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DOGMAN

de Matteo Garrone ***

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Avec Marcello Fonte, Edoardo Pesce, Alida Baldari Calabria, Mirko Frezza

Synopsis : Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier.

D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce...

Après le brutal, édifiant, passionnant, effrayant Gomorra, et l'onirique, féérique, parfois effrayant également Tale of Tales, Matteo Garrone nous raconte une histoire dont on imagine dès les début qu'elle finira mal. Il s'inspire d'un fait divers qui a fait grand bruit à Rome à la fin des années 80. Il paraît que la réalité était plus violente encore que celle dépeinte dans le film.

Matteo Garrone déplace l'histoire de nos jours dans une banlieue déprimante. La réalité économique est démoralisante également. Et pourtant malgré les immeubles lépreux, l'aire de jeux pour enfants abandonnée au milieu, l'endroit semble presqu'irréel. Surtout la nuit où l'éclairage urbain lui donne une étrange beauté.

On s'attache rapidement à Marcello, ce petit bonhomme chétif, bosseur, apprécié de tous qui toilette les chiens avec grand soin, du petit chihuahua, en passant par le caniche ridicule jusqu'au plus effrayant molosse. Il les aborde tous avec la même douceur et la même bonté. Le midi il déjeune dans un boui-boui du coin avec ses copains commerçants et le soir joue au foot ou au basket avec les mêmes. Marcello est un type gentil qui entretient également avec sa fille une relation pleine de tendresse et de complicité. La petite vit avec sa mère mais régulièrement Marcello l'emmène faire de la plongée sous-marine. Ces instants hors du temps et de la réalité sont d'une grande simplicité mais terriblement touchants.

Tout n'irait pas si mal dans ce quotidien laborieux si Marcello n'avait un encombrant ami en la personne de Simone, une brute épaisse, colosse décérébré complètement accro à la coke incapable de s'exprimer autrement qu'en aboyant trois mots de vocabulaire, et surtout en terrorisant tout le monde par sa violence et sa bêtise et en priorité Marcello qu'il domine en poids et en taille et qu'il implique dans toutes ses combines dangereuses. Tout le quartier aimerait se débarrasser de cet homme qui inquiète mais porter plainte contre ses agissements l'enverrait en prison quelque temps d'où il ressortirait encore plus enragé. Car Simone est incurablement stupide et violent. Il est rare de voir une telle brute sans la moindre rédemption. Ce type est vraiment effrayant. Marcello s'emploie à essayer de lui faire entendre raison, sans le moindre succès. Simone sait comment il domine Marcello : physiquement, rien de plus.

Mais un évènement assez incroyable dont je ne vous dis rien, va faire changer Marcello qui refuse de rester une victime face à cet abruti. Seul contre tous et alors qu'on s'attend à ce que les nombreux chiens du film aient un rôle crucial, le réalisateur à l'instar de la réalité dont il s'inspire, nous balance son épilogue furieux et déroutant, une scène sidérante qui arrive presque malgré soi. Et les chiens assistent encagés, impuissants à la révélation de la brutalité, de la bestialité humaines.

L'interprétation lunaire et touchante de Marcello Fonte mérite bien les honneurs que Cannes lui a rendus.

A noter dans une scène courte mais très réussie, la présence de Mirko Frezza, déjà excellent ici et qui nous avait ravis lors du dernier Festival d'Annonay par sa chaleureuse présence italienne.

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