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UNE VIE

 de Stéphane Brizé***

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Avec Judith Chemla, Swann Arlaud, Finnegan Oldfield Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau, Nina Meurisse

Synopsis : Normandie, 1819. A peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, il se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors peu à peu à s’envoler.

Non seulement ce film ne ressemble pas à ce que Stéphane Brizé jusque là très ancré dans la réalité sociale contemporaine a fait, mais aussi ne ressemble-t-il à aucun autre tant les partis pris de réalisation ont de quoi surprendre et hélas surtout parfois agacer. Mais... le réalisateur a réussi jusqu'au bout à me récupérer par de brusques changements de ton ou l'arrivée de nouveaux acteurs/personnages. Notamment celle de Finnegan Oldfield qui n'apparaît que dans le dernier tiers et pour une brève partie mais qui décidément s'empare de l'écran à chaque apparition et dans chacun de ses films.

 

C'est un film différent car dès la première scène très longue... où l'on voit Jeanne et son père (Darroussin craquant) s'occuper loooonguement du potager tandis qu'une voix off, celle de Jeanne explique non pas ce qu'on voit (merci Stéphane) mais retranscrit son éducation, évoque sa culture. Bref, on comprend que Jeanne est fraîche émoulue du couvent, qu'elle n'y connaît rien à la vie et encore moins à l'amour mais que sous sa frêle carapace d'oiselle un cœur ne demande qu'à vibrer. Et forcément lorsque le voisin se présente sous les traits follement doux et romantiques de Swann Arlaud, la belle ne résiste pas. Mais dès la nuit de noces on comprend que le garçon n'a que faire de la sensibilité, de l'inexpérience et de la délicatesse de son épouse.

 

Stéphane Brizé filme le rapide délitement du couple, presque sans dialogue, en longs plans parfois fixes, parfois silencieux, souvent avec un commentaire en voix off. Parfois les personnages s'agitent, rient, se courent après voire se crient dessus... La chronologie n'est pas toujours respectée et du coup on devance parfois ce qui va advenir et d'autres fois on reçoit l'explication de ce qui s'est passé. Comme je le disais, il s'agit d'un parti pris qui n'est pas toujours justifié, compréhensible mais on finit par s'accrocher au désespoir de Jeanne, à la succession de malheurs qui sillonnent sa vie. On la trouve parfois victime, parfois étonnamment moderne et courageuse. On découvre la valeur, les faiblesses, la beauté, la médiocrité des personnages et on se dit que c'est ça la vie, des rencontres, de petites joies, de grand malheurs... mais comment expliquer ce format carré de l'écran, le choix de filmer l'héroïne souvent de dos, face à une fenêtre et plein d'autres chichis qui n'en sont que parce qu''ils se voient ?

 

Alors pourquoi trois étoiles ? Et bien, malgré ma difficulté à résister à l'envie de partir en plein milieu de ce film trop long (et je ne regrette pas de ne pas être partie), il faut bien reconnaître que l'interprétation des acteurs, jusqu'aux seconds rôles, est d'une telle puissance, d'un tel naturel comme s'ils étaient pris sur le vif (ce qui doit également tenir de la direction d'acteurs et des indications du réalisateur) qu'il était bien difficile de les abandonner au cœur de leurs malheurs en série. Judith Chemla/Jeanne vieillit prématurément à mesure que son idéalisme la quitte. Elle habite le filme. On donnerait le bon dieu sans confession à Swann Arlaud dans ce rôle tellement antipathique qu'il parvient à nous faire apprécier. Et les autres Yolande Moreau adorable, Nina Meurisse patiente et empathique, Finnegan Oldfield magnétique... forment un magnifique casting dans un bel écrin.

 

Mais surtout, je remercie Stéphane Brizé de m'avoir donné envie de lire le roman dont il est tiré. J'avoue que ma folle jeunesse a été bercée par Zola, Stendhal, Flaubert, Balzac mais que Maupassant est un "classique" à côté duquel je suis complètement passée. Mon erreur sera très bientôt réparée.

Commentaires

  • J'aime les acteurs et le réalisateur, mais j'ai envie d'un autre cinéma, ces jours-ci. Le roman de Maupassant, l'un des seuls que j'ai lus, est très bien écrit. Mais qu'est-ce que c'est noir !

    Nous en reparlerons (peut-être) quand tu l'auras lu.

  • Ah ça c'est sur, ce sont des malheurs en cascade ! Mais les magnifiques images, le casting prestigieux, la direction d'acteurs... Le film me reste en tête car la mémoire n'a pas retenu les chichis dont je parlais :-)

    Oui je le lirai !

  • J'ai bien aimé le roman (http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2009/12/une-vie-de-guy-de-maupassant.html) mais je me demande si Jeanne ne va pas d'exaspérer... tu nous diras ;-)

  • Jadis j'adorais les grandes héroïnes romantiques et torturées :-)

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