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VALSE AVEC BACHIR

d’Ari Folman *****

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D’emblée on est stupéfait par la beauté des images. Les couleurs sombres et lumineuses, terriblement douces, les ombres et les mouvements, le vent, les vagues… tout concourt à installer une ambiance envoûtante, bouleversante et parfois dérangeante qui ne disparaîtra qu’à la fin du film. On est aussi saisi d’effroi par cette meute de chiens hurlant et bavant qui se ruent sur l’écran comme s’ils allaient le traverser et nous bondir dessus. Il s’agit en fait du cauchemar récurrent d’un ami d’Ari Folman qui est réveillé chaque nuit par cette vision d’enfer. Lors de la première guerre du Liban au début des années 80, cet ami a dû tuer 26 chiens très gênants. Cette mission lui a été confiée car il était incapable de tuer des hommes. En écoutant son ami se confier, Ari s’aperçoit qu’il a complètement occulté cette période où lui aussi était soldat. Cette période douloureuse dont le point culminant est le massacre de Sabra et Shatila, il souhaite aujourd’hui, 20 ans plus tard, s’en souvenir, l’évoquer et savoir quel avait été son rôle précisément lors de la tuerie. C’est ainsi qu’il part à la recherche et à la rencontre des hommes qui avaient comme lui une vingtaine d’années à l’époque et qui furent les témoins de ce carnage perpétré par les phalangistes chrétiens sous le regard inerte d’Israël. Toute la population des deux camps de réfugiés palestiniens à l’ouest de Beyrouth a été massacrée en représailles à l’assassinat de Bachir Gémayel véritable héros (héraut) libanais.

J’espère que le fait de faire de ce film le premier documentaire d’animation de l’histoire du cinéma ne rebutera personne car au-delà du fait qu’il prouve que le cinéma peut encore et toujours inventer et surprendre, il prouve aussi à quel point le cinéma israëlien est inventif et indispensable. Ari Folman fait de son film une réussite en tout point admirable bâti comme un documentaire mais en y intégrant également une dramatisation qui va crescendo, un suspens haletant. Et c’est tout l’art des très grands de réussir à nous captiver sans relâcher l’intérêt un seul instant alors qu’on connaît parfaitement l’issue de l’histoire. Au gré des rencontres et des témoignages, le réalisateur construit son récit en flash-backs tous plus passionnants les uns que les autres tant les protagonistes ont chacun une personnalité forte, attachante et un art indiscutable pour exposer leur vision du drame. La mémoire est dynamique et vivante nous dit-on et plus Ari Folman va creuser profond, plus les souvenirs vont resurgir, le laissant terrassé (et nous avec) devant l’horreur.

Ce film de guerre psychanalytique et limpide qui montre encore et encore à quel point les soldats ont peur, est d’une beauté, d’une force et d’une puissance émotionnelle incomparables.

Ne le ratez pas car c’est un film indispensable et sublime porté par des images, des personnages et une musique inoubliables. Comment manquer cette scène magique d’un soldat valsant en pleine nuit avec les balles qu’il tire en virevoltant au son de Chopin devant un portrait de Bachir ?

Commentaires

  • Totalement d'accord, ce film est une claque visuelle et narrative injustement oublié à Cannes cette année. Le seul bémol pour moi est peur être la trop rapide déculpabilisation de Tsahal face aux massacres, les soldats sont certes traumatisés mais quid des responsabilités de l'armée israélienne qui a sciemment fermée les yeux, à part le petit passage sur Sharon... Mais vraiment un film d'une beauté et d'une force admirable.

  • Même moi qui suis réfractaire au cinéma d'animation ai été totalement envoûtée par ce film visuellement sublime, poignant, percutant. Je ne trouve pas qu'il y ait de déculpabilisation de Tsahal dont la coupable inaction est clairement montrée. Un film à voir absolument.

  • J'avais mis un com' ici, il y a longtemps... Ton blog me l'a exterminé...
    Depuis j'ai vu le film. Une merveille, un chef-d'oeuvre.

  • Ce film est une claque. Sensible, magnifique. J'en ressors à l'instant et je sens qu'il faut que je prenne un peu de temps avant de pouvoir m'exprimer. Bref, un chef d'oeuvre.

  • Ed, Jérôme : oui un chef d'oeuvre (qu'il faut "digérer"), je crois qu'on peut le dire !

  • D'accord pour le thème chef d'œuvre …
    Le fait que ce soir un film d'aniamtion aide à supporter l'insoutenable. C'est aussi une façon subtule de traduire le fait que ce soient des souvenirs.

    Un seul regret, in n'est resté qu'une semaine à l'affiche dans ma ville. Quel &§!!"(ç ce programmateur ! J'ai bien fait de partir du CA !

  • Valse avec Bachir est très beau et très personnel.Je reviendrai chez vous volontiers.

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