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LES PROIES

de Sofia Coppola **(*)

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Avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning

Synopsis : En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

Ce film aurait un grand intérêt et m'aurait sans doute subjuguée (je suis très très très fan du cinéma de Sofia) s'il ne venait après la version qu'en a donné Don Siegel en 1971. La comparaison ne s'imposerait pas forcément si cette nouvelle version ne semblait pas en être un copié/collé parfois pour s'en éloigner totalement à d'autres moments. 

Moi qui me plains souvent de la durée des films, je ne pourrai reprocher à celui-ci sa longueur. Hélas je l'ai trouvé bâclé avec une fin réglée en deux tours de manivelle et hop, on met la poussière sous le tapis. Là où Don Siegel prenait le temps de faire naître des relations entre le soldat et chacune des pensionnaires ou presque, Sofia expédie le tout en deux ou trois regards appuyés et lourds de sens et une scène de sexe ratée à même le sol pour démontrer l'ardeur du désir. Mouais ! Ici, on n'a pas le temps de voir les relations se dégrader n'y de découvrir réellement le double voire triple jeu du beau caporal. Contrairement au personnage de Clint qui incarnait un militaire violent (il me semble qu'il tue son compagnon au début de l'histoire) et bas de plafond mais suffisamment conscient du charme qu'il opère sur la gent féminine pour s'en servir, Colin Farrell me semble ici beaucoup plus subtil au niveau intellect ce qui nuit à la crédibilité du fait qu'il se fait rouler dans la farine comme un ventre bleu par une gamine de 10 ans !

Néanmoins, le film reste tout ce qu'il y a de fréquentable même si j'en attendais plus et surtout mieux. Sofia Coppola réussit à dépeindre l'atmosphère suffocante qui règne parfois au sein de cette grande et belle demeure, véritable manoir géorgien, telle une plantation du Sud qui "abritait" l'esclavagisme. J'ai même vu quelques clins d'œil à Autant en emporte le vent, le laçage des corsets, le pincement des joues pour les faire rosir en l'absence de fard, et je m'attendais à voir surgir Scarlett à tout moment... Ici tout est blanc en surface et relativement hypocrite (on prie beaucoup) pour mieux dissimuler la noirceur qui va finir par suinter. La maison, même s'il n'y a plus ni homme ni serviteur pour l'entretenir reste immaculée, les robes et froufrous en dentelle, le teint pâle des filles, tout semble pur, doux et fragile. Mais les arbres sublimes et inquiétants, sur lesquels s'attarde beaucoup la réalisatrice, recouverts d'une mousse étrange qui leur donne cet aspect unique qu'on ne trouve que dans le fameux "sud profond" font douter. Est-ce que ces arbres protègent ou menacent ? Encore une fois, une petite fille avec son panier à champignons s'enfonce seule et insouciante dans une forêt qui semble se refermer sur elle. A peine entend-on au loin gronder le son du canon et aperçoit-on les fumées noires qui attestent que le pays se livre une guerre fratricide.

Lorsque l'ennemi entre dans l'endroit régit d'une main de fer et d'une voix doucereuse par Martha Fransworth qui donne son nom à l'établissement, en la personne d'un jeune et beau caporal blessé, l'ordre et l'ennui poli qui régnaient s'effritent. Il n'y a plus de place que pour la séduction. On sort les plus jolies dentelles, on découvre les épaules, on arbore ses plus beaux bijoux. Et le beau John n'est pas dupe de ce balai de charme et de coquetterie qui s'agite ostensiblement devant lui. Il s'en amuse et en profite. Au fond, ce qu'il souhaiterait lui, c'est finir la guerre pénard, planqué dans ce bel endroit, entouré de jolies filles. Il leur servirait de garde du corps et d'homme à tout faire... Justement, ce qu'il ne sait pas c'est qu'on ne joue pas avec le cœur, la jalousie et la rivalité entre filles. Mais si elles peuvent être implacables les unes avec les autres, leur solidarité revient en force dès lors qu'il s'agit de ne pas perdre la face. De là à parler de féminisme !!!

Le casting de luxe porte admirablement le costume. Nicole sous la rigidité apparente et le missel hypocrite, toute corsetée, se montre frémissante et prête à succomber. Kirsten sous le spleen et les manières raffinées cache un tempérament de feu. La merveille de la création Elle Fanning a toujours une mèche rebelle à l'image de son caractère indomptable. Les autres petites sont parfaites. Et Collin Farrell déploie tout le charme qui convient sans en faire trop.

