de Marco Kreuzpaintner ***(*)

Avec Elyas M'Barek, Franco Nero, Alexandra Maria Lara, Heiner Lauterbach

Le riche industriel Hans Meyer est sauvagement assassiné dans un hôtel de Berlin en 2001. Son assassin se rend dans le hall de l'hôtel où il reconnaît le meurtre. Arrêté, il refuse de parler et de justifier son acte. Un jeune avocat Caspar Leinen est commis d'office.

D'origine turque, Caspar a jadis été recueilli dans la famille Meyer ce qui lui a permis de poursuivre des études de droit. Il a également connu un amour de jeunesse avec Johanna la petite fille d'Hans Meyer. Il accepte néanmoins de défendre Fabrizio Collini.

L'affiche est un véritable spoiler ce qui est dommage parce que ce que l'on va découvrir fait froid dans le dos et n'apparaît que très progressivement. Dans un premier temps, Caspar est surpris de découvrir que l'arme du crime est un modèle rare utilisé par la Wehmacht au cours de la seconde guerre mondiale (j'ose encore dire seconde...). Ce modèle lui évoque des souvenirs. Et je vais essayer de vous en dire le moins possible.

Caspar, presque seul contre tous et notamment contre l'impressionnant avocat de Meyer qui n'est autre qu'un de ses anciens professeurs qu'il admire, va mener une enquête, faire des recherches sur le passé militaire de la victime et se rendre à Montecatini en Italie, le village de Collini. Ce qu'il découvre devrait sans le moindre doute le faire triompher lors du procès mais l'avocat de la partie civile sort de sa manche la honteuse loi Dreher de 1968 dont je ne vous dis rien.

Lhistoire n'en finit pas de bégayer et le réalisateur replonge courageusement dans le passé honteux de l'Allemagne nazie et celui de la génération suivante qui a scandaleusement fermé les yeux sur les agissements de ses aînés. Il en adapte le roman éponyme de Ferdinand Von Schirach. Bien qu'il s'agisse d'une fiction, le récit est parfaitement crédible et la progression du récit est menée avec un enchaînement de révélations et de rebondissements qui le rend passionnant. La bonne idée est de ne jamais montrer le résultat des investigations que l'on découvre progressivement lors d'un procès sous haute tension.

Ce film de tribunal est de haute tenue, solide et rondement mené malgré sa facture classique (ce qui n'est ni un défaut ni une critique). Si la partie vie privée de l'avocat ne présente guère d'intérêt, il évoque surtout un scandale d'Etat mais aussi la difficulté d'un peuple à guérir totalement d'un passé infernal dont il n'est en rien responsable.

Dans le rôle de Fabrizio Collini, on retrouve avec infiniment de plaisir le grand Franco Nero digne et bouleversant.