Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ROJO

de Benjamin Naisthat ***

ROJO de Benjamin Naisthat, cinéma, Festival Film Policier Beaune

Avec Darío Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro, Laura Grandinetti

Synopsis : 1975. Claudio, avocat réputé et notable local, mène une existence confortable, acceptant de fermer les yeux sur les pratiques du régime en place. Lors d’un dîner, il est violemment pris à parti par un inconnu et l’altercation vire au drame. Claudio fait en sorte d’étouffer l’affaire, sans se douter que cette décision va l’entraîner dans une spirale sans fin.

Ce film aurait put s'appeler Désert tant les possibilités sont immenses pour y déposer des cadavres gênants…

En sortant de la salle j'ai entendu deux personnes déçues qui disaient avoir eu l'impression de voir un épisode de Colombo tant le film semble daté. Je comprends ce qu'elles veulent dire mais je les trouve vraiment sévères. L'action se déroule dans les années 70. On ne peut donc reprocher au réalisateur une reconstitution d'époque impeccable. Il est vrai qu'il ne manque ni pattes d'éph' ni moustaches. Mais l'évocation de cette époque doit être plus "parlante" pour les argentins puisqu'elle se situe à la veille du coup d'Etat. Donc, si on est pas féru d'histoire argentine on peut passer à côté de l'aspect socialo-politique : misère, chômage, inégalité, corruption… Mais je pense qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait une thèse historique pour apprécier le film car côté réalisation et polar, c'est du lourd.

La construction du film nous balade astucieusement pendant sans doute plus d'une heure pour finir par refermer toutes les pistes ouvertes et résoudre les énigmes. Sauf une… la disparition d'un ado dont le corps doit s'être desséché au soleil du désert...

Les deux premières scènes sont surréalistes. En plan fixe on observe des gens sortir les uns après les autres d'une maison, sans paroles, sans explications. On ne reviendra que beaucoup plus tard dans cette maison. La deuxième scène se passe dans un restaurant et la tension monte entre un type assis à une table de restaurant. Il ne consomme pas, il attend sa femme. Un autre homme le fixe et s'indigne que lui soit obligé d'attendre (le restaurant est plein) alors qu'il est seul et pourrait consommer. Le premier finit par céder sa place au second qui va l'humilier devant toute l'assemblée. C'est ce petit grain de sable qui va mettre le feu aux poudres…

L'humour, l'absurde et le suspense se côtoient dans ce polar. De cette scène inaugurale va surgir toute une spirale d'évènements qui vont placer le "héros", un avocat sûr de lui (sosie de Jean-Pierre Marielle), face à ses contradictions et ses responsabilités et peut être aussi sa morale. On en doute davantage. Le chacun pour soi étant le mot d'ordre. Mais sa petite vie bourgeoise et tranquille risque d'être bouleversée dès qu'intervient un enquêteur intraitable sous sa mine quelconque.

On est mal à l'aise, on doute, on hésite, on ne sait trop où l'on va. Une éclipse totale du soleil, que l'on observait droit dans les yeux à l'époque, va même s'inviter dans le paysage pour encore troubler notre perception.

Le réalisateur insiste sur l'aspect politique de son film :J'avais besoin d'en parler dans Rojo : ma famille a vécu l'exil et l'incendie de sa maison par des groupes d'extrême-droite. Je suis né avec la résonnance de ces récits. Je voulais faire un film sur cette société malade, pour qu'elle se réveille et se regarde dans le miroir. Parce qu'on va tous chez le psychanalyste, en Argentine".

Commentaires

  • Tout dépend de quel cinéma on parle ..
    Jackie Brown, le dernier film (re)vu hier soir, pour le reste je ne mets plus les pieds dans une quelconque salle ...
    Un formidable doc à conseiller en passant 'The Down Wall' de Peter Mortimer & Josh Lowell vu sur Netflix.
    Voili, mardi je mets les voiles, Ecosse au programme retour mi-août ou pas.
    ++

  • Je pense que tu dois louper plein de belles choses.
    Neflix n'est pas du cinéma. Je ne me sens bien qu'en salle pour voir un film.

    A l'Ecosse !!! J'aimerais y aller. Bon voyage et bise à la belle-mère.

  • Netflix n'est pas du cinéma comme Venise n'est pas en Italie, TT est relatif en ce bas monde.

  • Alors justement moi j'ai trouvé qu'entre le politique et ses deux personnes mortes et qui sèchent au soleil, le réal a trop embrouillé les fils et multiplié les pistes. J'ai pas tout compris. Par contre j'ai adoré la mise en scène et la photographie, ça fait pas du tout Colombo (mais j'aime bien Colombo moi).

  • Non ça ne fait pas Colombo. C'est le coté vieillot qui leur a fait dire ça je pense.
    Il y en a un qui sèche et dont on a plus de nouvelles, mais c'est quand même réjouissant.

  • Bonjour Pascale, je compte bien aller voir ce film sorti en catamini demain soir. Un polar, argentin et l'un des deux acteurs qui jouait dans Parle avec elle. J'ai hâte. Bonne journée.

  • Ces dernières années, l'été a chaque fois vu la sortie d'un polar étranger qui déchire ("Metro Manila" en 2013, "La Isla minima" en 2015, "Le Caire Confidentiel" et "Que Dios nos perdone" en 2017, "The Guilty" en 2018...).

    "Rojo" peut déconcerter parce qu'il est un peu conceptuel. On peut se contenter d'en suivre l'intrigue et de savourer le portrait d'une bourgeoisie provinciale pas aussi propre qu'elle voudrait le laisser croire. Les Argentins sont peut-être plus sensibles au propos politique qui se cache derrière (sur la mise en place de la dictature).

  • J'ai vu tous ces films chaque fois au Festival de Beaune qui a toujours une programmation au top.

    Oui ça doit être plus limpide pour les argentins.

Écrire un commentaire

Optionnel