Mais...

..............................

Les proies de Don Siegel (1971) ***

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Pendant la guerre de Sécession Amy, 12 ans (bientôt 13), découvre un soldat yankee blessé dans les bois où elle ramasse des champignons. Elle l'aide et l'accompagne jusqu'au pensionnat de jeunes filles où elle vit. Accueilli sans enthousiasme par la directrice, l'autoritaire Martha et les 8 autres pensionnaires, elles décident de le soigner avant de le livrer aux troupes sudistes.
 
Le prisonnier comprend rapidement que son charme agit sur toutes ces femmes. Il se montre galant, disponible, compréhensif et entreprend, par jeu ou par intérêt (on ne le sait pas clairement) de séduire ou d'apprivoiser chacune des femmes, de la plus jeune à la plus âgée.
 
Les premières images et l'apparition de cette petite fille de conte de fées dans cette forêt si belle et brumeuse donnent au film une élégance irréelle. L'atmosphère faite de grâce, de féminité et de bonnes manières en accentuent encore le caractère différent et dérangeant. On sent que l'ombre plane, que tout ne restera pas idéal.
 
Effectivement, lorsque les unes et les autres s'aperçoivent qu'elles ne sont pas LA seule dans le coeur du beau caporal, elles ne vont pas se liguer les unes contre les autres mais au contraire exercer leur redoutable colère sur l'objet de leurs fantasmes et de leurs désirs.
 
Et le film se termine, comme il avait commencé, dans cette forêt fantasmagorique, comme si rien n'était arrivé, ni personne.
 
Glaçant avec (comme dans Un frisson dans la nuit) un Clint au charme XXL dévastateur, véritable "sex toy", victime suppliciée impuissante des femmes.

Commentaires

  • Difficile de faire la comparaison entre Clint, le beau Clint... J'ai prévu de voir et revoir les deux pour aussi me faire ma propre idée. Mais je sais que Clint part avec un avantage gagnant. Mais de l'autre côté, il y a Nicole, il y a Kirsten... Alors tout n'est pas perdu d'avance :-) et comme en plus, je n'ai jamais vu Autant en emporte le vent, je risque pas d'y trouver des clins d'oeil, juste sentir la moiteur du sud, ce parfum d'esclavagisme...

  • Rebonjour Pascale, pas encore vu le Coppola mais j'ai revu tout récemment le Siegel (mon ami ne l'avait jamais vu). Eastwood était mignon tout plein et les actrices, Geraldine Page en tête : sensationnelles. La pauvre Elizabeth Hartman très méconnue a eu une fin tragique (elle s'est défenestrée). Bonne après-midi.

  • Tu n'es pas si dasola que ça avec ton ami :-)
    Il y a tant de films à découvrir encore. Le Bison me dit aujourd'hui qu'il n'a jamais vu Gone with the Wind cette merveille.
    Oui Clint était ravissant et bien triste destin pour Elizabeth Hartman. Il faut du courage pour se jeter par la fenêtre. Ce soir je m'y jetterais bien... mais je risquerais de me faire mal...

  • Je me rappelle avoir vu la version avec Clint jeune (15/16 ans) et ça m'avait pas mal secouée.
    En parlant de film jamais vu, je crois n'avoir jamais vu un film avec Jerry Lewis. (mais j'ai vu et revu Gone with the wind).
    J'ai du temps de libre, pas d'enfant mais peu de choix intéressant. Une suggestion (déjà vu Dunkerque, le seul qui m'inspirait) ?
    A bientôt,

  • 120 battements par minute :-) ou Que dios nos perdone (les meilleurs du moment).

    Voir et revoir Gone with the Wind est tout à fait NORMAL !

  • J'ai bien failli y aller hier, et finalement non.
    Je me le garde pour la soif, quand il n'y aura rien d'autre d'intéressant.
    Difficile de passer après Don et Clint...

    Ma prochaine étape: "120 battements"... mercredi, normalement.

  • A part Lost in translation, je ne suis pas une grande fan des films de Coppola fille. Je verrais bien le film original cependant, l'histoire me tente bien !

  • Tu n'as pas aimé Somewhere ?
    :-('

  • Tout cela me donne envie de revoir Les proies de Don Siegel ! Celui de Sofia, par contre, je ne suis pas pressée.

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