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Two lovers de James Gray ****

Two Lovers - Joaquin PhoenixTwo Lovers - Joaquin PhoenixTwo Lovers - Joaquin Phoenix et Vinessa ShawTwo Lovers - Gwyneth Paltrow et Joaquin Phoenix

Leonard se jette dans le canal glacé un triste jour de novembre. Il se laisse couler puis, lorsqu’il touche le fond donne un vigoureux coup de pied et remonte affolé et frigorifié. De sa démarche lourde, affublé de son inommable parka qui ne le quittera pas... il rentre chez lui penaud comme un enfant qui aurait fait une connerie. Une de plus, car Leonard est un récidiviste de la tentative de suicide. Plus tard on apercevra ses avant-bras couturés et on saura qu’il a fait un séjour en hôpital psychiatrique.

Ainsi va la vie de Leonard, un jour il coule, un jour il flotte ; un jour il veut mourir, un jour il veut vivre ! Mais pourquoi ce grand garçon plus que trentenaire vit-il encore chez ses parents affectueux et protecteurs ? Parce qu’il sort d’une déception amoureuse qui l’a brisé. Sa fiancée a rompu ou a été forcée de rompre pour cause de groupe sanguin incompatible, elle aussi sans doute influencée par des parents envahissants.

Et oui, si le film s’appelle bien « Two lovers », on est à des années lumière de la classique comédie romantique américaine et il aurait tout aussi bien pu porter un autre titre : « L’homme qui pleure » ou « L’homme sans âge ». Cet homme c’est Joaquin Phoenix acteur majuscule, désormais alter ego (et c'est tant mieux) du grand James Gray.

Par où commencer quand chaque scène d’un film est un coup au cœur ou un petit miracle esthétique ? Leonard est photographe à ses heures ce qui justifie sans doute que tout le film très hivernal soit plongé dans une lumière mélancolique et littéralement illuminé de plans d’une beauté renversante. Quand la beauté d’un film se voit trop c’est que peut-être elle est trop ostentatoire. Ce n’est pas le cas ici où tout s’harmonise parfois douloureusement autour de ce cœur parfois en hiver.

Mais revenons-en à l’histoire de Leonard. Pour l’aider à reprendre goût à la vie, ses parents lui présentent la jolie, douce, rassurante et parfaite Sandra qui rêve d’un monde idéal (son film culte est « La mélodie du bonheur »). Elle va l’aimer dès la première rencontre. Pratiquement le même jour Leonard croise sa voisine, Michelle qui vient de s’installer dans l’immeuble. Patatra ! Il n’en faut pas plus pour tout remettre en question et que le cœur de Leonard devenu solitaire se remette à battre à tort et à travers, hésitant entre deux filles toutes deux attirantes mais opposées.

Michelle est magnifique, gaie, drôle, dynamique et Leonard en tombe instantanément amoureux. Mais Michelle est aussi paumée et instable que lui. Elle a une liaison avec un homme marié qui promet sans tenir et avec qui elle ne parvient pas à rompre. Leonard accepte d’être son meilleur ami. Il sera toujours là pour elle, dès qu’elle le « sonnera » quitte à souffrir en silence. Pour une fois, le téléphone portable a un rôle essentiel qui devient un véritable moteur de l’histoire et non pas un prétexte pour la faire avancer. La surexcitation avec laquelle Michelle et Leonard échangent leurs numéros est à la fois délicieuse et ridicule, absolument touchante. On dirait deux pré-ados :

-  « tape ton numéro sur mon portable, on s’enverra des SMS !

-   oh oui et moi je mettrai une sonnerie rien que pour toi ! ».

