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À Jane

14 décembre 1946 - 16 juillet 2023

Son sourire, son accent, sa petite voix de souris, son sac en osier, ses chagrins, ses amours, son clan de filles, ses combats... nous accompagnent depuis plus de cinquante ans.

Pour ceux qui l'aiment, le film de Charlotte me semble indispensable.

Et parce qu'elle n'imagine pas la vie sans elle, toutes mes tendres pensées à Charlotte.

Jane Birkin | Philharmonie de Paris
 
JANE PAR CHARLOTTE de Charlotte Gainsbourg ***

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Avec Jane Birkin, Charlotte Gainsbourg, Jo Attal

Pour sa première réalisation Charlotte Gainsbourg choisit de filmer sa mère. Quel beau cadeau elle lui fait et elle se fait !

Evidemment, Charlotte a la possibilité de faire ce cadeau à sa mère encore en vie et de le conserver pour elle quand elle ne sera plus là. Mais au-delà des deux artistes universellement connues, on voit surtout une mère et sa fille, une fille et sa mère et c'est vraiment beau, touchant. Bouleversant dans la toute dernière partie lorsque Charlotte fait écouter ce qu'enfin elle ose lui dire : "Je t'aime depuis toujours, je n'imagine pas la vie sans toi, j'ai peur de ton âge, j'ai peur de ta maladie". Et oui, l'ordre des choses quand elles sont bien faites, est de voir mourir ses parents. Et on est pas prêts en règle générale.

Finalement elles ne se parlent pas tant que ça, mais elles s'écoutent et sans doute se sont-elles mieux comprises ensuite. Elles sont tellement différentes, et la timidité de Charlotte tellement paralysante. Le pire ce sont les choses qu'on a pas dites et il y en a entre Jane et Charlotte et elles sont toutes surprises de découvrir l'une comme l'autre qu'elles n'ont pas parlé pour la même raison : "je n'ai pas osé", alors que peut-être l'autre n'attendait que cela.

On pourrait se sentir voyeurs de voir ces fragments de leur vie privée mais tellement étalée, surexposée depuis des décennies et finalement puisqu'elles sont d'accord pour nous montrer tout ce qu'elles nous montrent on a plutôt la sensation de les accompagner. Et de les comprendre car on est tous parent ou enfant de quelqu'un voire les deux. C'est donc un film qui "parle" et donne à s'interroger. Quand on a plus ses parents on s'interroge sur sa propre vieillesse qui vient peu à peu. A ce titre, Charlotte filme sa mère à la démarche désormais hésitante, parfois sans fard, montre ses mains, son cou... ces endroits du corps qui accusent tellement plus l'âge que d'autres. Et là où Charlotte se montre réellement artiste c'est lorsqu'elle photographie Jane, modèle idéal qui commence enfin à 75 ans à se foutre de son apparence.

Près des deux femmes, une petite fille, Jo, la plus jeune fille de Charlotte et si c'est très étrange d'entendre Jane se faire appeler "mamie", on voit les liens maternels puissants que ces femmes créent autour d'elle. Jane a eu un enfant avec chaque homme important de sa vie, Charlotte a trois enfants avec Yvan Attal. Alors les fantômes de John Barry et surtout ceux de Serge Gainsbourg et Kate surgissent. Jacques Doillon est à peine évoqué. Et l'on visite l'appartement du 5 bis rue de Verneuil où Gainsbourg a vécu jusqu'à sa mort. Il appartient désormais à Charlotte qui n'a strictement touché à rien depuis 1991. Les cigarettes sont encore dans le cendrier. L'appartement va devenir un musée d'ici quelques semaines. Jane est d'accord et n'y était jamais revenue.

Ce qui touche davantage c'est de découvrir la maison normande de Jane. Incapable de jeter quoique ce soit, "ça doit être une maladie" dit-elle, elle annonce à Charlotte qu'elle aura du boulot pour faire le tri. Plus tard.

Le talent de cinéaste de Charlotte ne saute pas aux yeux. On sent qu'elle cherche parfois à faire des plans travaillés et dans ces moments là le film devient maniéré. On préfère de loin quand elle se pose en Normandie dans la maison bric à brac ou qu'elle tourne autour de sa mère pour une séance photos dans laquelle elle capte à la fois la vieillesse et la jeunesse de celle qui fut si belle.

