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TROIS FOIS DEPARDIEU

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ROBUSTE de Constance Meyer ***

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Avec Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena

Georges acteur vieillissant qui "aime faire chier le monde" fait la connaissance d'Aïssa qui va devenir pendant quelque temps son chauffeur, son garde du corps. Le monde du cinéma et celui de la sécurité n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Il y a même un gouffre. Mais entre la star et la jeune femme le premier point commun évident est leur physique hors normes. Ce qui justifie sans doute le titre. Mais évidemment sous la carapace imposante sommeillent deux être fragiles et vulnérables.

L'acteur a développé une détestation de soi qu'il exprime devant son miroir : "quelle gueule de con !", ça ne fait pas rire, ça fait mal. Parce que Depardieu de plus en plus encombré par son corps qui le dégoûte manifestement ne cesse pourtant de l'exposer face aux caméras bien qu'il ait de plus en plus de difficultés à le déplacer. Pourtant il continue aussi de chevaucher sa moto, de tomber et de se relever. Quant au personnage de Déborah Lukumuena elle semble le mettre (son corps) au défi sur les tatamis de la lutte et aussi dans une relation sentimentale sur laquelle elle ne se fait aucune illusion.

La rencontre est belle parce que les deux acteurs sont filmés avec amour, respect et admiration. Et on peut reconnaître à Depardieu de continuer à faire confiance, à s'offrir à de jeunes réalisateurs, ici une réalisatrice dont c'est le premier film. La "bête", malgré ses soupirs profonds, ses agacements, ses exigences, ses sautes d'humeur et ses instants de douceur semble avoir été parfaitement maîtrisée. Il ne tire jamais la couverture à lui et la jeune actrice de 27 ans face à lui ne semble pas du tout impressionnée.

Les seuls moments drôles sont ceux où le réalisateur du film dans le film fait ses remarques incompréhensibles et que Georges/Gérard lui envoie : "arrête de penser". Pour le reste, les jolies scènes s'enchaînent. Lorsque l'acteur doit apprendre un texte (avec difficulté) sa voix, son rythme fatigué, la plupart du temps haletant envahissent l'écran. Ses insomnies sont rythmées par des crises d'angoisse paralysante qu'il prend pour de la tachycardie et que seule Aïssa parvient à calmer à la grande surprise du monstre. C'est très beau de voir ces deux personnages qui souffrent intérieurement se rapprocher, une main posée sur une épaule parfois. Mais c'est dans la scène la plus cruelle (celle du restaurant) que les deux acteurs montrent toute la force de leur talent, la puissance de leur interprétation. Tous les deux se sortent admirablement d'un moment très embarrassant. Ils sont touchants.

Depardieu est immense.

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MAIGRET de Patrice Leconte ***

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Avec Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier, Aurore Clément, André Wilms

Dès la scène d'ouverture plutôt embarrassante dans laquelle une jeune fille essaie une robe de soirée sous le regard très intrusif et insistant de la vendeuse (j'ai mal compris le message) on se doute que la jeune fille morte à propos de laquelle va enquêter Maigret, c'est elle. Petit oiseau fragile et inquiet elle est rapidement retrouvée morte dans sa belle robe ensanglantée lacérée de nombreux coups de couteaux. Très rapidement on se doute qui est le/la coupable et ce n'est guère gênant car ce qui intéresse le réalisateur n'est pas la destination mais le chemin pour y arriver. Et Maigret va prendre son temps d'abord plus intéressé de connaître l'identité de la défunte que le responsable de son meurtre. Il va post mortem quasiment s'attacher à cette petite jeune femme, débarquée de sa province pour "réussir" à Paris et rapidement tombée sous la coupe de personnes malveillantes. Il va rencontrer une autre jeune fille dans la même situation mais encore bien vivante et mettre un point d'honneur à la protéger d'un destin funeste. Plus tard, nous comprenons pourquoi le sort de ces jeunes filles le touche particulièrement.

Je n'ai jamais lu de Simenon mais ce film m'en a donné l'envie. L'enquête est simple, plutôt nonchalante et à l'écran cela donne un film qui a un petit côté vintage et c'est finalement reposant de n'avoir ni images stroboscopiques ni effets spéciaux. J'ai néanmoins regretté que les années 50 soient représentées par ces couleurs froides et cette image sombre comme si l'on s'éclairait encore à la bougie. Mais pour le reste, je suis satisfaite d'avoir accompagné Maigret dans son enquête à l'ancienne.

