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LADY BIRD

de Greta Gerwig ***

LADY BIRD de Greta Gerwig, cinéma,

Avec Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Thimothée Chalamet

Synopsis : Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. 

Si le synopsis (voire le titre) évoque une histoire à la Ken Loach, il n'en est rien ou presque puisque la famille dont il est question, sans être dans la précarité, doit compter le moindre sou pour vivre et compenser le licenciement du père qui peine, à son âge, à retrouver un emploi. C'est la chronique d'une famille ordinaire et extraordinaire et plus particulièrement d'une ado en dernière année de lycée qui cherche à prendre son envol loin d'une mère étouffante, aimante et maladroite.

Malgré son grand âge (23 ans), Saoirse (prononcez «sir-cha») Ronan a toujours le physique et le minois idéal pour incarner une ado de 17 ans, bientôt 18, qui ne rêve que de New-York pour entreprendre ses études. Le film commence par une phrase en exergue (je ne suis plus sûre du début) : "qui aime la Californie, n'a jamais passé un Noël à Sacramento".  Et bien que le personnage principal, cette Christine qui s'est rebaptisée Lady Bird, ne rêve que de quitter Sacramento, la réalisatrice assure que son film est une déclaration d'amour à sa ville natale. Il est vrai qu'elle la filme bien, comme s'il s'agissait d'un grand village un peu chic d'un côté de la voie ferrée, plus populaire de l'autre. "Ce n’est pas une ville de m’as-tu-vu. Elle ne cherche pas à se mettre en avant ou à faire son autopromotion. La ville, comme ses habitants, dégagent une certaine modestie et une vraie intégrité."  Lady Bird dira pourtant qu'elle vit du mauvais côté de la voie. Et lorsqu'elle se rend au lycée (très catho) avec sa meilleure amie Julie, elles sont en admiration devant les maisons cossues aux jardins impeccables qui bordent les trottoirs où elles rêvent de vivre un jour.

Voilà un film tendre, doux et délicat qu'on a envie de prendre avec des pincettes pour ne pas l'abîmer. Il ressemble à sa réalisatrice je trouve et je découvre sans trop de surprise qu'il serait en partie auto-biographique, le personnage principal porte d'ailleurs le prénom de sa propre mère... Et puisqu'elle situe son action en 2002, les ados dont il est question ici ne sont pas embarrassés de smartphones et c'est particulièrement remarquable.

Les relations entre Lady Bird et sa mère ne sont pas simples. Cette dernière, chargée de la survie de la famille face à un époux aimant mais dépressif, multiplie les douches froides vis-à-vis de sa fille. Elle peut passer de la tendresse totale, des moments de partage magnifiques à pleurer ensemble à la lecture des Raisins de la colère, des attentions et souhaits de réussite aux déclarations humiliantes, hâtives et dévalorisantes "tu ne seras jamais bonne à rien... tu ne pourras jamais entrer dans cette école". Lady Bird se bat contre cette mère, la rejette puis lui réclame son amour. Comme une ado.

Mais hors de la maison, la jeune fille a d'autres préoccupations. Ce qui la complexe n'est pas son physique mais bien sa condition sociale. Elle lâchera d'ailleurs un temps sa meilleure amie très rondelette, chaleureuse mais pas glamour pour une autre plus populaire, séductrice et bourgeoise. Elle découvrira l'amour romantique puis physique, ira de surprises en déconvenues et se relèvera de tout comme savent faire les ados. Elle plongera dans un désespoir profond, soudain et sincère qu'elle balaiera rapidement, juste en raturant un prénom sur un mur.

J'ai été très touchée par le portrait de cette ado qui m'a semblé très réaliste, intelligemment dialogué, sans excès ni invraisemblance. C'est assez mélancolique mais souvent drôle aussi (une conférence sur l'avortement, les relations avec la religieuse de l'école...) et doit réveiller l'ado qui sommeille éternellement en nous et la réalisatrice qui ressemble étonnamment à son actrice (ou l'inverse) n'élude pas les emballements, les retournements de situation, les erreurs, les hésitations, les questionnements propres à cet âge charnière difficile entre l'enfant et l'adulte.

