de Na Hong-Jin ***(*)

Avec : Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee

Jong-gu, policier coréen est réveillé très tôt par son supérieur car un meurtre vient d'être commis dans le village.

Il vit avec sa femme et sa fille chérie, ainsi que sa belle-mère qui lui recommande de ne pas partir le ventre vide. Malgré l'urgence de la situation, Jong-gu, déjà bien grassouillet, prend le temps de faire un copieux repas. Arrivé sur les lieux du crime, la situation est étrange. Des femmes hurlent, des gens courent en tous sens, un homme couvert de sang est hébété. Tout le monde est très agité et l'on comprend rapidement que la police n'est pas à la hauteur de l'événement. Un vieux japonais vit en ermite à proximité du village et devient instantanément le coupable idéal. Mais Jong-gu relève peu à peu le caractère surnaturel des crimes qui se multiplient et va même lorsque sa propre famille est touchée dévoiler des compétences insoupçonnées jusque là.

Ainsi que je l'ai lu récemment à propos de ce film, je ne me souviens plus sous quelle plume (que celui ou celle qui la tenait m'en excuse), rien ne nous préparait à un tel choc cinématographique ! Le cinéaste semble s'égarer mais finalement disons plutôt qu'il s'aventure comme un fou avec raison et talent. En effet, pourquoi cantonner un film à UN unique genre ? Pourquoi une chronique familiale ne pourrait-elle pas s'inscrire dans une enquête policière, dans un contexte social précis tout en y incluant un étrange virus qui transforme plus ou moins les gens en zombies, y ajouter des présences maléfiques et j'en passe ? Prendre des virages à 180°, changer de registre etc...

Bref, Na Hong-Jin, déjà responsable de l'épuisant The Chaser, n'épargne pas son spectateur. Il le maintient fixé à son siège près de deux heures trente durant, et le plonge sans ménagement au cœur d'une éprouvante descente vers les ténèbres. On en sort complètement rincé après avoir notamment subi un exorcisme en temps réel et on souhaite à la petite fille, qui renverrait presque (j'ai bien dit presque...) Regan MacNeil à ses jeux de bac à sable, d'avoir bénéficié d'un solide soutien psychologique pour les scènes qu'elle a eu à tourner...

The strangers est un film effrayant, angoissant, mais parfois drôle aussi. Les personnages, surtout celui du flic, évolue de façon incroyable. On s'y attache. Il y a des scènes gore terribles, du sang qui gicle, des os qui craquent, une fille aux longs cheveux noirs qui rode la nuit, un vieux monsieur à l'air tantôt innocent tantôt inquiétant, un exorciste un peu bouffon et j'en oublie sans doute.

Le réalisateur nous manipule et conclut son tour de manège infernal en une pirouette finale à la toute dernière image. Ce n'est ni un film familial ni grand public mais, tellement déroutant qu'on en redemande !