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TO THE NORTH

de Mihai Mincan ****

1er Film en compétition - Roumanie/France

Avec Niko Becker, Soleman Cruz, Bart Guingona, Olivier Ho Hio Hen, Alexandre Nguyen

Inspiré de faits réels.

En 1996 à Algésiras au sud de l'Espagne deux jeunes hommes, un roumain et un bulgare embarquent clandestinement à bord d'un porte conteneurs du plus grand armateur au monde Maerks.

Deux garçons très doux avec pour seul rêve : rejoindre les Etats-Unis. Trouver un cheval, devenir cow-boy  pour l'un, "faire de l'argent" à New York pour l'autre. Et le début est presque joyeux, les deux garçons qui n'ont qu'un sac à dos pour tout bien jouent au foot sur le quai avec une boîte de conserve. Parvenus à bord et bien planqués parmi les conteneurs ils savent qu'ils doivent survivre plusieurs jours avant d'arriver et sans connaître précisément la destination du navire.

L'équipage se compose de 4 marins philippins, tous les autres sont taïwanais dont le capitaine, d'abord invisible mais dont on saura vite qu'il ne tolère aucun clandestin. Lorsque Joël un philippin surnommé Bosco, qui a fait de la religion son guide existentiel découvre la présence de Dumitru le roumain il est ému par ce garçon qui transporte une Bible. Il décide de l'aider à se cacher et à se nourrir pendant la durée du voyage. Il sait que Dumitru est en danger de mort, les indésirables sont purement et simplement jetés par dessus bord. Et il lui annonce que la destination du bateau est le Canada. Peu importe.

To the north est le genre de film différent, exceptionnel que l'on attend. Un VRAI film qui allie exigence et qualité. Il est audacieux, singulier, d'une force tellurique, qui vous secoue, vous maintient en apnée. Un PREMIER film d'une maîtrise suffocante où tout, du thème à la réalisation en passant par la musique, le son et l'interprétation sont exceptionnels.

C'est un film puissant qui reste en mémoire bien après la projection. Et on se demande comment il peut s'agir d'une première oeuvre tant il semble maîtrisé à tous points de vue. Je cite rarement ce qui concerne la technique car je n'y connais rien mais à ce niveau de perfection je dois dire que George Chiper-Lillemark à l'image  (sublime), Marius Leftarache à la musique (splendide) et Nicolas Becker surnommé le "génie du son" oscarisé pour Sound of metal, un français dont le travail est encore une fois remarquable. En pleine mer, il n'y a pas que le bruit du vent et des vagues mais aussi sur ces rafiots géants le cliquetis permanent des conteneurs empilés et alignés et formant un extraordinaire et mystérieux labyrinthe où se perdre, trembler jusqu'à la folie.

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Les quelques jours qui suivent sont dominés par la peur, la claustrophobie et la tension car à aucun moment les jeunes clandestins n'ont pu imaginer quelle solution radicale utilisent les taïwanais, particulièrement cruels de la bouche même de Joël le philippin, pour se débarrasser des gêneurs. Il faut donc à tout prix ne pas se faire voir ni entendre et espérer que les rares personnes informées de leur présence resteront silencieux.

L'histoire est universelle de par la diversité des nationalités en présence et tous les personnages baragouinent un anglais approximatif et se comprennent. Et au milieu de cette humanité réunie pour divers motifs et dont certains risquent leur vie, il y aura même une fête improvisée pour fêter l'arrivée du premier enfant d'un marin. Un bout d'humanité et de tragédie au milieu de l'océan où le bien et le mal incarnés par Joël (exceptionnel Soleman Cruz) et le capitaine (Alexandre Nguyen terrible, implacable et d'une beauté !!!) s'affrontent parfois en silence, parfois lors de longs monologues presque mystiques. Le talentueux réalisateur alterne la lenteur et le suspens d'un survival au milieu de nulle part. Tantôt en plans très larges, tantôt en plans très rapprochés sur des visages d'une expressivité dingue, il fait intervenir un personnage clé à sans doute plus de la moitié de l'histoire.

Et ce qui place ce film à la mécanique redoutable et troublante où s'affrontent la bonté d'un homme, la cruauté d'un autre pour la survie d'un troisième, sont deux scènes absolument MAGISTRALES : un long monologue au cours duquel le capitaine plus froid qu'un serpent disserte face à Joël muet, comme pétrifié, à propos des nuances entre la justice et le bien et la scène finale où la barbarie et la violence semblent nous dire qu'il est difficile d'espérer en l'homme.

Ce film remarquable, puissant n'a pas de distributeur. On croit rêver devant tant d'absurdité !

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Commentaires

  • Ouch ! costaud le film. Les distributeurs sont frileux semble-t'il, devant les dures réalités de la vie.

  • C'est exactement ça. La fin est trop dure à supporter pour eux...

  • Vu ton enthousiasme espérons que les distributeurs vont se réveiller

  • Espérons... C'est un film PUISSANT. (Mais le jury l'a ignoré, je ne m'en remets pas).

  • Ton commentaire donne vraiment envie de le voir et c'est dommage qu'il n'ait pas reçu de prix (ça aurait peut-être aidé à solutionner le sujet de la distrib).

    Pour ta culture personnelle (je ne sais pas si c'est le cas dans le film, mais cela vient peut-être de là), le bosco n'est pas un surnom, c'est une sorte de second dans la marine, le responsable des manoeuvres.
    Mais n'ayant pas vu le film je ne sais pas si cela correspond au poste effectivement occupé par Joël.

    Des bizzz, et ne te mets pas trop la rate au court-bouillon pour le palmarès, même si je partage ton avis sur toute la ligne : ce festival, que tu nous décris toujours avec tant d'enthousiasme, est certainement un beau tremplin pour ces premiers films, et la moindre des choses serait de donner leur chance à un éventail le plus large possible (et que ce soit mérité, en plus ! -mais n'en demandons pas trop-)

  • Les prix aident forcément s'ils se multiplient. Mais il y a effectivement les "films de festival" qui ne sortent jamais. Je suis donc toujours contente de pouvoir les voir au moins en festivals.

    Merci pour le Bosco. On l'appelle ainsi sans donner d'explication dans le film. Et il est effectivement second. Tu t'y connais en marinage dis donc.

    Ça va, je suis remise de mes émotions :-) mais primer 2 films quand il y a 4 prix c'était un chouya agaçant surtout que d'après moi La quiet girl était bien le dernier à mériter un prix, mais tout le monde a compris :-))))

  • bonjour, je voulais tout simplement saluer le réalisateur MIHAI MINCAN pour l'EXTRAORDINAIRE film ainsi que tous ces acteurs d'une GRANDEUR INOUIE ! chacun dans leur rôle; la musique, l'histoire, l'image,d'une telle beauté, tout m'est resté gravé, je ne cesse d' y penser. Ce film n'a rien obtenu au festival du FFD de VIERZON, quel grand dommage ! mais sans ce festival je n'aurai jamais pu connaître ce jeune réalisateur et vu le film, alors merci. Je suis heureuse tout de même de savoir qu'à LA MOSTRA DE VENISE ce film a été récompensé par 2 fois. Pour un premier film BRAVO ! est ce le sujet du film qui dérange ? cette fin tragique ? J'espère que ce film trouvera sa place dans les plus grands films de notre génération. Et un distributeur. Encore bravo à MIHAI MINCAN.

  • Apparemment le festival de Vierzon est aussi aveugle et sourd qu'Annonay. Quel dommage !!!
    Des films aussi puissants j'aimerais en voir plus souvent. C'est incompréhensible qu'il n'ait pas de distributeur.

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