Le film n'est pas parfait, il est mieux que ça.

Sincère, beau et intelligent. Porté par Saoirse Ronan évidemment mais magnifiquement entourée par un casting épatant où chaque second rôle très bien écrit, aucun n'étant sous-estimé ou abandonné en route, apporte cohésion à l'ensemble.

Je suis sortie de la salle, un grand sourire aux lèvres.

Commentaires

  • Un film effectivement simple, mais magnifique, une chronique douce amère sur Sacramento portée par une jeune actrice magnifique...

  • J'ai constaté chez toi que nous sommes d'accord sur TOUT à propos de ce film qui va droit au cœur (que nous avons brisé...).

  • Celui-là est à mon programme, sans doute pour le week-end prochain.
    Saoirse et Greta, valeurs sûres à mes yeux !

  • Un joli film effectivement. La mère est un beau personnage. J'aime bien Greta Gerwig et Saoirse Ronan ne ressemble pas beaucoup à l'idée que je me faisais d'elle, mais ce n'est pas grave.

  • Oui très joli surprise.
    Quelle "idée" te faisais tu de Saoirse ?

  • C'était plutôt l'idée que je me faisais de Greta puisque le film est autobiographique ! :) Moins rentre dedans, plus évanescente, que Ronan, peut-être à cause des personnages joués par Greta Gerwig dans ses films.

  • Ah je la trouve assez rentre dedans Greta, avec des airs de pas y toucher :-)

  • Oui, mais elle a des airs de ne pas y toucher comme tu dis alors que l'autre a un visage très très volontaire (cela doit être son tempérament irlandais qui parle).

  • Bonjour Pascale, vu hier soir avec des doutes a priori et bien j'ai été très agréablement surprise. Il y a un vrai rythme sans temps mort. C'est une chronique tendre et plein de mélancolie avec une pointe de désenchantement léger. Tous les acteurs sont bien. A voir.

  • Bonjour dasola, Idem, j'ai été TRES agréablement surprise par ce beau qui ne se la raconte pas et fait du bien tout en étant réaliste.

  • Bonjour Pascale, vu hier soir avec des doutes a priori et j'ai été très agréablement surprise. Il y a un vrai rythme sans temps mort. C'est une chronique tendre et plein de mélancolie et une pointe de désenchantement léger. Tous les acteurs sont bien. A voir.

  • Bonjour, oui c'est une délicieuse surprise sans une seconde d'ennui ou de baisse de régime. C'est triste et gai.

  • J'ai trouvé ça un peu banal, l'impression d'avoir vu ça mille fois dans le ciné indé US. Mais ça reste tout de même assez touchant et Saoirse Ronan illumine chaque scène.

  • L'histoire est banale mais le traitement qui en est fait beaucoup moins je trouve.
    On est surpris jusqu'au bout.

  • Bon. J'ai adoré. Un film fragile comme une bulle de savon.
    Mais que c'est joli, une jeune femme qui prend son envol !

  • C'est d'une platitude et ça ça a été nommé à l'oscar du meilleur film ?
    Après avoir vu phantom thread, la médiocrité de ce film est encore plus flagrante

  • Tu es bien sévère.
    Chaque année il me semble qu'il y a un film nommé décalé par rapport aux grosses machines.

  • Trop bien ce film
    J’ai pleuré avec la maman forcément
    Et quel délice la lecture de ces lettres que le papa avait récupérées
    Surprise de découvrir le même acteur ici
    Que celui de Call me by your name
    Car oui j’ai bien aimé aussi
    Call me by your name

  • Oui Timothée est partout. Un petit con ici :-)
    Ce film est vraiment très touchant.

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