C’est grâce à cette sonnerie qui retentira aux moments les plus inopportuns qu’on saura à quel point Leonard n’est jamais vraiment « là » où il devrait être. Sa relation avec Sandra devient peu à peu officielle. Elle est aveuglée par l’amour qu’elle porte à Leonard, qui lui, ment, se cache pour continuer à voir Michelle tantôt euphorique, tantôt désespérée. Il la retrouve parfois sur le toit de l’immeuble où beaucoup de décisions vont se prendre. Mais les scènes magiques où ils se parlent de la fenêtre de leur chambre respective qui donne dans la cour sont d’un romantisme, d’une beauté inouïs, presqu'enfantines aussi et forcément très évocatrices de la distance qui les sépare. A la fois si proches et si lointains ! Elles ne sont évidemment pas sans évoquer deux chefs-d’œuvre « Fenêtre sur cour » et « West Side Story »…

Bien sûr, James Gray conclut son film mais face aux hésitations multiples, aux innombrables tâtonnements de Leonard, j’y ai plutôt vu moi, une histoire sans fin d’une infinie mélancolie sans réel pessimisme mais avec la certitude que tout n’est pas si simple dès lors que le cœur et la raison entrent en action.

On peut dans ce film retrouver avec bonheur Isabella Rossellini, formidable en mère juive sur-protectrice avec son visage de madone qui ne craint pas de montrer l’âge qu’il a et son nom qui résument à eux seuls une partie de l’histoire du cinéma. On apprécie Vinessa Shaw, à la fois douce, discrète, patiente et infaillible face à l’homme qu’elle aime. On découvre (enfin !) Gwyneth Paltrow dans ce rôle où elle est un véritable soleil qui porte parfois la douleur et la détresse avec une belle intensité.

Mais évidemment, l’astre de ce beau « film malade » (expression qui semble prendre tout son sens ici) c’est Joaquin Phoenix capable dans la même scène d’avoir l’air de l’enfant le plus fragile de la terre puis d’un homme qui aurait vécu mille vies portant sur ses épaules toute la tristesse du monde. Il est magnifique. On comprend parfaitement que dès qu’il l’a vu la première fois à l’écran James Gray ait eu envie de filmer son visage qui est un spectacle à lui seul, attirant, fascinant. Son sourire est séduisant, ses larmes sont déchirantes… et lorsqu’il devient le roi du dance-floor dans une breakdance étonnante, il est irrésistible !

Et comme dit Mademoiselle In The Mood : "un Oscar sinon rien" !

Two Lovers - Joaquin Phoenix

Commentaires

  • j'y vais cet aprem, je te lirai après !

  • Bon ben ataleure ! Et t'oublie pas que t'as une lettre à faire.

  • rassure moi : c'est pas vrai qu'il veut arrêter le ciné Joaquin Phoenix ???

  • T'inquiète, tu sais quel farceur il est... et ce soir, dès qu'il rentre, je lui dis qu'il trouve autre chose pour faire rire.

  • Ici "Mademoiselle in the mood" qui d'ailleurs, 6 mois après avoir vu ce film est encore "in the mood" de celui-ci, j'ai encore sa photographie sublime et sa mélancolie ensorcelante en mémoire . Ce film est sans aucun doute un des meilleurs de l'année. J'aurais plutôt dû dire: un Oscar sinon deux! C'est vrai qu'elle n'est pas drôle du tout sa blague!

  • D'ici peu il FAUDRA effectivement choisir le meilleur de l'année... celui-ci est en bonne place.
    Quand on pense que dans le film, une Sandra est amoureuse de "lui"...

  • Très tentant ! J'avais beaucoup aimé "Little Odessa" et surtout "The Yards"...

  • et rien sur "la nuit nous appartient"???
    Celui-ci n'a rien à voir avec les précédents... quoique si en fait il a tout à voir et surtout la qualité, la perfection !

  • C'te gouinette, je te l'empalerai !! nan mais c'est pas possible de faire ça... bref les femmes sont horribles !




    :)

  • autre titre...: l'homme à la Parka

  • On ne spoile pas, on n'empale pas les gouinettes...

    Les femmes sont merveilleuses.

    Par contre pas mal le titre...
    On lance un concours de titres ?

  • Fenêtres sur cour ?

    ah non déjà pris.

  • Bah 'L'homme sans âge' aussi boubourse !

  • pas encore vu, mais ça ne saurait tarder.