Maigret pose peu de questions, il laisse les gens parler et résout l'énigme sans qu'on s'y attende. Et pour Patrice Leconte c'est manifestement l'atmosphère qui lui importe et plus encore peut-être la présence massive, essoufflée, douloureuse et désabusée de sa star qui pourtant reste sobre dans tous les sens du terme, même si dit-il : "quand je commence une enquête au blanc, je la termine au blanc". Maigret et Depardieu sont vieillissants dans ce film. Depardieu n'est pas un vieil homme mais son surpoids, ses problèmes cardiaques font qu'il se déplace de plus en plus difficilement et toujours très essoufflé. Le réalisateur l'envoie donc directement chez le toubib au début du film qui lui interdit le tabac. La mythique pipe ne sera donc pas un accessoire (d'ailleurs dira-t-il ceci n'est pas une pipe) mais un objet de convoitise qui donnera lieu à une (la seule ?) scène drôle du film où il explique à un subalterne qui s'y prend mal comment faire "pop pop pop" en fumant. Et lorsque de sa voix fatiguée il se présente "Maigret, brigade criminelle, 36 quai des orfèvres", on pense à Bond, James Bond (je rigole !) et le rôle semble fait pour lui.

Interviewé récemment, on demandait à Depardieu comment il allait. Il a eu cette réponse qui fait mal : "fatigué de vivre, effrayé de mourir". Et cela se voit à l'écran. Il y aura une seule scène dans laquelle interviendra le désormais regretté André Wilms qui semblait bien épuisé également dans le film où il sera question de la perte d'un enfant. Là encore Depardieu convoque toute la tristesse du monde.

Vous l'avez compris si vous êtes allergique à Gérard Depardieu, il vaut mieux éviter ce film. Tous les autres autour de lui ont beau faire ce qu'ils peuvent et je vous le répète, il ne fait rien pour tirer la couverture à lui, on ne voit, on n'entend que lui. Moi, ça me va très bien.

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MAISON DE RETRAITE de Thomas Gilou **(*)

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Avec Kev Adams, Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Milène Demongeot, Jean-Luc Bideau, Marthe Villalonga, Firmine Richard, Liliane Rovère

Un jeune type, Milann pas très fufute, pas très occupé et très sympathique (c'est Kev Adams) obtient par son avocat de frère d'effectuer 300 heures d'intérêt général pour lui éviter la prison suite à une boulette. Il doit donc pendant deux mois être l'homme à tout faire de la maison de retraite Les Mimosas. Vous vous en doutez, ça commence très mal et ça finit très bien avec entre les deux, la découverte d'une escroquerie de la part du directeur de l'établissement à l'encontre de ses vieux pensionnaires.

Je n'avais pas l'envie effrénée de voir ce film car les comédies françaises et moi sommes un peu fâchées. Je craignais l'abondance de gags à base de pipi, caca, prout et je dois dire que lors de la première demi-heure j'ai craint le pire. Et puis ça s'arrange lorsque tendresse, bienveillance et solidarité entre les vieux et le jeune s'installent progressivement. On y croit parce que face au jeune Milann de 30 ans il y a 7 acteurs qui ont vraiment un âge très avancé pour certains et on croit à leur démarche hésitante, leur voix éraillée, leur peau fripée. Et en plus, ils sont très bons.

J'ai fait le calcul, Kev Adams fait tomber la moyenne d'âge de ce film à 75 ans, c'est dire. Et finalement il tombe à pic au moment où le scandale des mauvais traitements dans certains Ehpad va peut-être enfin faire bouger les choses abjectes et condamnables qui se passent dans certains d'entre eux. Thomas Gilou et Kev Adams (au scenario) ne pouvaient certainement pas prévoir ce timing et le film n'est pas une virulente condamnation. Ici la maltraitance est toujours hors champ et concerne surtout une arnaque, les conditions de vie ne sont pas épouvantables et le personnel reste plutôt chaleureux. Bref on est dans une comédie. Mais elle est finalement plus tendre et touchante que drôle et surtout loin d'être indigne.

Commentaires

  • Quoi que l'on pense des déclarations politiques de Gégé, il reste un très bon acteur, certes un peu essoufflé, mais c'est l'un des rares encore en vie que l'on puisse qualifier de "monstre". Omniprésent dans "Maigret" (sans avoir besoin de parler), il est je trouve plus étincelant en ancien boxeur dans "Maison de retraite".

  • Je le trouve très silencieux sur ses accointances passées en ce moment et c'est très bien ainsi.
    Et oui c'est agréable de le voir plus lumineux et chaleureux dans Maison de retraite.

  • Depardieu est effectivement un des derniers "monstres". Il est soudain la meilleure incarnation de Maigret...

  • Voilà. Maigret c'était lui.

  • Bonjour Pascale, je suis contente que tu aies aimé les deux films comme moi. Je les ai chroniqués aussi dans le même billet. Depardieu est vraiment impérial dans les deux rôles. Bonne journée.

  • Bonjour Dasola,
    Oui j'ai lu chez toi. Il est formidable effectivement.

