais il a fallu tourner « à la sauvage », sans autorisation, prendre des risques. Les premiers films ne reçoivent aucune aide. Les personnes qui travaillent sont bénévoles. Il faut une bonne dose d’inconscience, s’adapter pour respecter l’âme du film ».

Noël Mitrani

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est né à Toronto en 1969 de parents français, réalisateur de « Sur la trace d’Igor Rizzi ». Diplômé d’histoire et de philosophie à la Sorbonne il acquiert l’amour du cinéma par le grain de la pellicule. Il se dit autodidacte, affirmant que toute formation intellectuelle peut amener au cinéma. « L’obsession d’un premier film c’est de faire un film, ce n’est pas la distribution. Le risque du 2ème film est la compromission. Il faut convaincre en permanence du bien fondé de chaque décision. Ça rend fou. Il faut courtiser les gens qui ont et donnent l’argent. Mais chaque nouveau film est une opportunité pour corriger les erreurs. Avec un petit budget, aucune solution ne peut être trouvée par l’argent mais uniquement par l’astuce. Mais avec plus d’argent on fait des films différents, forcément. Production et réalisation doivent s’harmoniser ».

Zhuang Yuxin,

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réalisateur chinois de « Teeth of love », né en1971. Professeur de littérature à la Beijing Film Academy (école très réputée), il enseigne l’écriture de scénarios. Il a reçu le déclic il y a une vingtaine d’années lors d’une « semaine du film allemand » où il a vu « Le mariage de Maria Braun ». C’est en découvrant ce film qu’il décide de se lancer dans le cinéma. Il a réalisé des séries pour la télé avant de pouvoir tourner « Teeth of love ». « Mon souci principal est l’autofinancement afin d’être indépendant. Financer les films par mon travail me semble plus facile que d’avoir à demander l’argent. Le côté financier ne m’apparaît pas comme le plus important. C’est souvent l’argument des réalisateurs sans talent en Chine. Certains changent même leur style et perdent ainsi un peu de leur personnalité qui a fait leur succès quand ils ont accès à des budgets plus importants*. L’argent vous offre le confort de pouvoir prendre son temps ».

*le meilleur exemple me semble être Zhang Yimou : quel rapport entre le sublime « Sorgho rouge » (1987) et l’insupportable et boursouflé « Cité Interdite » (2007) ?

Kirill Mikhanovsky

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 est né à Moscou. Il a émigré aux Etats-Unis à l’adolescence avec ses parents dans le Wisconsin. Vers 15/16 ans, il voyait 5 à 6 films par jour. Il réalise des courts métrages, travaille comme directeur de la photo, scénariste et monteur sur de nombreux courts métrages. Il rencontre un producteur qui accepte immédiatement son projet. « On a que ce qu’on mérite. Les belles choses sont chères. Il faut mettre le prix pour obtenir ces belles choses qui nécessitent beaucoup d’implication. Un film fait avec très peu d’argent est plus difficile à tourner mais avec plus de moyens, on produit un film différent, pas forcément meilleur. Une équipe de tournage est une armée dont tout le monde souhaite devenir le général."

 A SUIVRE, LES HUIT FILMS DE LA SELECTION ET LE PALMARES...

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