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A TOUCH OF SIN de Jia Zhang-Ke ***(*)

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En Chine de nos jours. 4 personnages, 4 destins, 4 "pétages" de plomb en règle.

Dahai est mineur, il tente de réveiller ses collègues face à l'exploitation dont ils font l'objet et surtout de leur ouvrir les yeux devant l'injustice. Leur patron a fait fortune au point de pouvoir s'offrir un jet privé tandis qu'ils végètent dans une sombre misère. Devant l'intertie de ses camarades, il va passer à l'action, seul et exterminer sans discernement tous ceux qui se trouveront sur son passage avant d'atteindre le dirigeant de la mine.

San'er, un travailleur migrant ne se déplace pas sans son arme à feu. Il a choisi la voix de la délinquance pour subvenir aux besoins de sa femme et de son fils. Mieux vaut ne pas se trouver sur son chemin lorsqu'il décide d'agir.

Xiao Hu est hôtesse d'accueil dans un endroit improbable où l'on vous propose à l'entrée : une chambre, un sauna ou les deux. Des messieurs plus ou moins jeunes mais tous riches peuvent s'offrir les faveurs de jeunes, parfois très jeunes et jolies jeunes filles. Par ailleurs amoureuse d'un homme marié, elle sera l'objet de la vengeance de la femme jalouse mais aussi la victime d'une tentative de viol. Sa réaction la fera évidemment plonger dans la violence.

Et enfin Xia Hu, adolescent qui passe d'un emploi précaire à l'autre dans des conditions de plus en plus déplorables et amoureux d'une prostituée incapable de lui rendre son amour, retournera sa violence de la façon la plus inattendue qui soit.

Le réalisateur dresse un constat peu élogieux de son pays. Et l'on comprend aisément que ce film ne sorte pas en Chine. On a parfois l'impression dans ce qu'il nous décrit d'être au moyen-âge tant l'être humain est ici corvéable, tant les disparités entre les riches très très riches et les pauvres très très pauvres sont profondes, tant les conditions de vie sont lamentables. Mais quelques signes, dont les portables, prouvent que cette misère et cette violence qui en découle sont contemporaines. L'absence d'Etat qui paradoxalement semble tout contrôler, l'absence de religion où l'on peut se réfugier dans l'adversité, les rapports entre les êtres, froids, distants, malveillants sont surprenants.

Les jeunes ne peuvent pas davantage compter sur leurs parents et deux scènes douloureuses en témoignent. Les mères de Xiao et Xia n'écoutent pas l'appel et la détresse de leurs enfants. Des scènes incongrues comme le défilé de ces jeunes prostituées en costume de l'Armée manifestent l'ironie ou le poids persistant du passé. On ne sait pas vraiment.

Tout dans ce film est surprenant et laisse KO.

La violence dans laquelle se précipite chaque personnage est stupéfiante.

Je ne veux pas faire la fine bouche ou jouer la Raymonde la Science qui s'y connaît (si je savais écrire un scenario, j'en écrirais un pour B.B., un biopic (oui je sais, c'est mal) sur Pier Paolo Pasolini !) mais pour ce que cet excellent film devienne un GRAND film, il aurait fallu que Jia Zhang-Ke (qui nous avait déjà fichu une baffe avec son très beau, très fort, très dur Still Life) travaille un peu plus son scenario et réussisse à faire un lien entre les différentes histoires, les différents personnages. Présenter ainsi il est plutôt un film à sketches ou quatre courts métrages mis bout à bout. Ce n'est pas un gros mot mais c'est tellement virtuose qu'on en attend encore plus. En tout cas, je connais des gens étranges hermétiques au cinéma asiatique alors que c'est certainement un de mes préférés, mais ce film est sans doute le film chinois le plus accessible tant il aborde le concret, le quotidien, le vital !

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