  • Je me passerai bien de la maison de retraite, mais voir Maigret me dirait bien, l'occasion effectivement d voir l'un des derniers gros monstres, moi qui est découvert Maigret au siècle dernier avec Jean Richard... Mais par contre, est-ce que j'ai lu un Simenon, plus jeune, pas sûr...

  • Tu peux en effet te passer de Maison de retraite, pas indigne mais pas folichon non plus.
    Je me souviens de Pierre Richard et moins de Crémer et je suis SÛRE de n'avoir jamais lu Simenon. A réparer.

  • Maigret en grand blond avec une chaussure noire ? Ça doit valoir le coup d'œil. Ne sait-ce pas plutôt un Jean en lieu et place de Pierre au bout de la pipe?

  • Il est vrai que Pierre et Jean se ressemblent... :-) surtout dans les premiers Maigret en noir et blanc, où effectivement sous son chapeau, il peu paraître blond, et je confirme sa chaussure était bien noir !

  • J'ai lu en diagonale la partie Maigret, je reviendrai quand je l'aurai vu. Ça a l'air bien.
    Le film de Kev Adam tombe au bon moment en effet, même si le problème est connu de longue date. Néanmoins, je n'ai pas très envie de passer ne serait-ce qu'une tete dans cette salle tant la bande-annonce m'a consterné par ses poncifs. Et puis Kev Adam au ciné, désolé, c'est au-dessus de mes forces.

  • J'attends tes impressions sur le Maigret of course.
    Quant à la Maison de retraite... c'est mon premier Kev Adams et pour le peu que j'en connaisse du bonhomme, ce n'est pas un rôle de composition. Il est à l'écran comme à la ville et lycée de Versailles... pas antipathique mais vraiment pas un acteur dont le jeu (ici) consiste à rouler des billes, innocent tout étonné devant la cruauté du monde.

  • Je verrai peut-être "Maigret".
    "Maison de retraite" attendra probablement le passage télé.

    Ce Depardieu m'épatera toujours. Je suis souvent content de le retrouver, même si je le trouve assez antipathique dans ses (désormais rares) interventions publiques. Le meilleur des Cyrano !

  • Ah tu n'as pas dû le voir récemment et on l'a vu souvent ces temps ci.
    Il n'a plus rien d'antipathique et ne nous assène plus ses opinions à l'emporte pièce. Il est très émouvant.

  • De la Maison de Retraite à la chambre froide de Maigret, il n'y avait pas loin en effet. Tu aurais même pu faire la preuve par trois en ajoutant Robuste . Depardieu sur tous les fronts, increvable. Et pourtant bien essoufflé pour voir la dame du 6ème étage. Essoufflé comme l'inspiration de Leconte qui trempe son Simenon dans les flaques d'un Paris fifties aux couleurs délavées. Idéal pour un petit somme.
    Dans "Illusions perdues" il est très bien Gégé.

  • Je vais ajouter Robuste... mais l'énorme Gégé ressemble de plus en plus à une brindille au souffle très très court.

  • Nous n’avons vu pour l’instant que Maigret. Depardieu vieillissant devient de plus en plus un immense acteur qui gagne en sobriété. Le Depardieu jeune en faisait souvent trop. Patrice Leconte a réussi à créer une atmosphère particulière. Un film réfléchi et « soigné » !

  • C'est ça, il avait une fâcheuse tendance à en faire trop. Les excès font quasiment partie de son adn et en vieillissant il lui suffit d'être plus naturel pour être crédible et impressionnant.
    Soigné oui, mais j'ai trouvé l'image trop sombre

  • Depardieu est vraiment l'un des acteurs les plus immenses de notre patrimoine Français, mais aussi l'un des plus controversés, et les nouvelles affaires ne vont pas arranger sa réputation. Je n'ai vu aucun de ces films. Robuste me tentait mais j'ai finalement fait d'autres choix.

  • Il y a de nouvelles affaires ??? Il a ouvert sa bouche ? dommage.
    Il est tellement extraordinaire dans ces trois films.
    Robuste réserve peu de surprises mais le "couple" d'acteurs est incroyable.

  • Ai vu finalement les 3. Notre gege s'expose. Se montre.. Avec tous ces accidents. Parfois essoufflé ou exténué. Mais belle interprétation et belles rencontres entre 2 robustes personnages qui tiennent bien leur place.. Peu de surprise dans robuste oui mais belle rencontre entre ces 2 personnes.
    Très content de revoir tous ces visages connus dans cette maison de retraite Liliane Daniel MYlène Marthe
    Depardleu enfile super bien le costume de maigre...

  • Il est parfait dans les 3 rôles. Même si ça me fait mal de le voir diminuer ainsi. Je ne crois pas que son essoufflement permanent et sa difficulté à se déplacer soient indispensables aux rôles.

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