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LES ASSASSINS DE L'ORDRE

 

(LUMIÈRE 2016) 

de Marcel Carné ***

France, Italie , 1971

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Avec : Jacques Brel (le juge Bernard Level), Catherine Rouvel (Danielle Lebègue), Paola Pitagora (Laura), Roland Lesaffre (Michel Saugeat

Rétrospective Marcel Carné

Le Quai des brumes, Hôtel du Nord, Les Enfants du paradis... Marcel Carné a offert au cinéma quelques-unes de ses plus belles réussites et inventé avec Jacques Prévert le réalisme poétique. Une filmographie où l’on croise Jean Gabin, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Arletty, Simone Signoret, puis dans une seconde partie - à redécouvrir -, Jacques Brel, Annie Girardot ou Maurice Ronet.

Synopsis : Un homme, soupçonné d’avoir cambriolé le garage où il travaille, décède lors de son interrogatoire. Sa veuve dépose plainte. Le juge Level (Jacques Brel) est saisi de l’affaire, qui s’apparente fortement à une grave bavure policière. Dès lors, il va subir de nombreuses pressions…

Incroyable film militant très peu vu et pas diffusé à la télé ces Assassins de l'ordre résonnent aujourd'hui d'une terrible et hélas encore brûlante actualité. On parle encore beaucoup aujourd'hui de violences policières et de l'indulgence dont bénéficient les responsables. Elles ne datent pas d'aujourd'hui et ce film témoigne de la difficulté d'être un juge au-dessus de tout soupçon et à quel point il peut être risqué de s'opposer aux forces de l'ordre. Carné n'épargne personne et les petits arrangements ou collusions entre l'Etat, la Justice et la Police sont traités avec infiniment de justesse et de subtilité.

Incroyable aussi que ce film ait été boudé à l'époque. Marcel Carné était considéré comme un réalisateur has been alors que le grand écart entre un tel brûlot et Les enfants du Paradis par exemple démontre à quel point le réalisateur a su se renouveler jusqu'au bout.

Jacques Brel en justicier idéaliste trouve un rôle en or. Autour de lui, Michael Lonsdale est sournois et mielleux, Charles Denner tonitruant et sûr de lui et Catherine Rouvel sublime pute au grand cœur, intelligente et lumineuse.

Un grand film, passionnant qui maintient son suspens et son dénouement jusqu'à la dernière minute. Mais ce doit être parce que je suis idéaliste aussi...

Extraits du Catalogue :

«Grâce à Carné ressuscité, un film qui dénonce le système.» Voilà donc comment Jean-Louis Bory introduit sa critique des Assassins de l’ordre dans Le Nouvel Observateur (10 mai 1971). Un sous-titre qui en dit long sur le traitement critique de Carné après la guerre, car, malgré un papier positif, le cinéaste est encore "légèrement" rudoyé… «Je note, à ce détour, que si Les Assassins de l’ordre nous arrivait agrémenté d’une signature américaine, nous pousserions des cris de joie et glapirions en chœur : « Ah ! ces Américains ! Vive l’Amérique ! Ce n’est pas en France que… » Et bien ! justement : Les Assassins de l’ordre est un film français et ce n’est pas un jeune Savonarole de la caméra contestataire qui l’a tourné mais un ancien champion du cinéma d’avant la guerre, dit de "qualité française". Comme quoi il ne faut jamais désespérer.» Deuxième charge.

 

Adapté du livre du chroniqueur judiciaire Jean Laborde, Les Assassins de l’ordre est dans la lignée des films politiques et polémiques du moment comme ceux d'André Cayatte, d'Yves Boisset ou de Costa-Gavras. Carné traite avec tact et lucidité du bras de fer entre police et justice, entre la force et le droit. Un film militant où tous les comédiens sont justes (Jacques Brel est saisissant) et la réalisation, sobre, pleinement au service de son sujet. «En brave ancien combattant de la gauche, Carné rêve. Il rêve de générations conciliées : le père et le fils du même côté de la barricade – et c’est le père qui va rejoindre le fils. Il rêve aussi, Carné, d’une justice qui ne défendrait plus, en solidarité avec la police, une certaine classe, mais l’homme. C’est parce que Carné rêve à voix haute que Les Assassins de l’ordre nous touche.» (Jean-Louis Bory). Carné signe là son antépénultième film et signale avec force que le réalisateur du Quai des brumes et des Enfants du paradis a été enterré un peu trop vite.

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