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CHERS CAMARADES

d'Andrey Konchalovsky ***(*)

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avec Yuliya Vysostkaya, Vladislav Komarov, Andrey Gusev

Lioudmila est fonctionnaire du Parti Communiste dans une ville moyenne d'URSS, Novotcherkassk. Elle vit avec son père, vieux cosaque nostalgique et sa fille, ado rebelle. Son amant est un homme marié, c'est aussi son chef de service.

Dans l'intimité comme dans le cadre du travail, il parle d'elle en ces termes : "quelle furie !".  En effet, tout semble bien organisé et rodé dans la vie de Lioudmila qui court beaucoup pour tout gérer et tout contrôler. Tout s'effondre aux premiers jours de juin 1962 lorsque les ouvriers de l'usine de locomotives électriques de la ville se mettent en grève contre les conditions de travail et l'augmentation des prix des produits alimentaires de base. Sa fille participe à la manifestation et disparaît.

Beaucoup plus abordable que son récent Michel-Ange, ce Chers Camarades nous plonge de façon totalement immersive dans le quotidien des citoyens soviétiques de ces années là. Le réalisateur reconstitue en quelques scènes la vie de l'époque. Lioudmila subit comme les autres les restrictions et hausses de prix mais en tant que fonctionnaire du Parti bénéficie également de privilèges pour obtenir des denrées et produits devenus rares. Ces faveurs ne la dérangent absolument pas lorsqu'elle coupe les longues files d'attente des moins chanceux.

Il y a donc deux parties clairement distinctes dans le film où l'on voit Lioudmila évoluer en fonction de ce qui la touche dans sa vie privée. Ouvertement stalinienne dans un premier temps, elle soupire : "sans Staline que nous reste-t-il ?" et n'hésite pas à réclamer la plus grande sévérité pour les grévistes. Cette grève est effectivement réprimée dans le sang. Un sniper du KGB tire dans la foule faisant 26 morts et 87 blessés. C'est pourtant l'armée, équipée de balles à blanc qui est tenue responsable des faits. Quant au Parti, il organise un bal sur la place même des évènements pour tenter de faire oublier "l'incident". On est abasourdi devant la façon dont le gouvernement s'empresse de classer secret ce massacre. En se documentant, on peut voir aujourd'hui Poutine venir s'agenouiller religieusement devant le mémorial des victimes. Les russes n'ont connu cette horreur qu'en 1992. Les témoins avaient plutôt intérêt à se taire.

La seconde partie est donc le parcours personnel de Lioudmila qui part à la recherche de sa fille disparue pendant l'émeute. Elle est accompagnée par un agent du KGB absolument incroyable (l'acteur et le personnage). Son enquête lui fait peu à peu découvrir les atrocités commises par le Parti qu'elle défendait jusque là. La monstruosité succède à l'abomination et la désillusion progressive de Lioudmila la rend de plus en plus fragile.

Le réalisateur confronte le fait historique au parcours intime d'une femme, l'idéologie aveugle à l'amour maternel dans une oeuvre forte à la fois documentée et romanesque. Il alterne avec brio scènes d'action, vie familiale, réunions politiques sur fond de propagande, dévotion quasi fanatique et opinions sincères.

A voir.

Commentaires

  • "Chers camarades" risque d'être un de mes films de l'année. Les acteurs principaux (souvent issus du monde théâtral) sont bons et j'ai trouvé la mise en scène brillante. (Parmi les personnages masculins, outre le grand-père, plus que l'amant, je mentionnerais le "gentil" agent du KGB, qui accompagne l'héroïne dans ses recherches et son évolution politique.)

  • Tu as raison. Elle est formidablement bien entourée. L'agent du KGB est incroyable.

  • Ah oui, à voir absolument.

  • Ah, tiens ! Merci d'en parler. Je ne sais pas pourquoi, je m'étais persuadé qu'il s'agissait d'un documentaire...

  • Je l'ai cru aussi mais quand j'ai vu la BA très bien faite, j'ai eu très envie de le voir. J'ai bien fait.

  • Oui le genre de film que je suis contente de ne pas rater.

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