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DES NOTES ET DES TOILES

 

COMPÉTITION LONGS MÉTRAGES

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Les grands esprits d'Olivier Ayache Vidal **(*)

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Synopsis : François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. À juste titre.

Les films "d'école" sont souvent prévisibles, plein de bons sentiments et de retournements de situations miraculeux et celui-ci ne fait pas exception à la règle et pourtant je l'ai beaucoup aimé. Ce François Foucault puant et prétentieux issu d'une famille bourgeoise bardée de diplômes débarque donc en banlieue drapé dans sa supériorité et la tête farcie de ses préjugés. Et effectivement il tombe de haut en arrivant dans cette classe où les élèves aux noms imprononçables ont renoncé depuis longtemps à apprendre quoi que ce soit. Evidemment avec des méthodes pas classiques et après s'être heurté à ces jeunes qui n'ont pas la moindre culture et jouent constamment sur la provocation, il va obtenir des résultats inattendus.

Les jeunes sont tellement épatants et Denis Podalydès tellement à l'aise dans ce rôle de prof qui parle latin couramment et se retrouve face à un public qui croit que Victor Hugo est un boulevard, que le film se voit avec infiniment de plaisir. Une visite au Château de Versailles m'a particulièrement enchantée, émue et fait sourire.

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La belle et la meute de Kaouther Ben Hania ***

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Synopsis : Lors d’une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef.  Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc.  Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?

Si le viol n'était pas l'ignominie qu'on imagine, je serais presque tentée de dire que le calvaire que va vivre Mariam au cours de cette nuit est presqu'aussi horrible que l'agression qu'elle a subie. Soutenue moralement et physiquement par le beau Youssef dans son parcours du combattant pour porter plainte, la jeune femme va être baladée, malmenée, bousculée d'une administration à l'autre. La plupart du temps elle est regardée comme la coupable et même les rares personnes qui consentent à l'écouter finissent par l'abandonner à son sort. On regarde cette succession de moments ignobles sans y croire vraiment, parfois presque en apnée, on n'ose croire que cela se passe ainsi réellement en Tunisie. L'état catastrophique de l'hôpital, la police, la justice tout est sombre et corrompu.

La première coupable est cette robe qui laisse voir trop de chair car certains hommes ne peuvent contrôler leurs nerfs (restons poli) devant de jolies jambes ou un généreux décolleté. Mariam cherche alors en vain à se couvrir, elle sent que c'est à cause cette robe qu'on la regarde comme une provocatrice, une "traînée". Elle si sage. On lui fournira un voile puant. Mais le calvaire ne s'arrêtera pas pour autant. C'est trop tard, Mariam est une fille sur qui on peut hurler, qu'on peut secouer, menacer et battre jusqu'à lui faire perdre connaissance.

La réalisatrice nous balance son film coup de poing en 9 plans séquences sans concession. La très belle et très vaillante Mariem Ferjani est de quasi tous les plans. Son jeu parfois "tremblant" m'a parfois agacée et l'instant d'après elle redevient bouleversante dans son combat de folie qu'elle ne devrait même pas avoir à mener puisqu'elle est la victime. On en finit presque par oublier le viol qui l'amène à tenter de faire ces démarches tant le comportement de toute l'administration tunisienne est lamentable, honteuse, méprisable.

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Espèces menacées de Gilles Bourdos ***

Ce film a reçu le Prix du Jury

Synopsis : Trois destins familiaux entrelacés. Joséphine et Tomaz viennent de se marier dans l’allégresse. Mais bientôt les parents de Joséphine vont découvrir une réalité plus sombre. Mélanie, elle, annonce à ses parents qu’elle attend un bébé mais le père de l’enfant n’a pas du tout le profil du gendre idéal ! De son côté, Anthony, étudiant lunaire et malheureux en amour, va devoir prendre en charge sa mère, devenue soudainement incontrôlable.

La vie ne trace pas un chemin idéal et tout tracé. Les drames et les problèmes en font partie. C'est ce que nous démontre le film au titre mensonger, puisque les espèces concernées continuent à se reproduire. J'ai trouvé le "thème" de la femme battue qui revient sans cesse quoique de plus en plus terrifiée mais toujours amoureuse, du moins le croit-elle, vers son bourreau parce qu'il demande pardon et qu'il ne le fait pas exprès... La première scène est angoissante. C'est au cours même de la nuit de noces que Tomaz va brutalement changer de comportement et contrairement à Joséphine, folle de son homme, le spectateur décèle la soudaine agressivité sous-jacente.

Le réalisateur fait un tour non exhaustif mais plutôt réaliste de certaines situations familiales dont font partie les divorces, les mariages, les naissances. Mais aussi les interrogations sur la question d'être un bon père ou une bonne mère, la place des enfants dans la famille, une mère abusive par là, un père immature ailleurs, des rencontres qui n'aboutissent pas...

