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SANS PITIÉ

de Sung-Hyun Byun ****

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Avec Kyung-Gu Sol, Si-Wan Yim, Kim Hie-won

Synopsis : Jae-ho, qui se rêve chef de gang, fait la loi en prison auprès des autres détenus. Mais son autorité est remise en cause à l'arrivée de Hyun-su, un nouveau venu.

Voilà un synopsis idéal qui ne dit rien ou pas grand chose et c'est tant mieux. Ce film est un tel embrouillamini, qu'il vaut mieux, comme je l'ai fait, y aller sans rien savoir. Et en ressortir ravie et me dire une fois de plus que le cinéma de la Corée du Sud est décidément l'un de mes préférés. Je ne vous ferai pas la liste de tous les films, tous les réalisateurs coréens que vous pourrez trouver dans ces pages bloguesques, je crois que c'est impressionnant, mais chaque fois c'est une aventure.

Je ne peux pas vraiment dire qu'il y ait un style sud coréen unique et identifié mais il y a un savoir faire et une efficacité qui me ravissent. Il s'agit ici d'un premier film et malgré les références écrasantes Infernal Affairs d'Andrew Lau et Les infiltrés de Martin Scorsese (deux merveilles), ce Sans pitié implacable est parfaitement personnel. Le réalisateur reprend tout ce qu'il y a de bon chez ses illustres aînés et les tambouille à sa sauce yangnyeom jang.

Jae-ho et Jo Hyun-soo se rencontrent en prison. Le plus jeune impressionne l'aîné parce qu'il n'a peur de rien. Bien que tout jeune et tout fluet il se confronte et n'hésite pas à provoquer les gros balèzes qui s'ennuient et sont toujours prêts à en découdre.

Pourquoi Hyun-soo tient-il tant à se faire remarquer par Jae-Ho ? Vous le saurez en allant voir leur incroyable histoire.

Lorsque les deux hommes sortent de prison, ils s'associent et mettent au point une opération/transaction avec un gang de criminels russes de leur acabit concernant un gros trafic de méth' toute bleue comme dans Breaking Bad. Mais à leur trousse il y a une femme flic impitoyable qui entend bien les faire tomber. Ses méthodes discutables sont un autre atout du film, en plus du fait qu'elle soit une fille. Fait rarissime dans ce genre d'histoires chargées en testostérone.

Contrairement à ce qu'annonce péremptoire l'affiche, ce film ne m'a pas paru tarantinesque. Si ce n'est la conversation surréaliste d'ouverture. Deux truands attendent sur un quai. L'un mange, l'autre le regarde et lui explique qu'il ne peut manger de poissons car ces bestioles meurent les yeux grand ouverts "et j'ai l'impression qu'ils me racontent des conneries". S'ensuit une tirade sur le fait que les criminels de la préhistoire avaient plus de morale car ils tuaient leurs ennemis à coups de pierres. Aujourd'hui, tuer avec un flingue empêche tout sentiment de culpabilité. Et pan !

En dehors de cette ouverture tarantinesque, blablater doctement sur tout et n'importe quoi pour tuer l'ennui, ce film me semble plus proche de la virtuosité scorsesienne. Alors évidemment, c'est violent, c'est cruel, inutilement, gratuitement, très... ça flingue, ça torture (à l'huile bouillante par exemple), ça coupe, ça cogne, mais c'est le tarif pour ce genre de film. Âmes sensibles s'abstenir.

Le réalisateur contourne par contre certains passages obligés. Je me souviens d'une réplique... soit des Infiltrés soit d'Infernal Affairs où l'un des deux personnages disait à l'autre : "c'est un truc d'infiltrés de toujours se retrouver sur les toits !" Ce genre de répliques m'amuse, heureuse nature que je suis. Et bien ici, sauf erreur ou omission, pas de toit !

La réalisation, les images sont somptueuses. Des contre-jours, des lumières, des docks désertés, des entrepôts, des appartements luxueux et des truands d'une élégance et d'une beauté  !!! Jugez par vous mêmes, voici les deux personnages principaux :

Sans pitié : Photo Kyung-Gu Sol Sans pitié : Photo Kyung-Gu Sol

Et le réalisateur nous embrouille avec des va et vient... deux ans avant, trois mois plus tard, quelques semaines après. Mais c'est grâce à tous ces flash-back que, bon sang mais c'est bien sûr, tout s'éclaire. Il nous émeut également en affligeant le jeune Hyuin-Soo d'une petite faiblesse à laquelle on ne s'attend pas du tout : sa maman !!! Sans compter que l'attachement réciproque de Hyuin-Soo et Jae-Ho ne peut laisser indifférent tant les deux hommes jouent au papa et au fiston presque malgré eux. Mais comme dit l'autre : un traître c'est toujours un ami.

L'univers des malfrats est impitoyable, pire qu'à Dallas, et les trahisons, les jalousies, les perfidies, la duplicité, les faux-semblants ne cesseront de brouiller les cartes encore et encore.

Quant à l'humour, je l'ai trouvé irrésistible. Lorsqu'en voix off on nous dit qu'en prison Jae-Ho se prend pour le Messie et réunit ses apôtres à chaque repas, voici l'image qui illustre le propos :

Sans pitié : Photo

Ce cinéma me met en joie. Vive la Corée ! Du Sud. Pays du Matin Calme, peut-être, mais pas ici.

Commentaires

  • Bonsoir Pascale, je sens que je vais aller voir ce film. Heureusement que la Corée du Sud nous permet de voir des bons films car pour d'autres pays que je ne nommerai pas, ce n'est pas terrible. Bonne soirée.

  • Bonsoir Dasola, je ne sais de quoi tu parles ! :-)

  • On dit : j'irai :-)

  • Superbe critique ! Avec de la pêche et des références. J'ai envie. Infernal Affairs, grand film, pas sûr que j'ai vu la trilogie, mais ce premier fut un choc visuel. Pas sur non plus que j'ai vu le remake scorcesien, peut-être mais il m'a moins marqué.

    De la violence, de la cruauté, surtout gratuitement, j'adore. Avec en plus de l'huile bouillante, magique, magnifique, même, j'entends le cri de torture que cela doit engendrer. Superbe et Sans Pitié. Il manquerait pas un peu de sexe ? De jeunes coréennes en jupe mini, par exemple, servant des verres de bourbon aux clients, et plus si ... (enfin c'est ma vision de réalisateur amateur)

  • OH merci.
    Je n'ai vu que la première Infernale affaire... sachant que qui on sait meurt, je n'arrive pas à voir la suite.
    Le remake scorSesien vaut son pesant. Leo y souffre comme jamais ou plutôt comme toujours !

    L'huile bouillante te ravira. Elle laisse de jolies traces sur la peau. Hélas... le tortureur bâillonne le tortionné. A peine si au fond de la cave, on l'entend crier.
    Mais ici la chair est triste et ce sont plutôt des Natacha qui assurent le show.
    Et bien vu, ici on trinque à la mode à la mode...

  • J'adore Le cinéma coréen ! J'espère que sans pitié est moins violent que " J'ai rencontré le diable de K. Jee-Woon. Mais bon, comme il y a de l'humour, je vais aller le voir dès qu'il passe près de chez moi. Je viens de voir aussi féroces de Shin Jung Won ( mais tout ça en DVD)!

  • Oui c'est moins violent mais violent quand même... la séquence huile bouillante est difficile.
    je ne connais pas Féroces... c'est comme son nom l'indique ?

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