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DANIEL

de Sidney Lumet ****

(ressortie en salle de ce film de 1984)

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avec Timothy Hutton, Mandy Patinkin, Lindsay Crouse, Amanda Plummer, Ellen Barkin, Edward Asner

Au milieu des années 50 Rochelle et Paul Isaacson sont des militants communistes à New York. Ils s'aiment et sont heureux avec leurs deux enfants Daniel et Susan.

Accusés d'espionnage au profit de l'URSS et exécutés, ils laissent leurs deux enfants orphelins. Quinze ans plus tard, ils sont chacun à leur manière toujours traumatisés par cet évènement. Daniel plutôt dans le déni vit un mariage pas très harmonieux et est déjà père d'un petit garçon alors que Susan milite et participe à de nombreuses manifestations parfois violentes. Face à l'engagement de plus en plus suicidaire de Susan et à sa fragilité psychologique, Daniel se lance finalement lui aussi à la recherche de tous les éléments possibles pour tenter de comprendre l'engagement de leurs parents et ce qui a conduit à leur exécution.

Malgré mon admiration sans borne pour Sidney Lumet, j'étais passée totalement à côté de ce film sorti en 1984. Il faut dire qu'il fut un cuisant échec commercial au box-office américain. Et pourtant le réalisateur a toujours affirmé qu'il était un des films préférés de sa filmographie. Le film ressort actuellement en salles et nous n'étions hélas que 6 curieux à le découvrir hier soir. Il reste trois séances cette semaine. Précipitez-vous.

Le film est l'adaptation du livre The Book of Daniel d'E.L. Doctorow et il s'inspire de l'histoire vraie d'Ethel et Julius Rosenberg accusés d'être des espions soviétiques et exécutés par les États-Unis en 1953. Recréé des décennies plus tard, le procès a abouti à cette sentence : "non coupables". Il est à noter "qu'aucune condamnation à mort n’avait jusqu’à présent été prononcée aux États-Unis pour crime d’espionnage".

Mais au-delà d'une photographie incroyable de l'Amérique de ces années là (même si l'image du film paraît un peu datée) Sidney Lumet évoque aussi de façon absolument remarquable la vie de famille et les relations entre parents et enfants. Ici, Daniel, petit garçon sensible et intelligent fait l'admiration de ses parents alors que la petite fille, en retrait et silencieuse semble un peu délaissée même si elle reçoit aussi beaucoup d'amour. C'est d'ailleurs elle qui sera la plus atteinte par la séparation d'avec ses parents, malgré la grande protection que lui apporte son frère aîné.

Le film n'est pas construit de manière linéaire et fait constamment des allers-retours entre le passé et le présent. Cela amène à l'exécution (effroyable) en fin de film, mettant en scène la façon de vivre ce moment par les parents, le père sans doute devenu fou qui s'effondre, la mère qui fixe son bourreau dans les yeux, et propose des apartés de la part de Daniel qui évoque face caméra toutes les façons brutales et choquantes d'exécuter les accusés au travers des époques et suivant la classe sociale du condamné.

Daniel observe et reste démuni face à la lente dégradation de sa soeur qui sombre peu à peu dans une détresse inéluctable. Amanda Plummer est remarquable dans ce rôle. C'est alors qu'il va tout mettre en oeuvre pour reconstituer l'enquête et surtout comprendre comment le seul témoignage douteux d'un dentiste (sans doute pour se sauver lui-même) à pu ainsi conduire à la mort de ses parents. C'est donc les institutions, la justice voire la démocratie de son pays que Lumet examine ici. C'est passionnant et pas forcément manichéen. Il apporte la nuance en analysant le point de vue de chacun. C'est bavard, il faut suivre attentivement mais cela vaut vraiment le coup.

J'ai trouvé que le film se faisait vraiment puissant dans sa façon d'étudier les conséquences et les réactions des enfants. Je pensais davantage avoir à faire à un film politique (ce qu'il est) mais dans son étude de la famille, il devient vraiment bouleversant. Il faut dire que l'interprétation intense de Timothy Hutton (tout jeune et pourtant déjà oscarisé pour son rôle dans Des gens comme les autres de Robert Redford) et d'Amanda Plummer et à celles très concernées des parents (Mandy Patinkin et Lindsay Crouse) y est pour beaucoup. A noter aussi celles des deux enfants que j'ai trouvés extraordinaires. Le grand frère protégeant la petite soeur qui ne veut plus compter que sur lui, c'est très fort. Leur escapade dans New York, leur "évasion" du refuge (on n'appelait pas cela foyer) où l'on sépare les garçons des filles est impressionnante. J'ai cherché des nouvelles d'Ilan Mitchell-Schmit qui a préféré arrêté le cinéma et est actuellement professeur d'anglais dans une université du Texas. Tant mieux pour les élèves, dommage pour le cinéma. Quant à la petite Jean Greco, je n'ai rien trouvé sur elle.

Lumet appuie bien sûr le discours qu'il tenait dans 12 hommes en colère. Il est contre la peine de mort. Mais sa façon de "traiter" ses personnages, de les faire évoluer, le calme et les larmes de Daniel, l'émotion qui vous étreint régulièrement, tout m'a semblé remarquable dans ce film oublié que je vous invite à découvrir si votre cinéma vous le permet.

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Commentaires

  • Même si le sujet est très difficile le film semble superbe. Je pars 1 mois 1/2 lundi à l'étranger. Si j'ai le temps j'irais le voir.
    J'avais lu pas mal d'articles sur les enfants des époux Rosenberg. Ils avaient été adopté par Abel Meeropol, auteur compositeur, qui écrira Strange Fruit, sur les lynchage aux usa, chanté par Holiday..

  • 1 mois et demi ? Et bien, belles vacances.

    Je suis ravie de m'être poussée pour ressortir le soir et voir ce film incroyable.

    Les enfants Isaacson aussi sont adoptés dans le film.
    Billy ma chanteuse de jazz préférée. Ya pas qu'elle je trouve et cette chanson est incroyable.

  • Tu me fais découvrir un Lumet qui était passé complètement sous mon radar. J'essaierai de le voir s'il passe près de chez moi. Sinon ce sera home vidéo.

  • Je n'en avais jamais entendu parler non plus. Il faut dire que le titre n'est pas très remarquable (au sens premier du terme).
    C'est plus chiadé que du schrader... tu adorerais.

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