On reste sur sa faim/fin mais c'est plutôt une bonne chose car lorsque le film s'achève on avait envie de continuer encore un bout de chemin avec ces personnages. Tous les acteurs sont parfaits.

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JEANNETTE, L'ENFANCE DE JEANNE D'ARC de Bruno Dumont **** 

Synopsis : Domrémy, 1425. Jeannette n’est pas encore Jeanne d’Arc, mais à 8 ans elle veut déjà bouter les anglais hors du royaume de France. Inspirée du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (1910) et de Jeanne d’Arc (1897) de Charles Péguy, la Jeannette de Bruno Dumont revisite les jeunes années d’une future sainte sous forme d’un film musical à la BO électro-pop-rock signée Gautier Serre, alias Igorrr et aux chorégraphies signées Philippe Decouflé.

Il n'était pas besoin d'aller à la messe ce dimanche là car les prières parfois blasphématoires de Jeanne abondent dans ce film. Je comprends qu'il divise, mais que le jury ait quitté la salle au bout de quelques minutes me semble véritablement aberrant et pas très professionnel. Bel exemple pour le jury lycéen qui lui est resté jusqu'au bout. D'autres personnes sont sorties avant la fin et lorsque je suis sortie moi-même une dame revêche se plaignait que tout était laid dans ce film. Quand j'ai compris qu'aucune discussion n'était possible je l'ai laissé à des oreilles plus disponibles car moi j'ai trouvé que ce film était beau.

On sait depuis longtemps que Bruno Dumont ne cherche pas à brosser les spectateurs dans le sens du poil et ici moins que jamais. Et je crois donc devoir reconnaître à présent que je suis dumontophile car ce film m'a plu. Le texte de Péguy (que je ne connais pas) est donc chanté par les actrices en particulier avec ce que j'appellerai des voix actuelles, pas toujours d'une justesse impeccable (c'est le moins qu'on puisse dire) sur du gros son parfois, composé par Igorr un artiste (que je ne connais pas non plus) dont le courant musical est proche du death metal. C'est dire si on n'est pas chez Demy/Legrand. Du coup entre deux prières qu'elle lance à Dieu, visage tourné vers le ciel où elle l'implore de "tuer la guerre", Jeannette secoue sa jolie chevelure, trépigne, saute, tape du pied, s'impatiente et toujours supplie, conjure Dieu de faire quelque chose. De bouter ces fichus anglais hors de la Terre de France bon sang. Jusqu'à ce qu'elle comprenne par l'entremise de Saint Michel, Sainte Catherine et Sainte Marguerite (si ma mémoire ne me trahit pas) qui lui apparaissent juchés sur des arbres, que c'est elle la petite Jeannette qui doit les bouter. Mais comment se battre contre des hordes de soldats quand on a 8 ans ? J'ai parfois clairement entendu des accents FN dans le discours de Péguy dans la buche de Jeanne, mais là n'est pas la question. Désolée d'expédier ainsi cet aspect qui peut paraître choquant. Mais l'essentiel est ailleurs. Jamais jusque là je ne m'étais interrogée sur Jeanne d'Arc et franchement ça ne m'avait jamais empêchée de dormir. A l'école on nous apprend que Jeanne d'Arc a chassé l'envahisseur et qu'elle est morte sur le bûcher après un procès douteux où le sadique Cauchon s'en est donné à cœur joie pour l'accabler. Ce film là est saisissant par toutes les interrogations qu'il propose et surtout par l'incroyable façon dont il nous fait voir les choses sans les montrer. Il s'arrête au moment où Jeanne quitte son village pour tenter d'approcher le Régent et de le convaincre de la mettre à la tête d'une armée, elle, qui n'a jamais rien fait d'autre que garder les moutons, filer la laine, faire le bien autour d'elle et prier pour libérer son pays.

Dire que la forme empruntée par Dumont est insolite est un faible mot.

Comment vous dire ? C'est beau, naïf, profond, drôle et un tel film jamais on n'en a vu.

Commentaires

  • Bonjour Pascale, ta critique me conforte dans l'idée d'aller voir Les grands esprits. La bande-annonce m'a donné envie. Pour les autres, pourquoi pas? Bonne journée.

  • Dasola. Oui les Grands esprits. Excellente surprise. Je n'y serais peut-être pas allée en dehors du festival.

  • le jury est parti du Dumont au bout de quelques minutes ?! non mais je rêve...

  • Oui ça m'a profondément agacée. Dès que la petite s'est mise à chanter, ils ont rigolé.
    Et Leherpeur n'est arrivé samedi...

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