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LE CONSENTEMENT

de Vanessa Filho °

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Avec Jean-Paul Rouve, Kim Higelin, Laetitia Casta

Synopsis : Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu'elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l'amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

Pourquoi suis-je allée voir ce film ? J'ai eu la nausée pendant presque deux heures. Et je suis incapable de me prononcer sur cette question simple : indépendamment de son sujet, le film est-il bon ou pas ? Je ne sais pas, mais je ne crois pas.

Avais-je envie de connaître Matzneff ? De savoir qu'une toute jeune fille de 14 ans se retrouvait régulièrement à la sortie du lycée avec une bite dans la bouche à l'heure du goûter ? Ou sommée de se retourner pour être "aimée comme un petit garçon" dixit le prédateur, parce que la pénétration vaginale lui était insupportable.

Les lettres ampoulées remplies jusqu'à la nausée de jamais et de toujours que l'écrivain adresse à Vanessa auraient-elle eu le même impact sur une femme adulte ou lui aurait-elle ri au nez devant la pauvreté de son style amphigourique ? Ai-je l'intention de lire la prose douteuse et vomitive de ce type qui s'épanche sur le tourisme sexuel auprès d'enfants de 8 à 12 ans qui le ravissait ? «Quel repos la prostitution ! Les gamines et les gamins qui couchent avec moi sans m'aimer, c'est-à-dire sans prétendre dévorer mon énergie et mon temps, quelle sinécure ! Oui, dès que possible, repartir pour l'Asie !» La réponse à toutes ces questions est non. Les quelques extraits lus pendant le film me l'ont confirmé. Si le fond des textes est méprisable, haïssable et répréhensible, la forme est elle aussi déplaisante parce qu'il enveloppe l'horreur de ce qu'il commet dans une profusion d'adjectifs au bord de l'extase. Je n'ai pas lu non plus (et ne lirai pas) le récit de Vanessa Springora qui raconte dans Le consentement l'emprise physique, morale et psychique dont elle a été victime pendant plusieurs années. Le film en est paraît-il une parfaite adaptation. Lire les mots doit être absolument insupportable.

La petite Vanessa s'est crue aimée. Comment résister à ce "beau" parleur qui la porte aux nues, l'encense, la couvre de louanges ? Il l'appelle "mon enfant chéri", "mon amoureuse", "prunelle de mes yeux'' et finit par l'exhiber et l'emmener partout dans les dîners en ville où tout le Ghota littéraire s'étonne à peine. Il faut dire que l'homme n'en est pas à son coup d'essai et qu'il a détruit plusieurs jeunes filles dès qu'elles deviennent à ses yeux des "bonnes femmes", c'est-à-dire folles et hystériques. Seule l'écrivaine canadienne Denise Bombardier lors d'un Apostrophe au cours duquel Bernard Pivot aura des mots malheureux s'offusque et condamne le comportement innommable de Matzneff. Mais l'homme a aujourd'hui 87 ans et s'il se cache plus ou moins, il est toujours en vie, impuni de ses crimes.

On est abasourdi de savoir qu'il ne fut jamais inquiété à l'époque des faits et qu'il pouvait même raconter ses performances avec force détails dans des autobiographies et des journaux intimes publiés qui recevaient les honneurs. Le personnage, imbu de lui-même jusqu'à l'écoeurement, manipulait les esprits juvéniles et influençables avec une certaine maestria et dès lors que la victime essayait de lui échapper, en venait aux vexations et aux humiliations. Vanessa sombre peu à peu, incapable de comprendre ce qui lui arrive. On est estomaqué de voir le manque de réaction totale de sa mère qui lui affirme pourtant "c'est un pédophile, tout le monde le sait" mais la laisse aux mains du monstre.

J'ai lu que certains trouvent le film pudique. Je ne l'ai pas trouvé pudique du tout. Les scènes de viol sont parfaitement explicites et m'ont semblé interminables, à la limite du supportable. J'avais vraiment hâte que cela s'arrête. Sans doute n'ai-je pas réussi à faire la part des choses et à regarder le film comme un film, trop écoeurée par la personnalité et les actes de cet homme abominable. Mais démonstratif, le film me semble manquer de subtilité en s'attardant sur les scènes terribles. Pas sûr que provoquer le malaise chez le spectateur soit utile à la "cause".

