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PORTRAITS DE FILLES

simple comme sylvain monia chokri,cinéma,magalie lépine blondeau,pierre-yves cardinal,francis-william rhéaumesimple comme sylvain monia chokri,cinéma,magalie lépine blondeau,pierre-yves cardinal,francis-william rhéaume, LE THEOREME DE MARGUERITE d'Anna Novion,  Ella Rumpf, Julien Frison, Jean-Pierre Darroussin, Sonia Bonny, Clotilde Courau

C'est peut-être une erreur mais j'ai tenu à associer ces deux films qui ont en commun de proposer deux portraits de femmes passionnant(e)s, aux antipodes et en réaction de ma part peut-être à l'exécrable Flo qui enterre définitivement voire deux fois son héroïne. Ici la passion est le coeur battant des deux films où les personnages sont filmés avec une infinie tendresse et un regard (féminin) généreux voire amoureux. Deux filles qu'on a envie d'aimer et de compter parmi ses amis.

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SIMPLE COMME SYLVAIN de Monia Chokri ***(*)

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Avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume

Sophia et Xavier forment un couple harmonieux depuis une dizaine d'années. Elle est professeure de philosophie et lui est... j'ai oublié (un boulot d'intello pour faire vite). On peut dire que sur le plan intellectuel ils sont sur la même longueur d'ondes.

Ils n'ont pas d'enfants, font chambre à part, se lancent des "je t'aime" d'un lit à l'autre avant d'éteindre la lumière un livre à la main et ont acheté une maison de campagne à retaper. Tout semble être parfaitement acquis, à sa place et le ronron de la routine ne les atteint pas (encore). A l'université où elle enseigne, Sophia ne fait que parler de l'amour selon Schopenhauer, Platon, Jankélévitch sans en avoir manifestement testé les propos. Les ennuis vont commencer lorsque Sophia se rend seule dans la future maison afin de superviser les travaux. Elle y fait la connaissance de Sylvain, beau comme un charpentier et homme à à peu près tout faire en charge de rénover la maison. En plus d'être beau, il est drôle et porte à ravir les chemises de bûcheron très en vogue dans les Laurentides. Ils vont boire un verre, danse un slow et la  flèche de Cupidon leur transperce le coeur. Après un premier coup de canif dans le contrat, Sophia pense en rester là mais l'attirance est la plus forte. Son combat intérieur entre la passion et la raison commence. Ce n'est pas simple.

C'est avec un humour fin et dévastateur que Monia Chokri aborde un thème vieux comme le cinéma : l'adultère avec en sous texte, l'usure d'un couple qui ne l'a pas vu venir et peut-être aussi la crise de la quarantaine version féminine. Dès lors l'actrice réalisatrice y va à fond dans la romance, mais une romcom sociale c'est rare non ? En tout cas celle-ci est pur sucre, avec violons, balades enlacés dans les feuilles mortes. C'est simple, on se croirait revenu cinquante ans en arrière, c'est beau comme du Arthur Hiller, et en plus, personne n'est malade dans cette Love story. Et ô surprise ! fait rare et exceptionnel au cinéma, les scènes de sexe sont absolument réjouissantes et réalistes. Il est certain que sur le plan physique les deux tourtereaux sont faits l'un pour l'autre. Mais lorsque la belle surprend son amoureux à lui murmurer des mots doux, elle croit entendre du Rimbaud. C'est réjouissant de constater que c'est l'intello du couple qui confond Rimbaud et... Michel Sardou ce poète

Chacun va présenter l'autre à son entourage et le choc des cultures et des milieux est plutôt bien observé. Chacun en prend pour son grade mais sans excès même si j'aurais presque tendance à dire que les "Le Quesnoy" avec leurs phrases interminables, leurs théories péremptoires à l'emporte-pièce, leur disposition à couper la parole sans jamais écouter l'autre sont plus insupportables que "les Groseille" qui ne font pas rêver non plus dans leur beaufitude.

