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ANNONAY 2019

 COUP DE PROJECTEUR SUR LA PALESTINE

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SAMOUNI ROAD de Stefano Savona *** 

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Synopsis : Dans la périphérie rurale de la ville de Gaza, la famille Samouni s’apprête à célébrer un mariage. C'est la première fête depuis la dernière guerre. Amal, Fouad, leurs frères et leurs cousins ont perdu leurs parents, leurs maisons et leurs oliviers. Le quartier où ils habitent est en reconstruction. Ils replantent des arbres et labourent les champs, mais une tâche plus difficile encore incombe à ces jeunes survivants : reconstruire leur propre mémoire. Au fil de leurs souvenirs, Samouni Road dresse un portrait de cette famille avant, pendant et après l’événement qui a changé leur vie à jamais.

C'est un petit village calme et tranquille où il ne se passe pas grand chose. Même si les habitants voient et entendent pratiquement sans broncher les avions israéliens leur passer au dessus de la tête, un des père de la famille Samouni en est sûr : "ils savent qu'on est des calmes et de toute façon je peux parler avec eux, je parle hébreu". Sauf qu'en 2009 les bombardements ne les ont pas épargnés. Pire, guidés par les images satellites, les soldats sont sommés de tirer sur les habitants d'une maison.

- "Ce sont des civils, il y a des enfants.

- Non ils sont armés. Tirez."

Un massacre. Salma, une petite fille, blessée et que tout le monde croit morte va rester plusieurs jours sous les décombres et les cadavres, jusqu'à ce que la Croix Rouge intervienne quelques jours plus tard. C'est par sa voix et son doux visage qu'on apprendra beaucoup des choses qui se sont passées, elle qui prétend d'emblée qu'elle ne sait pas raconter les histoires. Ce qu'elle évoque immédiatement au milieu des ruines, des gravats, des ordures c'est l'absence du sycomore immense, bombardé, qui occupait tout un carrefour du village, là où les hommes dont son père, se réunissaient pour discuter. A cet endroit, il y avait des citronniers, des oliviers qui permettaient aux familles de vivre.

Parfois même l'humour s'invite. Le père a eu deux épouses. Il souhaite qu'elles et leurs 7 enfants (chacune…) vivent désormais sous son toit pour qu'ils soient protégés. Un ami lui suggère qu'elles vont s'entretuer. Et plus tard il dira, souriant : "il aura fallu la guerre pour vous rassembler".

Les témoignages s'enchaînent plus sobres et néanmoins bouleversants les uns que les autres et toujours on revient à la fillette qui dira : "je ne comprends vraiment pas ce qu'ils ont dans la tête les israéliens". La voix du bon sens tout simple. Et ce qui surprend est l'absence totale de haine et de colère. L'absence de larmes aussi. Rendus pour la plupart incapables de pleurer comme si l'horreur et la douleur de la perte des siens dans ces conditions précises faisait partie naturellement de l'existence. Non, la guerre est une abomination, tant pis pour la naïveté de le dire.

Le réalisateur n'était pas là lors des bombardements. Il les a recréés en animation suivant un procédé tout à fait singulier et très beau, en suivant les propos et les souvenirs de chacun. Ces moments s'intègrent parfaitement au récit même si parfois on se perd un peu dans la chronologie.

Critiquer le parti pris du cinéaste serait selon moi sans fondement. Je pense qu'il dénonce avant tout la guerre, n'importe laquelle, qui touche les civils absolument pas concernés et ici totalement apolitiques. Et il montre bien comment les différents partis (Hamas, Fatah…) tentent de récupérer la douleur de la famille et du village. Et là, brusquement la haine surgit...

Un film terrible dont on sort bien secoué.

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MAFAK de Bassam Jarbawi ***(*)
1er film en compétition - Palestine

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Avec Ziad Bakri, Areen Omari, Jameel Khoury
Synopsis : Après quinze ans de prison, Ziad, que tout le monde considère comme un héros, tente de se réadapter à la vie "normale" en Palestine. Incapable de distinguer la réalité de ses hallucinations, il se force à revenir là où tout a commencé.
 
Deuxième film palestinien de la journée. Une fiction cette fois qui s'inscrit néanmoins dans la réalité de la bande de Gazah, mais de façon plus actuelle. On est "en ville".
 
Enfant, Ziad découvre la violence en s'amusant avec son meilleur ami Ramzi. L'un armé d'un cutter, l'autre d'un tournevis (le mafak du titre)… Les deux enfants seront blessés mais resteront amis.
 
Plus tard Ziad est un ado d'une grande beauté qui semble très populaire autant auprès des garçons que des filles. Il est acclamé sur le terrain de basket. Lors d'une soirée, Ramzi reçoit une balle perdue israélienne. Quelque temps après les trois amis restant tirent sur un israélien pour venger leur ami mort. Nous apprendrons plus tard qu'il ne faut pas se fier aux apparences.
 
Ziad est arrêté, torturé mais ne parlera pas. Il ne dénoncera pas ses amis, leur devise étant : "celui qui est pris paie pour tous". Il ne faillit pas au serment.
 
15 ans plus tard, on retrouve un homme brisé qui est acclamé en martyr et en héros. Il se plie de bonne grâce aux acclamations mais n'en éprouvent aucune joie. Sa réinsertion n'est pas simple malgré les efforts de son entourage. Sa mère aimante, une jeune femme qui l'aime depuis l'enfance et aimerait l'épouser, sa sœur qui tente de le secouer (et aussi de l'inciter à se marier car les traditions veulent que la cadette ne pourra se marier si l'aîné ne l'est pas), et une journaliste américano-palestinienne qui veut tirer un reportage de son expérience… personne ne parvient à sortir Ziad de sa torpeur. A l'aider à chasser les démons, les images, les hallucinations. Ajoutons à cela son corps qui souffre sans aucune raison physiologique.
 
Seul un jeune homme, qui tague les murs du camp de réfugiés de dessins somptueux réussit parfois à communiquer.
 
Le réalisateur nous épargne les années d'enfermement dans la prison israélienne. Il concentre son attention sur la souffrance et le combat perpétuel de son héros, lui aussi sans haine.
 
Pour ce faire il peut compter sur la complicité et la collaboration sans faille d'un acteur prodigieux, d'une beauté  et d'une intensité renversantes.
 
La fin est… désespérante.
 

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Commentaires

  • Intéressant, tout ça. Je n'ai vu qu'un seul film palestinien jusqu'à aujourd'hui ("Omar") et il était bien éprouvant également. Je serais curieux de savoir s'il existe d'autres films de ce pays qui soient plus poétiques ou optimistes, tout simplement.

  • Étant donné les conditions dans lesquelles ils vivent, il faudrait un réalisateur très imaginatif. C'est désespérant.
    Cela dit les Samouni ne font pas de politique, ils essayaient juste de vivre de la récolte de leurs fruits... et Ziad essaie de s'intégrer en travaillant ...

  • C'est bouleversant et insupportable.

  • Samouni road un film très fort que j avais vu fin 2018 et qui m avait bouleversé

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