Il reste l'interprétation de Jean-Paul Rouve, méconnaissable aussi bien physiquement que dans ses intonations, un phrasé impeccable et précieux. A aucun moment il ne cherche à rendre ce personnage minable sympathique. Saluons également la performance de Laetitia Casta impressionnante en mère totalement à côté de la plaque, presque admirative de l'écrivain. On peut dire qu'il faut un certain courage pour interpréter de tels personnages. Plus que la descente aux enfers de la petite Vanessa (Kim Higelin, un peu trop renfrognée au début se révèle peu à peu), j'aurais sans doute aimé savoir comment la Vanessa adulte a réussi à surmonter ces années épouvantables.

J'ai l'impression que le film aurait pu commencer lorsqu'Elodie Bouchez qui l'interprète adulte dit : Depuis tant d’années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance. Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre”.

Commentaires

  • Pour compléter ce que je disais sur FB, je te joins un lien vers l'article mentionnant la présence de Matzneff à une réception Gallimard : https://www.elle.fr/Societe/News/Gabriel-Matzneff-present-a-une-reception-dans-les-jardins-de-Gallimard-revele-Mediapart-4157628

  • Il n'a vraiment aucune dignité. C'est fou qu'il ait pu publier à répétition en détails tous ses exploits et n'être inquiété qu'en 2020. Toute sa vie d'adulte à violer des enfants et ce malade va éviter la prison pour grand âge ou santé defaillante.
    Bravo Gallimard en tout cas.

  • Bon ben moi, je n'irai pas dans cette galère. Le sujet me rebute trop, peu importe que le film soit bon ou mauvais...

    Quelle famille Higelin, tout de même !

  • Je comprends. "Rencontrer " ce personnage dégueulasse fut une épreuve.
    Selon moi la petite Kim doit encore faire ses preuves.

  • Je n'irai pas le voir, c'est au dessus de mes forces !
    En plus j'ai du mal à imaginer JP Rouve dans ce rôle.

  • JP tient le film et le personnage mais le film on peut l'éviter.

  • Rebonjour Pascale, déjà que je n'ai pas lu le livre, ce n'est pas pour voir le film. Je passe. Bonne journée.

  • Re bonsoir. On peut voir ou lire indépendamment mais on peut aussi s'en passer.

  • Ce sont ces scènes qui nous ont empêchées d'aller voir ce film, et pourtant, il nous tente bien ! On a du mal à croire tellement cette histoire est énorme. A l'époque on regardait souvent Apostrophe, mais cette séance nous a échappé. Comment aurions-nous réagi ? Surement avec révolte, même si l'époque était assez permissive. L'attitude de tous était écoeurante sauf évidement cette journaliste canadienne qui avait tout compris !

  • S'il vous tente, pour se faire une idée le seul moyen est de le voir.
    Moi aussi Apostrophes faisait partie de mes émissions immanquables. Je n'avais pas assisté à cet épisode que l'on voit dans le film. La journaliste y était admirable, seule contre tous.
    Il y avait même une grosse bonne femme (comme dit Matzneff) qui riait beaucoup à écouter ces messieurs dire que Matzneff était un maître en matière sexuelle. Quand je pense que cette raclure serait attirée par mes petits qui ont 10 et bientôt 15 ans, ça me revulse.

  • C'est vrai que le manque de réaction est incroyable.
    La journaliste canadienne décédée récemment déclarait s'être fait insulter de nombreus mois ( années)'suite à ses propos.
    Matznef jusque encore au début des annees 2000 était défendu par de nombreux auteurs ( Beigbeders, Sollers, Savigneau).

  • Cette femme fut bien courageuse à l'époque.

    Hélas il est toujours soutenu par ceux qui le considèrent comme un ami et sans doute un mec bien.
    Qu'il soit allé se pavaner chez Gallimard en septembre est incroyable .

  • Je pensais y aller pour Rouve, mais j'ai changé d'avis, découragé par le sujet, finalement.

  • C'est compliqué...

  • Autres temps autres moeurs, pour moi le plus gênant c'est justement le jeu monolithique et psychopathe à la Hannibal Lecter de Jean-Paul Rouve qui instaure d'emblée le fait qu'il soit un monstre et donc empêche tout débat, réflexion et dévie même du titre en refusant la réflexion même que l'autrice et victime entame avec le consentement. Le film est donc par son jeu un peu hors sujet...

  • Absolument. Même si la prestation est impressionnante elle ne laisse aucun doute planer : c'est un sale type. Et le jeu de Kim Higelin ne m'a pas convaincue non plus.

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