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L'ENLÈVEMENT

de Marco Bellochio ***(*)

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Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi

Les Mortara, famille juive composée des parents et de 9 enfants vivent heureux et en parfaite harmonie dans le quartier juif de Bologne en 1858.

La ville est alors placée sous la loi pontificale aux ordres de Pie IX. Une nuit de 1858, la police pontificale fait irruption dans la maison et exige que lui soit remis Edgardo le fils de six ans au prétexte qu'il aurait été baptisé, à l'insu de ses parents, et qu'il doit désormais vivre et être élevé dans la foi catholique. Désespérés les parents obtiennent un sursis et malgré les suppliques du père, les autorités ecclésiastiques restent inflexibles et par ailleurs mentent en affirmant qu'Edgardo restera à Bologne. Arraché de force à ses parents, l'enfant est directement conduit au Vatican où des dizaines d'enfants sont placés comme lui dans une sorte de couvent où ils subissent un lavage de cerveau en règle à base de prières et de rites dogmatiques. Dès lors, soutenus par l'opinion publique et la communauté juive à une époque où l'Italie amorce son risorgimento et que le pouvoir de l'Eglise vacille, les parents n'auront de cesse pendant deux décennies de faire valoir leurs droits pour récupérer leur enfant. Mais le Pape, l'Eglise ne cèdent pas et les années passent.

Pas de doute, le vieux maestro italien sait nous raconter une histoire. De manière linéaire il évoque le fanatisme religieux dans ces aspects monstrueux. Car si la mère prône une religion calme dans l'intimité du foyer (là d'où aucune religion ne devrait sortir), elle n'en exhorte pas moins son fils à faire ses prières judaïques, la seule religion qu'elle revendique, comme si l'urgence n'était pas ailleurs. Quant à l'obscurantisme catholique et son antisémitisme indiscutable, il fait également froid dans le dos. Les deux visions de la religion campent sur leurs positions et au milieu pleure un enfant qui à force d'endoctrinement mielleux et persévérant succombera au Syndrome de Stockholm et finira par aimer son ravisseur. Un peu trop même, au point de le bousculer et le faire tomber dans un élan de tendresse. La punition : dessiner trois croix sur le sol avec sa langue. Voir par ailleurs cet enfant assis sur les genoux et serré dans les bras d'un vieil homme en soutane (magistrale interprétation de Paolo Pierobon) met également mal à l'aise.

Ces enfants, car Edgardo est loin d'être le seul, font les frais du déclin du pape et des ors de l'église catholique, ce que les hommes de pouvoir ne peuvent supporter. Et Bellochio dans un même geste de cinéma époustouflant alterne l'intime et l'universel. Les images exceptionnelles remplissent le regard, et la musique spectaculaire de Fabio Massimo Capogrosso fait décoller du siège par moments. Certaines scènes ont une puissance indescriptible, un mur qui explose, un enterrement qui tourne mal, des prêtres qui cherchent à s'échapper et leur fuite se transforme en chorégraphie, l'enfant qui décloue le Christ vivant (et très très musclé) etc. Et la scène du procès qui annonce une victoire puisque pour la première fois un ecclésiastique, l'inquisiteur, est sur le banc des accusés qui se termine par le père qui se frappe la tête, tous ces moments font un  film puissant et remarquable et permettent de découvrir une histoire folle, inconnue de ce côté-ci des Alpes.

L'Enlèvement : Photo Enea Sala

Commentaires

  • J'espère aller le voir, mais ça se bouscule en ce moment les films à voir (enfin vu le Ken Loach hier, super ..)

  • Le Loach est fort, m'a fait pleurer.
    Celui-ci m'a mise en colère mais que c'est beau.

  • Bonjour Pascale, vu après Dodin Bouffant. Un très grand film bouleversant. Comment peut-on enlever un gamin à sa famille de cette façon parce que Juif mais baptisé à l'insu de son plein gré. La dernière rencontre entre la mère et le fils est terrible. Bonne journée.

  • Bonjour dasola.
    Cette scène suprenante quelle horreur !
    Les religions sont un fléau. Seul le frère aîné semble athée.

  • Très bel critique ! J'avais prévu de le voir mais finalement la séance a été remplacée par une autre. Si j'ai l'occasion de le rattraper au ciné, je n'y manquerai pas. Sinon, peut-être sera-t-il dispo sur My canal d'ici 6 mois !

  • Dommage de ne pas le voir au cinéma. Il y a des films qui exigent le grand écran et le gros son. La musique fait décoller...

  • On a un home cinéma plutôt sympa mais c'est vrai que c'est pas la même ambiance ! S'il reste encore un peu à l'affiche, je pourrai y aller début décembre.

  • Ah oui c'est différent. Moi j'ai une petite télé même pas connectée.

  • "des prêtes qui cherchent à s'échapper" ? il me semble reconnaître un accent de chez moi :-))

    Film magnifique, un des plus beaux que j'ai vus cette année. A tout point de vue. En y repensant, je me demande bien ce que Spielberg aurait fait de cette affaire (même avec Favino visiblement approché pour être au casting). Bien sûr, le sujet familial est pour lui le cœur de sa cinématographie et il bat très fort dans cette histoire, mais tout l'aspect religieux, fondamental à mes yeux (il faut voir comment Bellochio dans son montage met les deux rites dos à dos), est parfaitement traité ici, jusqu'au mystère de la conversion. Lavage de cerveau ou prédisposition ? Ces scènes de rêves/cauchemars, ces dessins qui s'animent soudain sous les yeux du pape, comme une hantise qui prend vie, sont les zones d'ombres d'un fait divers terrible que Bellochio parvient à investir en image. Pierobon est incroyable, mais les autres acteurs ne sont pas en reste.

  • Il faut aller à l'essentiel :-) As tu remarqué que dans les media, les journaleux, les politiqueux disent "empoi" (au lieu de empLoi) ?

    Il était prévu que Spielberg s'en charge ?
    Les deux religions sont en effet pareillement "traitées". Bellolo ne doit pas être très religieux et effectivement le pauvre gamin est embrigadé dès l'enfance. Aucun moyen d'échapper à la religion.
    J'ai particulièrement apprécié le déclouage de Jésus. C'est quand même fou cette religion qui met en vitrine un gars supplicié.
    L'interprétation du pape m'a époustouflée. Les parents et l'enfant, le frère aîné aussi sont super. Edgardo plus âgé : bof (fade).

  • Le catholicisme et ses martyrs a petit côté victimaire il faut dire. C'est un peu la course à celui qui aura eu la pire des fins (le grill, les flèches, la tête tranchée, les lions, j'en passe) Jamais compris cette fascination pour le martyre, toutes religions confondues.

    Oui, Steven avait même bien avancé sur le projet d'adaptation de l'ouvrage d'un historien américain sur le sujet. Manque de bol, impossible de trouver un gamin qui ferait l'affaire. Il a donc cédé les droits que Bellocchio et ses producteurs se sont empressés de rafler pour faire ce très beau film. Je crois qu'on y gagne non ?

  • C'est peut-être pour dire aux croyants : contemplez ces martyres, y'a pire que vos petites souffrances de merdre (j'ai bien dit merdRe :-) )

    Incapable de dire si on y gagne.

  • Passionnant, beaucoup aimé notamment grâce à la reconstitution d'époque, mais aussi par une dimension historique fidèle aux faits. Il manque peut-être un peu plus d'émotion

  • C'est vrai que niveau émotion, à part la scène de l'enlèvement... c'est plutôt la colère qui l'emporte.

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