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JULIETA de Pedro Almodovar ***(*)

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Avec Emma Suàrez, Adriana Ugarte, Daniel Grao

Synopsis : Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vue depuis des années.

Un film de Pedro c'est comme un film de Woody, on l'attend... enfin, je l'attends, je l'espère, je le compare au précédent tout en me disant que quoiqu'il en soit, un film de Pedro sera toujours supérieur... et blablabla. Alors forcément puisque Pedro est reparti bredouille de Cannes pour Tout sur ma mère (sommet almodovarien), Parle avec elle, Etreintes brisées et La Piel que habito, il est logique que cette Julieta ne reparte pas palmée et pourtant...

 

Après ses espagnolades échevelées, ses mélos foudroyants, ses farces délirantes, Pedro revient au mélo mais comme s'il avait peur d'en faire trop et c'est vrai que le cinéphile peut se montrer injuste et exigeant et que la barrière est parfois ténue entre l'émotion et le chantage à..., il bride constamment l'émotion et alors qu'on devrait sortir en larmes de la salle... elles ne franchissent pas la barre des paupières. Quel dommage ! J'avais pourtant prévu mes kleenex et tout dans cette histoire aurait permis d'inonder la salle, mais Pedro se fait incompréhensiblement sobre. Au moins ne peut-on lui reprocher de céder au pathos

 

Néanmoins il est impressionnant que pour son fracassant final/générique il réussisse à clouer une salle comble à son fauteuil. Plus personne ne bouge, plus personne ne respire. Tout le monde écoute, et derrière cette voiture qui roule  dans un paysage aux routes sinueuses, se prend à imaginer la suite... Pedro préfère une fin ouverte plutôt que comme dans La Piel que habito nous jeter dans les bras de son héroïne !

 

Mais comment résister à ça :

 

 

Pedro a de toute façon le chic pour nous anéantir en nous étourdissant d'amour ... :

 

 

A nouveau il parle des femmes. Les deux hommes de l'histoire sont beaux et indispensables mais c'est quand même une histoire de femmes, de mères et de filles surtout mais pas uniquement... Un des hommes aura cependant l'une des plus belles répliques du film "merci de ne pas me laisser vieillir seul..." soupir profond, l'autre disparaîtra et cette disparition sera à l'origine de l'effondrement de Julieta. Mais je n'en dis pas trop.

 

Julieta est l'histoire d'une mère qui s'effondre et de sa fille qui la tient à bout de bras des années durant, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Alors la mère s'écroule à nouveau, inconsolable. Et puis refait surface, décide de reprendre sa vie en main en évacuant le passé, brutalement. Julieta agit et réagit par à-coups. Mais le passé implacable dont on ne peut se débarrasser ainsi, resurgit abruptement et Julieta une fois de plus se sent puis se laisse à nouveau sombrer, accablée de culpabilité hélas.

 

Et Pedro le Grand traite cette histoire de famille, ce grand drame filial et féminin comme un mystérieux puzzle que l'on reconstitue et où l'on découvre peu à peu que tout s'enchaîne inéluctablement et que tout aurait été différent si... Dans le compartiment d'un train, pour échapper au regard insistant d'un homme, une jeune femme quitte le compartiment et en rencontre un autre. Ainsi va la vie, des rencontres qui tiennent à presque rien et la déterminent toute entière.

 

Le cœur battant on accompagne Julieta dans ses bonheurs, sa dérive puis sa quête, de sa jeunesse à son âge mûr. Et Pedro trouve une astuce formidable pour passer d'un âge de la vie de Julieta à l'autre et dans le même plan change d'actrice...


Adriana Uarte et Emma Suarez, magnifiques, sont filmées amoureusement comme seul cet amoureux des femmes sait le faire et sa muse Rossi de Palma est toujours aussi épatante, ici dans un rôle de composition.

 

Et finalement, les jours passent et une envie s'impose : revoir Julieta.

 

Commentaires

  • Lire ton article avec les musiques que tu proposes ... m'a plongé déjà un peu dans le film.
    Aaaah Pedro on pourrrait en dire .. une chose est sure j'ai envie de courir voir ce film à présent.
    Merci de ce joli article

  • Au niveau musique il est au top Pedro...
    et pour le reste aussi. J'espère que tu aimeras.

  • Bonsoir Pascale, je souscris à ce que tu écris. Ce film m'a réconcilié avec Pedro. Les actrices sont belles et très bien filmées. Un bonheur. Bonne soirée.

  • Bonjour. Du grand Pedro en effet, mais un peu différent quand même.

  • Je n'avais pas vu ses deux derniers films, là, j'ai retrouvé ce qui me séduit chez lui, même s'il est plus sobre. L'histoire, les actrices, les rebondissements, j'ai tout aimé. Un vrai bon moment de cinéma (pourquoi une étoile entre parenthèses ?). Et j'irais bien passer quelques jours dans les Pyrénées là où sa fille a disparu ... mais seulement pour le décor, pas pour me faire monter le bourrichon !

  • 3 c'est pas assez... et 4 c'est trop (j'ai pas pleuré :-))
    La Piel que habito est vraiment bon mais un peu... effrayant.
    Mais le truc dans l'avion... hum hum ! Faut être indulgent.
    Y'a pas que dans les Pyrénées qu'on peut se faire "monter le bourrichon" :-)
    Mais il est vrai qu'elle est belle cette route sinueuse.

  • Certes, Almodovar n'a jamais eu de Palme (et c'est vrai qu'il en mériterait une depuis le temps !) mais il a déjà eu des récompenses cannoises :p
    J'ai bien aimé ce Julieta, très bien mis en scène, soigné esthétiquement, très bien interprété, une écriture également remarquable et extrêmement riche. Après je l'ai trouvé un peu trop explicatif, on perd un peu en émotion.

  • C'est tout à fait vrai, l'émotion manque.
    Quel sont les idiots qui ne lui a pas donné la palme pourTout sur ma mère ou Parle avec elle ?

  • Tout sur ma mère (prix de la mise en scène) battu par Rosetta (le président du jury était Cronenberg). Ooooh j'étais persuadée que Parle avec elle était passé par la case Cannes, oops, je m'aperçois que non (et quelle erreur !).

  • Quelle honte ! Va te cacher !

    J'aurais inversé : Palme à Pedro et Prix de la Mise aux Frérots... mais je ne suis pas Cro.

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