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I AM NOT MADAME BOVARY

de Feng Xiaogang **(*)

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Avec Fan Bingbing, Guo Tao, Da Peng
 
Li Xuelian et son mari Qin Yuhe simulent un divorce pour obtenir un second appartement.

Qin en profite pour se marier à une autre et rejeter Xuelian. Abandonnée et bafouée elle entend bien que justice lui soit rendue. Elle se lance donc dans une procédure et tente de faire annuler ce divorce. Elle veut prouver que l'attestation de divorce est un faux, sauf qu'il est parfaitement authentifié. Que souhaite-t-elle ? Se marier de nouveau à Qin pour pouvoir divorcer. Sauf que faire valoir que le premier divorce est faux revient à dire qu'elle a menti au tribunal. Armée d'une détermination sans faille, Xuelian ne va pas lâcher un pouce de sa volonté pour faire payer ce salaud de Qin. Elle ira jusqu'à Pékin, se jettera littéralement sous la voiture d'un juge, ou d'un préfet... jusqu'aux plus hautes instances pour obtenir satisfaction. Son affaire, totalement inédite, va carrément devenir une affaire d'état et remuer pas mal de monde dans les arcanes d'un pouvoir assez statique, pour rester polie.

Lorsque Xuelian revoit Qin, elle lui promet que s'il lui donne une explication à ses agissements odieux et incompréhensibles, elle abandonnera les poursuites. Sauf qu'une fois encore, le mufle l'humilie devant témoins et la traite de Pan Jinlian. Et c'est là que nous trouvons la justification du titre utilisé en occident. Le titre original du film est Wo bu shi Pan Jinlian, (Je ne suis pas Pan Jinlian). Pan Jinlian est un personnage mythologique qui a conspiré avec son amant pour assassiner son mari ; en Chine, le terme est aujourd'hui utilisé pour désigner une femme indigne, infidèle ou débauchée.  Une Madame Bovary donc.

Le film est à la fois le portrait d'une femme qui finit par être aveuglée par son désir de justice qui s'apparente parfois à un rêve de vengeance et une charge contre la bureaucratie kafkaïenne chinoise. Voir ses hommes satisfaits se réunir en conclaves et s'auto-congratuler avec force courbettes est sidérant. Ils bavassent pour ne rien dire et sont aussi éloignés du peuple qu'ils sont incapables de comprendre. Sans parler de la corruption et autres passe-droits qui sont monnaie courante pour faire avancer ou reculer le dossier.

Au milieu de cette bureaucratie corrompue, Xuelian poursuit son combat pendant 10 années avec une persévérance inébranlable, jusqu'à l'obsession, jusqu'à ce que ce combat devienne son unique raison de vivre. On le verra lors de divers évènements...

Hélas, la longueur du film finit bizarrement par rendre la bataille de Xuelian étrangement ridicule devant l'absurdité bureaucratique bien grotesque elle aussi. Il est difficile de s'attacher à cette femme, pourtant seule contre tous, tant on a du mal à comprendre son obstination à retrouver son honneur perdu. On a l'impression qu'au contraire plus elle fait parler d'elle, plus elle est humiliée. Le twist final plutôt déconcertant donne presque l'envie de revoir le film à l'aune de cette révélation mais... 2 h 18 quand même. 

Le parti pris stylistique et inédit, voire audacieux du réalisateur rend également ce film curieux mais peut-être nous tient-il du coup encore plus à distance. En effet, lors des quelques scènes à Pékin le format est relativement classique quoique carré... mais pour la majeure partie du film le réalisateur a choisi un cadre circulaire qui rend sa vision très particulière. Je ne dirais pas qu'on a l'impression de regarder par le trou d'une serrure même si le réalisateur a voulu ainsi faire des spectateurs des voyeurs, mais cela finit par être frustrant tant les images, les décors intérieurs ou naturels sont magnifiques. Certains mouvements de caméra où le "cercle" se déplace pour nous faire accéder aux nombreux hors-champs sont également intrigants. Pas sûre que cet aspect expérimental sur une telle longueur serve le film. Dommage.

I Am Not Madame Bovary : Photo

Commentaires

  • Bonsoir Pascale, j'ai trouvé le film trop long et bavard, bavard. Et au bout du compte, on n'arrive plus à plaindre Li Xuelian. Bonne soirée.

  • Bonjour dasola. Oui c'est long. Répétitif même. On ne s'attache pas du tout à Lian et son combat finit même par sembler ridicule mais il y a l'esthétique et la réalisation inédites. Presque *** c'est peut-être un peu trop. Bon 14 juillet.

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