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LÎLE ROUGE

de Robin Campillo ***

L'île rouge, Robin Campillo, cinéma,Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle, Hugues Delamarlière, Sophie Guillemin, David Serero

Avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle, Hugues Delamarlière, Sophie Guillemin, David Serero

Thomas, ses deux frères et ses parents vivent sur l'île de Madagascar au début des années 1970 et plus précisément dans une base aérienne de l'armée française.

Le jeune garçon est plutôt secret et solitaire (dommage que le petit garçon joue mal) et aime par dessus tout écouter les conversations des adultes. L'île est encore sous administration française mais de plus en plus la jeunesse malgache manifeste son désir d'indépendance et souhaite en finir avec cette colonisation.

Robin Campillo fait partie de ces réalisateurs dont il est impossible (pour moi) de ne pas se précipiter dès qu'il propose un nouveau film. Après les formidables Eastern boys et 120 battements par minute, c'est donc sans rien savoir de L'île rouge que je me suis rendue en salle. Très différent des deux précédents, le réalisateur y évoque un moment précis de son enfance et il n'est pas très difficile de comprendre que Thomas le petit garçon curieux du film c'est lui. 

La scène d'ouverture est une formidable scène de repas où sont réunies plusieurs familles françaises. Elles accueillent un nouveau couple dont la jeune femme ne parviendra jamais à s'adapter. La conversation est superficielle, l'ambiance détendue, chacun fait un peu le malin et c'est l'époque où les adultes ne s'embarrassaient pas de psychologie pour exiger des enfants qu'ils restent à leur place. Rien ne leur est expliqué de la situation. Quant aux femmes, sans travail, elles s'ennuient et sont rabrouées par leurs maris comme si elles étaient des gamines. Colette la mère de Thomas semble pourtant manifester parfois quelques velléités d'indépendance face à son macho de mari qui pense toujours racheter ses bassesses, petites piques blessantes qui ponctuent ses phrases, par des cadeaux. Mais même ses cadeaux s'apparentent à des fanfaronnades pour se mettre en valeur, tenter de dire "regardez comme je suis différent, même mes cadeaux le sont" : une table en aragonite qui se transforme grâce à l'imagination de la mère en carte géographique, trois bébés crocodiles déjà effrayants. Une promenade nocturne solitaire, une petite phrase anodine, "c'est grâce à moi que tu es devenu français, en m'épousant" ou cette autre "c'est peut-être la dernière fois qu'on fait une photo de nous ensemble"... suffisent à supposer que Colette ne restera pas indéfiniment la femme soumise d'un mari autoritaire et parfois insultant qui confond son couple avec l'armée. 

Mais c'est du point de vue de Thomas, petit garçon de 10 ans que l'histoire prend forme. Sa seule échappatoire face à ces adultes lointains, il la trouve en s'isolant dans une grande caisse en bois et en lisant les aventures de Fantômette qui prennent forme sous nos yeux dans des décors enchanteurs et des saynètes plutôt drôles où la gamine masquée tient tête aux truands. Il devient aussi l'ami d'une petite Suzanne (qui joue très bien) plus mature, plus profonde et encore plus curieuse que lui. Et puis Thomas dévore sa mère des yeux et face aux regards effarés des autres, au père (toujours aussi subtil) qui lui balance "arrête de faire ta danseuse", elle accepte et participe même au fait qu'il se déguise en fantômette.

L'île rouge n'est pas un film historique à proprement parler, les évènements politiques se situent toujours en retrait, à la périphérie. Le film évoque plutôt la fin d'un monde ou la fin de l'enfance pendant qu'un pays organise son soulèvement. Les malgaches sont complètement en retrait. Les français ne se mélangent jamais à la population, quittent rarement la base si ce n'est pour se rendre à la plage. On verra les malgaches à la toute fin, avant cela on ne les aperçoit qu'en position de servilité, ou en évoquant les prostituées, elles aussi en position de révolte car les militaires français "oublient" la plupart du temps de les payer...

C'est la dernière scène qui nous replace dans le contexte historique, nous ouvre l'appétit et donne envie d'en connaître plus sur cette époque et l'histoire de ce pays dont on connaît peu de choses. 

Commentaires

  • Très tentant. De Campillo je n'ai vu que son premier "les revenants" (qui a inspiré la série du même nom). Il a été scénariste pour Cantet aussi me semble-t-il.

  • Oui, il bosse bien le garçon.
    Je n'ai pas vu les Revenants (film et série). Mais je suis sur le uc que tu n'aies vu ni Eastern boys ni surtout l'exceptionnel 120 battements par minute.

  • Eh oui... et vu les sorties en rafale qui s'annoncent et les week end blindés qui se profilent, je ne suis même pas sûr d'avoir le temps de voir celui-ci.

  • Ah sa majesté est surbookée.
    Et oui ça va s'affoler au portillon.
    C'est pas N'IMPORTE QUOI.

  • J'ai adoré la première partie, magnifiquement filmé, une atmosphère bien rendu, des personnages bien écrit, puis on finit par se demander où cela va mener, puis arrive la fin comme un coup de propagande soudain. Pourquoi pas mais alors pourquoi 1h30 sur des familles de soldats ?! Et là on se dit tout ça pour ça...

  • Un film inégal en effet qui laisse sur sa faim/fin.

  • L'idée de mettre en scène la vision d'un enfant dans ce milieu très particulier d'une base française en Afrique m'a séduit (au départ), puis déçu, à cause de l'interprétation. (Les enfants ne sont pas les seuls à parfois mal jouer...)

    Je suis d'accord avec l'idée que ce long-métrage est l'assemblage maladroit de deux films, aux ambiances très différentes. La partie malgacho-malgache est intéressante, mais trop manichéenne.

    Petite précision : en 1972, Madagascar n'est plus administrée par la France (dont elle est indépendante depuis 1960). Mais, dans le cadre d'accords de coopération (qui vont d'ailleurs être remaniés), la France y joue (à l'époque) encore un rôle privilégié. Tout le malheur des Malgaches ne vient pas des méchants néo-colonisateurs français...

  • Oui c'était bien parti cette idée et je suis d'accord pour l'interprétation. Le petit garçon en tête est vraiment pas bon et je me demande ce qui a tant ébloui Campillo. Mais le casting, à part le couple, est un peu fragile oui.

    Et quand il se met à s'intéresser aux malgaches, totalement absents pendant une heure ce qui était bien vu (souvent les communautés à l'étranger vivent en autarcie sans contact avec la population), c'est un peu léger.

    Je savais pour l'administration mais comme le réalisateur ne se donne pas la peine de donner cette précision historique je ne me suis pas fatiguée.

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