  • Ouille ! Tu te souviens du patacaisse que j'avais fait à l'époque ??? Un ****

  • Tu m'as fait peur avec les bureaux de Dieu, je suis plutôt allée voir celui-ci. Superbe ! Et Joachim !!!

  • Je n'en reviens toujours pas de la prestation de J. Phoenix qui porte bien son nom, puisqu'à la fin de chacun de ses films il semble se réduire en cendres pour mieux renaître la fois d'après sur la pellicule, toujours plus majestueux, toujours plus bouleversant.

    Cependant je n'admettrai jamais la fin du film, mais pourquoi ne fuit-il pas cette vie bien rangée qui l'attend et qui n'est pas faite pour lui ????

    Un film unique, à l'image de son acteur.

  • Oui oui je t'avais bien écouté, mais quand j'ai voulu aller le voir, il ne passait qu'à 23h.
    j'ai réussi à le choper, alors je le regarderai très rapidement.

  • Heu, aïe, heu, comment dire....
    quelle déception !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    heu, voilà, c'est fait.

  • Marine : t'a tout bon.

    Jordane : fonce !

    Marie-net : t'as tout faux, je n'ai dans ce cas que deux mots à te dire DE-HORS !!!

    P.S. : je l'ai RE-vu aujourd'hui moi, deuxième effet kiss cool, la claque !

  • Ok, je sors !
    PS : la claque, ça veut dire que tu t'es rendu compte que c'était décevant ? Ok je sors 2 fois !

  • T'as pas tort sur un point : y'a des claques qui se perdent !

  • je l'ai vu aujourd'hui: j'ai trouvé ce film extrêmement délicat et touchant, loin des mélos et des poncifs. Quant à la prestation de joaquin phoenix, elle est exceptionnelle! je n'avais jamais remarqué que c'était un acteur aussi époustouflant!

  • Je ne suis pas un grand fana de mélodrames, mais celui-ci est vraiment très réussi. Les acteurs sont tous formidables, la mise en scène et la lumière sont totalement maitrisées. Bref, vraiment un grand film de cette année, et surement l'un eds meilleurs mélos depuis longtemps !

  • Oui, c'est ça, un mélo comme on n'en fait plus.
    Tu peux revenir aussi :-)

  • Oui, je sais, j'ai toujours trois wagons de retard :-)
    A ma décharge, je suis vraiment en train de fondre pour ce film (entre deuxième et troisième vision)... Et évidemment, la fonte, c'est lent !

  • Oui je sais que tu as le cerveau lent.
    Je ne l'ai vu que deux fois moi !

  • j'en pleure encore...
    superbe !!!

  • @ pascale
    je viens de lire ta critique... et je jure ne pas m'en être inspiré !!!
    on a rarement été aussi proche dans ce qu'on écrit

  • Avis partagé, très très beau film !

  • je l'adore !
    enfin, non, c'est different : il me fascine .
    depuis son premier film, "Prête à tout", où on ne voyait que lui .
    D'ailleurs il aurait du avoir l'Osacr pour Johnny Cash ( et non pas Reese !! quelle injustice )

    Le seul qui m'a fait le même choc : le "Motorcycle Boy" dans Rambling Fish . Mickey Rourke .

  • On ne voit que lui à chaque fois !

  • Dramatique histoire d'amour contrariée

  • J'apprécie votre critique. Je ne me lasse pas de revoir ce film en ce moment, quelles que soient les scènes ; parfois je mets le DVD juste pour retrouver un visage, une seule scène, une attitude !
    Les cadrages et la lumière sombre et cuivrée sont effectivement très beaux. On peut ajouter que c'est également un film sur New-York. Les lieux, emblématiques sans être spectaculaires, les espaces de circulation qui n'apparaissent pas comme de simples décors mais donnent le sentiment d'être réellement traversés par les personnages, la particularité du quartier avec ses immeubles à cour intérieure, la description discrète d'un petit milieu juif modeste, tout cela montre une ville très vivante.

  • Cary Grant ici ? Quel bonheur !
    En tout cas ça me donne envie de revoir ces Two Lovers !

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