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BORGMAN d'Alex Van Warmerdam *** - FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY 2015

MENSONGES ET MANIPULATION - Pays-Bas

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avec : Jan Bijvoet, Hadewych Minis, Jeroen Perceval, Alex Van Warmerdam, Tom Dewispelaere

Synopsis : Tout droit sorti de terre en pleine forêt, Camiel Borgman, un homme à l’apparence de SDF, se présente à la porte de la maison d’un couple bourgeois d’un chic quartier résidentiel pour s’y installer. Renvoyé violemment par le propriétaire des lieux, l’homme mystérieux voit néanmoins sa requête acceptée lorsque la maîtresse de maison, compatissante, lui offre secrètement l’asile. Désormais installé sous le toit de cette famille aisée qui abrite également trois enfants et une jeune nounou, l’inconnu dévoile des dons mystérieux qui hantent discrètement la résidence. Tandis que la relation du couple propriétaire s’envenime de plus en plus, Borgman prend peu à peu le contrôle méthodique des lieux et de ses habitants...

Ce film est un ovni unique en son genre qu'il faut avoir vu pour se faire une opinion tant il est LE film qui fait parler et réagir.

J'ai doctement reçu une explication de texte du film à laquelle je n'ai strictement et à aucun moment de la projection pensé. Elle n'est certes pas indigne d'intérêt mais elle a été livrée de manière tellement antipathique et péremptoire "comment tu n'as pas compris ça, mais c'est évident ?.. C'est une métaphore filée !!!... y'a des indices dès la première image !"... et j'en passe, que je préfère en rester à ma vision premier degré qui m'a quand même ravie et bousculée.

Je préfère aussi reprendre les propos du réalisateur qui a lui, l'intelligence, contrairement à certains cinéphiles qui ont inventé le cinéma (excusez-moi mais je me marre sous cape) de laisser au spectateur son interprétation et sa vision du mal (mâle ???) : 

"J'ai voulu montrer comment le mal se glisse dans le quotidien, comment il s'incarne dans des hommes et des femmes ordinaires, normaux, bien élevés, qui sont heureux et fiers d'accomplir leurs tâches, en portant une implacable attention aux détails. Je voulais montrer qu'on ne fait pas le mal seulement par de froides nuits d'hiver, mais aussi sous la chaleur d'un soleil bienfaisant, dans l'optimisme de l'été. Je voulais montrer qu'un homme comme Borgman, perpétuellement insaisissable, est capable d'inspirer à une femme un désir si obsédant qu'il va la laisser complètement démunie. Borgman est plus sombre que mes précédents films car je voulais aller plus loin. J'ai eu envie de plonger dans une région obscure et inconnue de mon imagination pour voir ce que j'y trouverais. Je voulais aussi faire un film très ouvert à l'interprétation, qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Je crois que Borgman est un film intense."

Donc Borgman secoue et d'ailleurs à l'issue de la séance et alors que PERSONNE n'a quitté la salle ce qui arrive parfois et est la liberté de chacun, il s'est passé des choses à la fois risibles et vraiment désagréables. Certains spectateurs ont commencé à applaudir (le film plaît beaucoup aux jeunes) et d'autres les en ont empêché. Il semblerait donc que ceux qui aiment soient plus intelligents que ceux qui n'aiment pas car les applaudissements ont cessé. Mais le pire c'est qu'à la sortie de la salle un couple de vieux bourgeois peinturluré s'en est pris de façon très agressive à une pauvre bénévole qui était pétrifiée sur place par tant de violence verbale. Il criait que c'était une aberration ce genre de films, que les programmateurs ne l'avaient sans doute pas vu pour programmer une telle insanité, et que c'était inadmissible et j'en passe. Nous étions plusieurs à leur dire qu'ils auraient pu sortir avant la fin et qu'au fond il ne s'agissait QUE d'un film... même si évidemment un film n'est pas rien.

En tout cas Borgman est un film passionnant, foisonnant, parfois dérangeant, parfois drôle, parfois violent et toujours intrigant. Le gros reproche que je ferai au réalisateur est de ne pas réussir à conclure suffisamment tôt son histoire dont on se demande vraiment et à juste titre comment il va la dénouer. A ce titre je suis un peu déçue de l'épilogue. Il n'en reste pas moins une œuvre qui imprime durablement la rétine et l'esprit. Pas de quoi agresser son prochain néanmoins.

La scène d'ouverture est un modèle d'efficacité, de drôlerie, d'action, de surprises et d'interpellation. Le reste est souvent à l'avenant. J'ai particulièrement apprécié le jeu virevoltant des ombres et des personnages qui se glissent à l'intérieur de la grande maison bourgeoise, véritable bunker anti intrusion et pourtant..

Les acteurs, aussi barrés que leur réalisateur qui fait d'ailleurs partie du casting, se sont embarqués dans ce bazar foutraque mais parfaitement organisé et sont vraiment excellents. Mention spéciale à Jan Bijvoet, déjà croisé dans le bouleversant Alabama Monroe et qui passe avec une aisance déconcertante du statut de SDF à celui de séducteur irrésistible et Hadewych Minis d'une beauté troublante.

PS. : les enfants blonds font bien flipper... mais chut !

Commentaires

  • Mais qu'est-ce qu'ils font dans une salle de cinéma ces gens-là, s'ils ne veulent pas voir ce qui dépasse de leur petit univers ? Il va sortir bientôt ce film là ?

  • Il est sorti la semaine dernière je crois.
    Ne pas aimer c'est une chose, vouloir imposer son point de vue et agresser l'ouvreuse... c'est n'imp'

  • La semaine dernière? Ah ben non, le film est sorti il y a plus d'un an, en novembre 2013!
    Je me souviens que j'avais hésité, sans oser me laisser tenter.

    Expérience troublante, voire déconcertante, mais intéressante.
    J'ai point vu de métaphore non plus, mais ça m'allait bien comme ça!
    Et tant mieux si le film ne laisse personne indifférent.

  • Ah ben chez moi, il n'était à l'affiche que la semaine dernière...
    On a BIEN FAIT d'y aller moi j'dis, persiste, signe et m'en félicite.

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