STRAIGHT UP de James Sweeney ****

avec James Sweeney, Katie Findlay

J'essaierai de vous parler brièvement des 11 films que j'ai vus durant ces quelques jours en essayant de m'attarder sur mes coups de coeur. Comme celui-ci qui est d'ailleurs le film que j'ai préféré durant mon séjour. 

Que ce rythme de 11 films, soit environ 3 par jour ne vous effraie pas si vous êtes tenté un jour de participer à un festival. Il permet aussi de longues balades le long de la Saône, de longues discussions au restaurant ou autour d'un verre avec les amis, les équipes de films ou de parfaits inconnus. Un festival c'est une parenthèse hors du temps et du fracas du monde. ça fait un bien fou !

Mais revenons-en à Straight up que vous aurez la possibilité et la chance de découvrir en salle dès le 26 octobre. Précipitez-vous, c'est une pépite pop (je cite le Directeur Gaël car je suis d'accord avec lui), une screwball comedy, une comédie sentimentale tendre et drôle, un premier film singulier, original, aimable et délicieux comme son réalisateur californien qui était présent.

Difficile de traduire le titre, j'espère que cela ne portera pas préjudice au film pour aller le voir en salle. Straight up signifie littéralement directement mais il y a ici une connotation, un jeu de mot axé sur l'orientation sexuelle (du personnage). Todd (interprété par le réalisateur) est un très jeune homme gay qui souffre de nombreux TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs) en grande partie liés au rangement et à la propreté. Tout semble s'équilibrer dans son environnement mais il est seul et craint de mourir seul. Il s'épanche auprès de sa psy dans une logorrhée sans fin. Il semble avoir un avis et une théorie sur tout. Le débit verbal de Todd est impressionnant et le spectateur doit rester bien concentré (pour lire les sous-titres). Ce n'est pas gênant même si un tel rythme est inhabituel. L'attitude de Todd lorsqu'il déverse ses torrents de mots est ahurissant. Même son "métier" est original. Il  est house-sitter. Il s'occupe et entretient des logements pendant que leurs locataires sont absents.

Et puis par hasard, Todd rencontre Rory, belle, drôle, dynamique et pratiquement aussi bavarde que lui. Jeune actrice débutante elle court les castings sans succès. Leur rencontre fait des étincelles et huit heures plus tard, ils sont encore en train de discuter. Le coup de foudre amical, intellectuel est évident, immédiat. L'insatisfaction de ces deux névrosés, leur parfaite connivence ne vont cesser de les rapprocher jusqu'à ce qu'ils décident de vivre ensemble parce que l'évidence est là : ils s'aiment.

Mais peut-on vivre ensemble, s'aimer, s'entendre à la perfection, se comprendre sans passer par la case sexe ? Le film va tenter d'y répondre. Au début ils sont d'accord tous les deux pour que leur relation complice soit totalement a-sexuelle. De toute façon Todd ne supporte pas l'échange de flux corporels...

Et pourtant c'est évident, entre ces deux là, il y a de l'amour mais pas d'attirance sexuelle. Quoique. Mais c'est davantage de l'extérieur par le regard et les remarques des autres qu'ils vont être amenés à se poser des questions sur leur relation, tellement belle mais tellement hors norme car, il faut le répéter, un couple sans sexe, n'est pas un couple.

Essentiellement basé sur des dialogues brillants, le film est aussi esthétiquement très beau. Et l'alchimie entre les deux acteurs aussi beaux, drôles, bavards l'un que l'autre éclabousse l'écran. Leurs nombreux tête à tête sont savoureux, on a envie que ça fonctionne pour eux. Ils sont aussi parfois très touchants. Par exemple lorsque Rory décide de quitter Todd, il se désespère, s'agite et fait lui-même la valise de sa chérie en y mettant n'importe quoi. Dans ces moments de désarroi, Todd est particulièrement touchant comme lorsqu'il déclare sa flamme dans une scène hilarante et profondément émouvante.

N'hésitez pas, Todd et Rory vous attendent ils sont irrésistibles et ils vont vous enchanter.