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LES AMANDIERS

de Valeria Bruni Tedeschi ***(*)

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Avec Nadia Terszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Michal Lescot, Clara Bretheau, Vassili Schneider, Eva Danino

Stella, Etienne et quelques autres rêvent d'entrer à l'Ecole créée et dirigée par Patrice Chéreau et Pierre Romans. Seuls 12 chanceux parmi 40 postulants pourront intégrer l'école.

Au prix d'un concours, d'éliminations, de beaucoup de joie et de déceptions les 12 finalistes sont donc admis à l'école du Théâtre des Amandiers de Nanterre où il vont suivre les cours et préceptes du metteur en scène, déjà star dans ces années 80. Les jeunes gens ont tous aux alentours de 20 ans et vont tout vivre ensemble, l'amour, le théâtre, tout confondre et tout mélanger sans distinction.

Valeria Bruni Tedeschi revient donc sur ses années de folle jeunesse où elle a partagé l'enseignement du génie avec ses camarades. Exceptés ceux de Chéreau et de Romans tous les autres noms sont modifiés. Mais on a aucun mal à comprendre que Stella, née avec une cuiller en argent dans la bouche, c'est Valeria elle-même. Sans doute s'appelle t-elle Stella ici pour permettre à son amoureux de l'époque, Etienne, qui se prend pour Marlon Brando de crier : Steeeeeeellaaaaaaaaaaaa ! Je n'en sais rien.

Et comme on est chez Valeria et en quelque sorte chez Chéreau, l'hystérie s'invite dès les premiers instants. J'ai craint de ne pouvoir tenir. Je ne suis guère habituée au théâtre et j'ai l'impression que les essais, le concours comme les répétitions ne peuvent se faire que dans les cris et la douleur. Plus un personnage fait jaillir de litres de larmes plus il est bon. Alors, me suis-je habituée à cette absence totale de retenue ou a t-elle diminué au cours du film, toujours est-il que le film a fini par me chanter une petite musique plus que plaisante à l'oreille et que je me suis attachée aux personnages.

La jeunesse des années 80 était encore pleine de feu et de folie bien que certains sombrent dans l'alcool et la drogue. Mais surtout, un fléau mortel et terrifiant faisait son apparition : le sida. On ne savait pas encore bien comment le virus tueur se transmettait et il fallait attendre trois semaines pour avoir le résultat d'un test sanguin. Le film n'élude pas cette partie anxiogène de l'époque. Mais il n'est réellement pas le reflet d'une époque mais plutôt le portrait d'un petit groupe de privilégiés qui pourront paraître agaçants à certains car hors d'eux-mêmes et du théâtre ils semblent complètement déconnectés de la vraie vie. Jusqu'à aller (aux frais du contribuables) passer quelque temps chez Lee Strasberg à New-York, leur maître à penser après Dieu, voire avant, grand prêtre de la fameuse méthode actors studio qui a vu défiler Sidney Poitier, Marilyn Monroe, James Dean, Paul Newman, Dustin Hoffamn, Al Pacino, Robert de Niro, Marlon Brando, Christoph Waltz entre autres. Avant de pénétrer dans les saint des saints, les apprentis comédiens/acteurs sont accueillis par une phrase, en toute simplicité et humilité : "derrière cette porte, seul le talent peut pénétrer" (je cite de mémoire, donc, à peu près). Là, devant nos yeux effarés les élèves doivent se "livrer" dans tous les sens du terme, mettre leur âme à nue et leur corps en mouvement : hurler, pleurer, ramper, se contorsionner. ça a plutôt tendance à m'amuser tant cela est réalisé avec le dernier sérieux, mais ce n'est pas désagréable à regarder.

A leur retour aux Amandiers de Nanterre, la troupe a enfin affaire à Patrice Chéreau qui, parfois entre deux lignes de coke, ne semble pas toujours au plus clair dans ses explications. On voit qu'il attend quelque chose de précis, mais l'exprimer n'est pas toujours limpide. Louis Garrel, une nouvelle fois impeccable, se livre avec à la fois beaucoup de sérieux et de fantaisie à l'exercice d'être celui que tout le monde porte aux nues. J'ai adoré.

