Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION

d'Anne Fontaine **(*)

3256773_jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Avec Finnegan Oldfield, Jules Porier, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne, Catherine Mouchet, Isabelle Huppert

Marvin Bijou vit une enfance et une adolescence en enfer. Dans son village des Vosges, entre la violence verbale de son père, la violence physique de son frère, l'indifférence de sa mère et le harcèlement dont il est victime à l'école, il n'est entouré que de bêtise et d'incompréhension.

Son homosexualité se révèle peu à peu à lui, la honte pour la famille, les moqueries faciles et plus de la part des garçons de son âge tellement imbus de leur supériorité masculine. Jusqu'à ce qu'une Principale de collège particulièrement attentive décèle en lui des aptitudes pour le théâtre qui vont le révéler à lui-même et lui permettre de s'épanouir tout en échappant à son milieu. Devenu jeune adulte, Marvin Bijou deviendra Martin Clément en hommage à cette femme bienveillante. Il écrira un livre témoignage et créera un one man show à propos de cette enfance catastrophique.

J'avais beaucoup aimé le livre très éprouvant et émouvant d'Edouard Louis En finir avec Eddy Bellegueule dont ce film s'inspire. Le film me laisse plus perplexe. La réalisatrice change plusieurs choses. D'abord le nom, Edouard Louis s'appelle réellement Eddy Bellegueule et je trouve que ce titre En finir avec Eddy Bellegueule a plus de force que ce Marvin ou la belle éducation. La réalisatrice a-t-elle voulu faire un clin d'œil à Rousseau et son Emile ou De l'éducation ? Ensuite la région. Sans doute pour ne pas une fois encore stigmatiser Les Hauts de France, elle situe l'action à Xertigny au fin fond des Vosges. Mais ici comme à Amiens, les pédés font un peu taches dans le paysage.

Il se trouve que je suis originaire du Nord et que je vis présentement à la lisière des Vosges. Je ne peux témoigner de ce qui se passe dans les autres régions, mais je peux affirmer que les beaufs bas de plafond qui veulent des frites et du pastis à chaque repas, qui vivent la télé allumée et ont un avis tranché sur tout, existent et ne font pas dans la nuance. De là à dire que tous les gens du nord ou de l'est sont des crétins des alpes !!!

La nuance justement. Parlons-en ! La réalisatrice scinde l'humanité en deux catégories distinctes. D'un côté les prolos paresseux, incultes où les hommes vivent des allocations et les femmes sont de bonnes pondeuses grassouillettes qui restent à la maison en se désolant sur leur sort. De l'autre les homosexuels raffinés, cultivés et généreux. Seule Catherine Mouchet (magnifique actrice que j'aime d'amour) en Principale de collège échappe à cette catégorie, mais là encore son personnage surprend. Elle surgit miraculeusement et à point nommé à plusieurs reprises telle une apparition, toujours sanglée dans le même petit costume de chef d'établissement, tailleur pantalon sombre et chemisier blanc. 

Quant à l'alternance de flash-backs et de scènes actuelles, elles finissent par être lassantes. Sauf lorsque l'on voit Martin/Marvin enfant, on ne sait pas toujours à quel moment se situe l'action. Cela oblige à quelques mises au point superflues. Ah oui donc, là c'était avant, il ne connaissait pas encore un tel... Bon, rien de catastrophique mais vraiment inutile.

Plutôt que du film qui repose sur les seules dichotomies homos/cultivés altruistes, délicats - prolos/incultes homophobes, violents, je préfère m'attarder sur le casting et l'interprétation qui là volent vraiment très très haut.

Les deux Marvin, Finnegan Oldfield (la plus belle découverte de jeune acteur français de ces dernières années) et Jules Porier sont déroutants de justesse et d'intensité parfois douloureuse. Les scènes de théâtre qu'ils ont à interpréter sont vraiment formidables. La belle affiche dont j'ai mis du temps à repérer le portrait en miroir témoigne de leur douceur et de leur douleur aussi je trouve.

Catherine Mouchet est parfaite même si son rôle est caricatural. Mais rien que sa voix est un voyage.
Là où je tombe de haut c'est de pouvoir dire que Grégory Gadebois et Vincent Macaigne (Mac Caigne comme je l'entends souvent appeler) m'ont fait forte impression par leur interprétation subtile. Le premier qui éructe ou aboie plus qu'il ne parle ici, m'a touchée par sa maladresse et sa tendresse ensevelies sous la bêtise. Le second qui pour l'occasion s'est lavé et coupé les cheveux forcément les homos se lavent et sentent bon... est vraiment juste en aîné bienveillant de Marvin qui a dû subir les mêmes brimades quelques années auparavant.

Citons encore Isabelle Huppert qui en deux scènes bouffe l'écran par sa présence, sa voix, son intelligence. Une évidence.

Commentaires

  • Je comprends ton avis, pourtant je l'ai trouvé finalement relativement subtile car aussi bas de plafond qu'on les pense au début, ses parents se montrent tout de même humains et compréhensifs ( bon le frère est un irréductible débile en revanche). Après il y a des longueurs et c'est ce qui m'a le plus dérangé, surtout sur la fin :)
    Je n'ai pas lu le roman, j'aurais pê été moins indulgente !
    Belle journée !

  • Le rattrapage de la fin fait un peu "passage obligé" pour ne pas trop appuyer sur le mépris de classe pourtant bien réel, quoique peut-être un peu moindre que chez Guillaume Gallienne et sa Marilyne...

  • Maryline s'est fait démonter dans la plupart des articles que j'ai lu, ça me fait de la peine pour GG !

  • ça ne me fait pas de peine car il s'est vraiment foutu de nous je trouve. Quelle prétention !

Écrire un commentaire

Optionnel