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MARY SHELLEY

de Haifaa Al Mansour **

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Avec Elle Fanning, Douglas Booth, Tom Sturridge, Stephan Dillane, Bel Powley

Synopsis : En 1814, Mary Wollstonecraft Godwin entame une relation passionnée et scandaleuse avec le poète Percy Shelley et s’enfuit avec lui. Elle a 16 ans.

Condamné par les bienpensants, leur amour tumultueux se nourrit de leurs idées progressistes. En 1816, le couple est invité à passer l’été à Genève, au bord du lac Léman, dans la demeure de Lord Byron. Lors d’une nuit d’orage, à la faveur d’un pari, Mary a l’idée du personnage de Frankenstein. Dans une société qui ne laissait aucune place aux femmes de lettres, Mary Shelley, 18 ans à peine, allait révolutionner la littérature et marquer la culture populaire à tout jamais. 

Même si elle quitte son pays pour ce deuxième film, la (première) réalisatrice saoudienne reprend son thème de prédilection : l'émancipation féminine. Wadjdja relatait le quotidien difficile d'une petite fille en Arabie Saoudite dont le rêve ultime était d'avoir un beau vélo vert, aux prises avec des traditions archaïques. Cette fois la réalisatrice nous emmène au début du XIXème siècle où une toute jeune femme cultivée, nourrie de lectures, fille d'une mère philosophe et d'un père libraire mais également écrivain politique va devenir l'auteure d'un roman exceptionnel, gothique, récit horrifique, sans doute précurseur de la science-fiction, Frankestein ou le Prométhée moderne.

J'aime les biopics, encore plus lorsqu'ils sont en costumes. J'aurais aimé être emportée comme les personnages désespérément romantiques de cette histoire. Hélas, la réalisation trop sage, trop appliquée reprend chronologiquement les étapes souvent tumultueuses des premières années d'émancipation de Mary mais sans supplément d'âme.

Mary quitte son père à 16 ans pour suivre Percy Shelley, beau poète romantique tourmenté dont elle tombe amoureuse au premier regard. La douce euphorie des débuts cède rapidement la place aux déboires et aux désillusions compte tenu de l'indigence dans laquelle le couple accompagné de Claire, amie de Mary, vit. Contraints constamment de fuir les créanciers, les 3 amis se réfugient chez Lord Byron autre jeune poète fiévreux et admiré de l'époque. Ce qui les rassemble c'est leur frénésie de lecture, leur passion pour l'écriture et leur liberté qu'ils accomplissent dans une vie de débauche au cours de laquelle ils boivent, baisent sans discernement ni la moindre préoccupation pour les enfants qui naissent.

Mary qui respecte au plus au point la liberté de chacun souffrira des faiblesses et des trahisons de son compagnon puis époux et de deuils qui la rendront dépressive. Jusqu'à ce que Byron propose lors d'une journée très pluvieuse d'écrire un texte d'épouvante pour tromper l'ennui. C'est ainsi que Mary, impressionnée par les expériences scientifiques de stimulation électrique auxquelles elle a assisté, donne vie à la créature imaginée et abandonnée par Victor Frankenstein. Elle s'inspire également de la profonde solitude dans laquelle Percy la plonge parfois. Là encore la réalisatrice rate les moments d'inspiration créatrice. On a l'impression que Mary écrit son roman en quelques heures avec une facilité déconcertante.

C'est ensuite qu'elle se confronte à la misogynie. La fille de la scandaleuse qui écrivit Souvenirs de l'auteur de la Défense des droits de la femme ne peut admettre que les éditeurs rejettent son roman au prétexte qu'il ne peut avoir été écrit par une si jeune fille. D'aucuns l'attribueront également à son mari car seuls les hommes peuvent écrire de telles choses...

Tout cela est réellement passionnant mais manque de fièvre. Pourtant l'interprétation est globalement efficace mais on sent peu le feu des passions décrites et surtout l'émotion face aux tromperies, à la pauvreté, à la déchéance. Dommage car la réalisatrice tient en la bouillonnante Elle Fanning une interprète de rêve. Elle justifie de se déplacer. A tout juste 20 ans, cette surdouée qui a toujours refusé les rôles de son âge et de s'enfermer dans des histoires adolescentes formatées est déjà titulaire d'une filmographie impressionnante où elle impose sa grâce, mélange de fragilité et d'autorité.

Commentaires

  • Wadjdja était un régal - mais il est toujours difficile de retrouver le même niveau après une première oeuvre réussie. Un film qui nous tente...

  • Je ne l'aurais manqué sous aucun prétexte compte tenu du contexte littéraire et de l'actrice.

  • J'essaierai d'aller le voir quand même, je connais assez peu la vie de cette auteure si connue par ailleurs.

  • Oui c'est intéressant à ce titre.
    Ensuite je me suis renseignée sur ces personnages. Quelles vies de drames !

  • Même si elle y a sans doute mis un peu de son vécu personnel, la réalisatrice (qui a retouché le scénario qu'on lui a proposé) a semble-t-il voulu réaliser un film qui soit dans l'ambiance du roman "Frankenstein". Cela peut déconcerter parce que les adaptations cinématographiques ont propagé une imagerie spectaculaire, pas tout à fait fidèle au roman.

  • Sans doute mais c'est quand même trop sage par rapport à la vie tumultueuse qu'ils ont eue. On ne ressent pas bien les difficultés je trouve.
    Je me suis tjs demandé comment ces gens faisaient pour voyager autant.

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