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LE DAIM

de Quentin Dupieux ***

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Avec Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy, Marie Bunel

Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet.

Gloire à Quentin Dupieux de continuer à nous offrir un cinéma hors des sentiers battus qui réveille l'attention et l'enthousiasme de la cinéphile parfois endormi(e)(s).

Evidemment ce cinéma n'est pas à mettre devant tous les yeux car le grand projet de Georges et de son blouson et surtout sa réalisation pourraient heurter les plus sensibles. La fable est absurde de bout en bout et laisse peu de place au vraisemblable mais quel régal.

En acquérant son blouson 100 % daim qui va lui donner un "style de malade", Georges n'a nullement l'impression de se faire avoir. Pourtant le vendeur (adorable Albert Delpy) lui offre en guise de cadeau commercial, un petit camescope grâce ou à cause duquel il va se prendre et se faire passer pour un cinéaste. Il n'a aucune idée de ce que sont un producteur, un montage mais rien n'arrête Georges.

Lorsqu'il appelle sa femme pour la rassurer et sans doute souhaiter qu'elle le rappelle : "je suis parti,. Loin. Tu veux savoir où je suis ?", elle lui répond : "non, Georges, tu n'es nulle part, tu n'existes plus". Est-ce que la folie qui peu à peu va l'envahir avait donné des prémices avant qu'on ne fasse la connaissance de Georges ? Nous ne le saurons pas. En tout cas, il ne faut pas longtemps au spectateur pour comprendre que Georges n'a pas inventé la marche arrière mais aussi qu'il n'a pas la lumière à tous les étages. Mais évidemment, c'est un homme, il se la raconte,  d'autant plus depuis qu'il porte son nouveau blouson et notamment en se contemplant dans tout ce qui peut lui renvoyer son reflet.

Georges est en pleine crise existentielle mais aussi il crève de solitude sans l'avouer, peut-être aussi sans même le savoir. Lorsque son blouson va se mettre à lui parler, on pense à Rubber, le seul pneu serial killer du cinéma mondial (je suppose). Et c'est là qu'intervient le génie de Jean Dujardin qui va finalement interpréter deux rôles. Il devient à la fois le blouson et un homme dépressif et solitaire. On savait déjà Jeannot capable d'émouvoir la terre entière dans un rôle muet, ici c'est de sa voix qu'il joue. A merveille, et rendons grâce à Quentin Dupieux d'avoir pensé à lui pour ce rôle sans craindre qu'il ne l'envahisse et se l'accapare en faisant "du Dujardin". Ici nulle grimace (fini le dromadaire), nul sourire trois bis (estampillé macho/dentifrice), Jean Dujardin est extraordinaire. Bien sûr on reconnaît sa compétence à jouer les crétins des Pyrénées avec aisance, mais sa naïveté et sa bêtise finissent par être touchantes.

Le réalisateur pousse l'absurde jusqu'à faire que le blouson parle alors que Georges dort... On le sait très perché ce garçon mais une fois encore il va au bout de l'étrange et de l'inquiétant. Car cet humour a parfois des côtés anxiogènes. On ne rit pas aux éclats mais on finit par accepter que Georges aille au bout de son délire.

Face à lui Adèle Haenel s'empare avec aisance et conviction de l'humour nonsensique ambiant. Et est-ce elle, son interprétation ou le personnage qui y ajoute une réelle ambiguïté ? Le final me laissera encore plus dubitative sur ce point. Quant à la sage Marie Bunel, on se réjouit de la découvrir dans un rôle totalement à contre-courant de ce qu'on connaît d'elle.

Dans une atmosphère grise, terne, sale, dans un style minimaliste, sans moyen (quoique... une pastèque en hiver quand même...) Quentin Dupieux nous emmène une fois de plus au bout de l'absurde, de la solitude à la folie, et ça fait du bien.

Commentaires

  • J'ai bien aimé le film, mais je suis moins enthousiaste que toi. C'est parfois mal fagoté... et je pense que cela ne convient pas à tous les publics. Ceux qui s'attendent à voir une comédie déjantée de bout en bout risquent d'être déçus. C'est plutôt une comédie décalée.

  • Oui ce n'est pas forcément structuré.
    Ce cinéma fait du bien je trouve.

  • Dupieux, du cinéma à quitte ou double ? Banco pour l'originalité.

    Je ne sais pas encore si j'irai voir "Le daim". Mais je salue l'audace de ce réalisateur.
    Qu'Adèle Haenel et Jean Dujardin se coulent dans son univers m'attire, bien évidemment...

  • Le film à ne pas rater en ce moment !

  • Grand Dupieux, immense Dujardin, formidable Haenel, et cette veste… une tuerie. Moins de non-sens, plus de folie. J'adore.

  • Pinaize le Prince s'emballe là !!
    Perso les docs animaliers chuis pas trop fan, une exception toutefois 'Le Guépard' de Visconti.
    La chaleur probablement .......... ;-)

  • Un style de malade.

  • J'aime beaucoup ton article, tu en parles très bien. Je suis perplexe car ce George m'a attristée finalement, et cette fois-ci ce n'est pas si absurde, c'est la folie d'un homme ... Il est à voir c'est sur !

  • Merci c'est gentil.
    Oui il peut être touchant. Mais si tous les solitaires devenaient fous et tueurs... ça ferait de la place :-)

  • "sans moyen (quoique... une pastèque en hiver quand même...)" : j'ai plus ri devant ce commentaire que devant le film. :)

  • Ah j'adore faire rire.
    C'est sûr que le bilan carbone de la pastèque n'est pas top :-)

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