La sincérité est évidente mais j'imagine qu'il faut beaucoup de tendresse pour ces deux femmes pour se rendre en salle. C'est mon cas et je ne regrette aucunement cette séance parfois dure, drôle quand Jane se laisse aller à des confidences (celle de la tante morte trop tôt est hilarante) mais surtout intime et tendre. Comme un câlin.

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Commentaires

  • Elle laissera une trace dans bien des cœurs, en tout cas.
    Respect, Jane ! Je la découvre mieux aujourd'hui et ça me donne envie de mieux la connaître.

  • Une bien belle personne. D'un optimisme qui fait du bien. Toujours positive même dans les épreuves.
    Je me souviens d'une interview il y a bien longtemps où elle avait dit que sa mère lui répétait cette phrase de Joyce Carol Oates :
    "Ris, et tout le monde rira avec toi. Pleure, et tu pleureras seule".
    Elle a parfaitement illustré cette maxime.
    On parle peu de ses combats mais elle était aussi très engagée, sans faire forcément de tapage (peine de mort, droit à l'avortement, mariage pour tous, réchauffement climatique, médecins du monde, sida etc...). Elle se bougeait.

  • Mais tellement d’accord avec toi
    Moi aussi le passage dans sa maison en Normandie m’a énormément touché
    Aurevoir Jane
    On t’aime pour toujours
    Pensées pour ses filles à qui elle va terriblement manquer

  • Un très beau film que Charlotte a eu la bonne idée et la chance de pouvoir réaliser.
    Elles étaient vraiment fusionnelles malgré leur pudeur parfois paralysante.

  • Grosse tristesse en apprenant la nouvelle. C'est ma génération, elle a toujours été là ... Je n'ai pas vu le film, crois-tu qu'il est sorti en DVD ? J'espère que la télé ressortira ses meilleurs films et pas toujours les comédies des années 70. Ce soir, Culture box rediffuse deux documentaires sur elle.

  • Elle a toujours été là alentour et nous a toujours surpris j'ai l'impression.
    Je n'ai pas pensé à regarder Culture box (j'adore cette chaîne).
    Le film de Charlotte est sorti en dvd. Il doit être encore plus émouvant maintenant, Charlotte avait tellement peur de la perdre.

  • Je me souviens de cet article sur le documentaire de Charlotte. Evidemment, maintenant, il prend une telle autre mesure. Mais j'ai l'impression qu'elle l'avait fait en prévision de... tu ne crois pas ?
    Très envie de le voir du coup.
    Et bravo pour ton hommage.

  • C'est évident que Charlotte voulait se faire ce cadeau et le faire à sa mère adorée. Et j'imagine qu'aujourd'hui ce film sera encore plus bouleversant. La lecture finale de la lettre de Charlotte à Jane était déjà bien lacrymale avant la mort de Jane.

  • Bonsoir Pascale, une bien triste nouvelle en cette période estivale mais caniculaire. J'ai vu Jane Birkin en 1984 sur scène dans la Fausse suivante mise en scène par Patrice Chéreau. Un beau souvenir. Le temps passe vite. J'avoue que je préférais Jane à Charlotte. Bonne soirée.

  • Bonjour dasola.
    La chance de l'avoir vue au théâtre. Il est souvent question de cette pièce avec Chéreau dans les hommages.
    Jane et Charlotte ont des personnalités bien différentes, l'une est aussi réservée que l'autre était expansive, mais je trouve Charlotte très attachante aussi.

  • Notre génération de femme ! Qu'elle était belle dans "Blow up", "la piscine", la fausse naïve et provocante...irrésistible ! Par contre, nous n'aimions pas sa voix et ses chansons, mais elle était tellement sincère. Une icône des années érotiques est partie

  • Moi je ne la trouvais vraiment pas bonne dans La piscine.
    Mais elle était magnifique en règle générale et tellement naturelle.
    Sa voix c'était Elle, unique et je trouve difficile de l'aimer sans aimer sa voix et ses chansons.
    Et je ne la limiterais pas à cette année érotique.

  • Nous sommes d'accord, "elle était magnifique en règle générale et tellement naturelle" et l'allusion "l'année érotique" n'était qu'un jeu de mot. C'était une icône tout court!

  • Ah pardon, parfois le second degré ne passe pas à l'écrit :-)

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