Autour de lui j'ai été particulièrement impressionnée par le trio de tête des jeunes gens : l'impétueuse Clara Bretheau dans le rôle d'Adèle (mais plutôt Eva Ionesco, la petite fille photographiée en guêpière par sa mère dès l'âge de neuf ans), Nadia Terszkiewicz de presque toutes les scènes et la révélation Sofiane Bennacer que j'ai trouvé bouleversant.

Le film est sombre et solaire, drôle, romanesque et émouvant, VIVANT.

Curieusement il m'a fait penser à Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg. J'ai découvert après que ce film avait été une des inspirations de la réalisatrice. Elle a d'ailleurs organisé une projection du film à l'équipe durant les répétitions pour montrer aux jeunes acteurs et actrices "la vérité de jeu d'Al Pacino et Kitty Winn (à la carrière incompréhensiblement et injustement squelettique). Je voulais aussi leur montrer ce monde, cette époque, cette jeunesse. Et je voulais faire comprendre plus particulièrement à Nadia et à Sofiane le lien entre l’amour et la drogue. La drogue est comme une troisième personne dans une relation amoureuse."

 

La troupe du Théâtre des Amandiers à la fin des années 80. J'en reconnais 7 et vous ?

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Commentaires

  • Beaucoup aimé aussi, mais un peu freiné par cette hystérie constante qui tourne essentiellement autour du sexe. Ca manque donc un peu d'ouverture et de perspective... Mais beaucoup aimé tout de même du beau et bon cinéma

  • Je trouve que l'hystérie finit par se calmer (ou je m'y suis habituée) et le sexe devait vraiment faire partie de l'équation.

  • C'est un petit monde privilégié qui ne m'attire pas. Et cette hystérie permanente ! La semaine dernière sur F.C. il y avait une série d'à voix nue avec Emmanuelle Devos qui disait qu'elle n'aurait jamais pu intégrer cette école, elle pense qu'elle y aurait été broyée. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/une-bande-et-des-sensations-fortes-4944856

  • C'est sûr que ce genre d'apprentissage ne doit pas être fait pour tout le monde. En ce qui me concerne je le trouve assez ridicule et superficiel malgré la grande profondeur et la grande importance ("L'école des Amandiers c'est le centre de l'Europe" dit un des élèves) que se donnent tous ces gens. On (je) ne comprend(s) vraiment pas souvent ce que Chéreau attendait des élèves... mais il semble l'obtenir parfois et d'autres fois pas.
    Néanmoins le film est beau et touchant.

  • Comme toi, j'ai aimé le film progressivement alors que la scène d'ouverture m'a fait un peu peur. Les acteurs sont excellents et Valeria Bruni-Tedeschi a le sens du découpage : c'est plein de rythme et de vie.

  • En effet le démarrage est effrayant. Après je ne sais pas si je me suis adaptée ou si ça se calme mais j'ai aimé. Mais Sofiane Bennacer me bouleverse moins aujourd'hui...

  • J'ai vu de belles critiques comme la tienne et je suis plutôt tentée mais j'hésite encore. En plus de nombreux films sortent encore aujourd'hui, ça va être difficile de tout voir !

  • Cette semaine c'est la FOLIE ! Comment faire, choisir, ne rien rater ?

  • Simple ! passer sa vie au cinéma !

  • Visiblement Valéria aimait "beaucoup" Chéreau (alors qu'Agnès Jaoui qu'on voit sur la photo, beaucoup moins à ce qu'il paraît). Elle aime aussi beaucoup son acteur principal visiblement.
    Sans rentrer dans les affaires qui ruinent je pense la carrière du film, n'étant pas très Chéreau moi-même, je crois que je vais laisser un peu de distance avec "les Amandiers" qui, malgré tout sans doute, ne manque pas de qualités.

  • Ça devait être compliqué de ne pas souffrir de cet enseignement pas très limpide. On voit d'où vient l'hystérie des films et de l'interprétation de Valeria. Alors que je la trouve tellement excellente quand elle est dirigée par quelqu'un d'autre.
    Le lynchage de l'acteur entraîne le film dans sa chute j'imagine. C'est très dommage pour le film. Quant à l'acteur, tellement excellent et bouleversant dans son personnage d'écorché vif, son impulsivité (pour être soft) n'est peut-être donc pas un rôle de composition...
    Je n'en finis pas de me demander ce qu'il passe dans la tête des garçons.

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