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VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D'ÉTAT

de Jan P. Matuszynski ****

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D'ÉTAT  de Jan P. Matuszynski, cinéma, Avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak

Avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak

1983. Des amis fêtent la fin des premières épreuves du baccalauréat. Pour avoir chahuté dans les rues de Varsovie, Jurek et Grzegorz sont brutalement arrêtés par la très charmante milice citoyenne. Dans l'enceinte du commissariat Grzegorz est sauvagement battu par plusieurs hommes et meurt quelques jours plus tard faute d'avoir reçu des soins à temps.

Cette sinistre affaire n'aurait peut-être pas eu un tel retentissement si la mère de Grzegorz n'était la poétesse et militante anticommuniste proche du Syndicat Solidarnosc, Barbara Sadowska. Quelque temps avant la mort de son fils elle avait elle-même été brutalisée pour avoir participé à une manifestation. Des policiers lui ont cassé un doigt et menacé de s'en prendre à son fils. Même si l'arrestation de Grzegorz reste le fruit du hasard sans lien avec les menaces, les autorités vont tout faire pour empêcher un procès qui mettrait en cause la police du pays. Cela se passe en 1983 sous le régime totalitaire du Général Jaruzelski entre autre à l'origine de la répression contre Lech Walesa, l'internement de milliers de militants syndicaux, de l'état de siège dans les années 80. Notons que ce sinistre personnage est mort tranquillement de maladie à l'âge canonique de 90 ans.

Mais revenons en à notre Jurek en grave danger puisqu'il est le seul témoin survivant des actes de violence. Obligé de fuir, de se cacher mais aidé par la mère de Grzegorz et Jerzy Popiełuszko l'aumônier du Syndicat Solidarnosc il va parcourir le chemin de croix qui devrait mener au procès. Et le réalisateur n'élude rien des manoeuvres du régime en place pour assurer une justice inique. Tout y passe, les menaces, les chantages, la fabrication de faux coupables, la manipulation de la famille et une procureure terrifiante à qui est confié le procès.

Le film est long mais il est aussi puissant, chargé d'une ambiance poisseuse et mené comme un thriller qui décortique les effets délétères d'un régime dictatorial sur la vie des citoyens. La musique inspirée d'Ibrahim Maalouf ajoute encore à la tension omniprésente. Et malgré la complexité de l'affaire, les nombreux personnages et multiples rebondissements, le récit reste clair et constamment passionnant sans parler de l'impressionnante reconstitution des années 80.

Si l'on suit avec angoisse et empathie le parcours du jeune Jurek qui a assisté au calvaire de son jeune ami et doit faire face aux menaces qui pèsent sur lui et à l'incompréhension de ses parents qui supposent que Barbara aurait une emprise néfaste sur le jeune homme, voire qu'ils entretiendraient une relation déplacée, c'est le personnage de la mère pourtant plus en retrait qui impressionne. Avec sa douce détermination, éprise de vérité et de liberté, elle est ce genre de personnage charismatique qui touche et fascine. Et l'on tremble avec elle jusqu'au bout dans l'espoir qu'elle parvienne à affronter son inconsolable chagrin et permettre à la mémoire de son fils d'obtenir une dérisoire réparation.

Un grand film.

Commentaires

  • Oui c'est pas mal ces sorties en attendant Cannes qui va nous mettre à la disette.
    Encore une sombre histoire.

  • Je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir, il est long, pas facile de le caser dans le planning. Mais actuellement j'ai tellement peur que l'histoire se répète pour ces pays :(

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