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JOHNNY MAD DOG

de Jean-Stéphane Sauvaire ***

johnny mad dog,cinéma

Le quotidien d’un groupe d’enfants soldats au Liberia qui fut ravagé par une guerre civile de 1990 à 2003.

Dès la scène d’ouverture, on sursaute. Un groupe de sauvages armés jusqu’aux dents pénètre violemment dans des maisons. Ils forcent tous les habitants à sortir de chez eux, les frappent, en tuent certains. Ils hurlent, éructent plutôt des ordres incohérents, menacent ! Ils isolent un jeune garçon d’une dizaine d’années, lui collent un fusil entre les mains et lui ordonnent de choisir entre tuer son père à genoux devant lui ou se faire tuer lui-même. L’enfant appuie sur la gâchette. On est cloué sur place. Tout se passe dans la plus grande confusion, au milieu de hurlements et d’agitation. Rapidement on constate que le groupe armé est aussi un groupe d’enfants de 10 à 15 ans environ qui sont formés pour tuer par des adultes minables, misérables, véritables ordures qui les embrigadent, les endoctrinent, se faisant appeler « général », leur inculquant un entraînement « à la G.I », leur promettant que les balles vont se transformer en gouttes d’eau sur eux, les assurant qu’ils sont invincibles. Ils les envoient au combat en première ligne, drogués, saoûlés, affamés… Ces gosses complètement sous influence, parfois fascinés par leur chef n’ont plus que le choix de tuer pour une cause qu’ils ne comprennent pas et qui peut varier d’un jour à l’autre.

Le réalisateur accorde peu de temps de répit au spectateur et prend le parti de l’immerger complètement dans la violence quotidienne. Il maintient une tension quasi permanente en ne prenant aucune distance avec une réalité que le choix des jeunes acteurs (dont la plupart sont d’anciens enfants soldats démobilisés choisis dans les ghettos de Monravia capitale du pays en reconstruction) rend plus authentique encore. On est pétrifié de voir ces jeunes garçons au regard à la fois durs et perdus et comme affolés accomplir ces meurtres, ces viols, ces pillages. On est ému et troublé de découvrir la part d’enfance qui parvient à résister en eux malgré les horreurs qu’ils commettent. La plupart se déguisent, arborent des colliers porte-bonheur, un autre ne quitte pas sa poupée, un autre encore a des ailes accrochées dans le dos. Ils choisissent des noms de guerre : Johnny Mad Dog (le jeune Christopher Minie est époustouflant), Butterfly, No Good Advice, Small Devil… et en oublient leurs véritables noms.

A la périphérie de cette réalité d’agressivité et de brutalité, on suit Laokolé, une jeune adolescente qui tente de s’en sortir en étudiant à l’école. Au milieu du fracas, du bruit des armes qui la terrifie, déterminée et sans verser une larme, elle tentera de sauver son petit frère et son père. Elle avancera au milieu du chaos et essaiera d’expliquer à Johnny qui l’a remarquée et qui lui déclare « je peux avoir toutes les femmes que je veux » la différence entre aimer et violer. Et après ce qu’elle a traversé, on se demandera comment elle peut y croire encore !

Le film de Jean-Stéphane Sauvaire est un nouveau coup de poing qui chahute et maltraite le spectateur, mais hélas, il dépeint une réalité encore bien d’actualité puisque « l'ONU estime à environ 300.000 le nombre d'enfants soldats en activité, dans une douzaine de pays : Afghanistan, Colombie, République Démocratique du Congo, Ouganda, Tchad, Birmanie, Philipines, Sri Lanka »…

 

La fondation Johnny Mad Dog

« Cette fondation est née avec la volonté d'apporter un encadrement et un suivi aux enfants acteurs du film. Une quinzaine d'enfants, entre douze et dix sept ans, ont été pris en charge pendant un an pour être formés au métier d'acteur, de juin 2006 à mai 2007, date de fin du tournage. Depuis, la fondation a mis en place un programme pédagogique à Monrovia, géré par un éducateur, axé autour de leur éducation et leur santé, avec pour mission de les aider dans leur vie quotidienne et de développer avec eux, à plus long terme, leurs projets personnels. Sa volonté est d'élargir son action aux jeunes libériens victimes de 14 ans de guerre civile en développant des programmes éducatifs et culturels comme moyen de réinsertion ».

Commentaires

  • Trop fort le http://www.cinemapassions.net

  • Pourquoi y'a toujours de la musique classique dans les films de guerre ?

  • Ed : dans celui-ci pas de musique classique il me semble !

  • Ah ! je confonds peut-être avec un autre film de guerre, mais j'ai vu une BA avec de la musique pour laquelle Ludwig n'aura encore pas de césar. Comme Coppola et son apocalypse...

  • Décidément tu ne lui pardonneras jamais...

    Mais ici justement, rien pour attirer le chaland même pas un ptit coup d'archer bien placé. Pas de morts au ralenti il me semble non plus.

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