Alors finalement, est-ce que l'amour fait mal ? La réponse est dans l'épilogue à la fois surprenant et logique. On rit beaucoup, on craint pour ce couple qui ne demande qu'à exister et on est ému. Vive le cinéma de Monia Chokri !

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LE THEOREME DE MARGUERITE d'Anna Novion ***(*)

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Avec Ella Rumpf, Julien Frison, Jean-Pierre Darroussin, Sonia Bonny, Clotilde Courau

Marguerite ne conçoit pas la vie sans les mathématiques auxquels elle consacre sa vie et une thèse qu'elle soutiendra bientôt. Son avenir brillant est clair, net et précis. Elle est la seule fille dans un monde de garçons, surnommée la "mathématicienne en pantoufles" car elle ne se déplace qu'ainsi chaussée "parce que c'est confortable" dans l'enceinte de l'ENS où elle est chez elle. Sa vie, elle la dédie à La conjecture de Golbach (tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers, pour les béotiens).

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Notons que le problème n'est à ce jour toujours pas résolu ce qui est proprement hallucinant et change la vision de pas mal de détails de la vie courante admettons-le. Lorsque Marguerite présente un exposé devant un parterre de chercheurs médusés, une erreur est signalée dans sa démonstration et son patron de thèse (Jean-Pierre Darroussin toujours tellement juste et à sa place) lâche un terrible : "effectivement, c'est vide". Quatre années de travail sont anéanties,  et contre toute attente Marguerite s'effondre et abandonne. Les tentatives pour la ramener à la raison sont vaines. Elle trouve un boulot de vendeuse dans un magasin de chaussures après avoir refusé celui (scène hilarante) d'employée de sondages. Elle rencontre Noa, son opposée, jeune femme lumineuse, exubérante qui rêve d'être danseuse. Elles deviennent colocataires. Et lorsque l'argent vient à manquer Marguerite se découvre un talent exceptionnel pour le mah-jong, jeu traditionnel chinois qu'elle va pratiquer dans des tripots clandestins s'imposant devant des joueurs chevronnés ébahis par sa virtuosité.

Déconnectée du monde réel, avec sa drôle de démarche, son étrange façon de parler, sa façon directe de dire les choses sans filtre, Marguerite qui assure :  "J'étais très angoissée par l'infini, l'idée que l'univers n'avait pas de fin. Goldbach, c'était un moyen de mettre de l'ordre dans l'infini" ne peut évidemment pas complètement renoncer à sa passion obsessionnelle. Vouloir mettre de l'ordre dans l'infini ! Quel magnifique projet ! Et c'est en couvrant les murs de sa chambre puis de l'appartement de formules et d'équations que Marguerite nous emporte dans sa fascination, son entêtement, embarquant avec elle presque malgré lui Lucas (Julien Frison de la Comédie française, authentique révélation, le charme incarné) mathématicien comme elle mais plus réaliste et "intégré" et fasciné comme nous par ce personnage absolument irrésistible qui jamais ne cherche à séduire mais met tout le monde à ses pieds.

C'est magnifique. Les questions que vous vous posez (si, si vous vous posez ces questions... ne bougez pas, j'y réponds) sont, faut-il être féru de maths, voire simplement intéressé ou avoir obtenu un bac S pour apprécier ce film ? Est-il à l'inverse un repoussoir pour tous ceux que la discipline a traumatisés à jamais ? Absolument pas. Par un tour de magie assez incroyable, la réalisatrice nous éblouit lorsque son actrice couvre les murs de formules. C'est d'une beauté indescriptible. La magie c'est aussi grâce à son interprète aux antipodes du glamour et de la séduction qu'elle opère. Ella Rumpf est sans doute le personnage le plus attachant vu au cinéma cette année.

Ne laissez pas échapper ce film étourdissant et inspiré qui a un coeur qui bat et à la fin vous saurez si les maths sont solubles dans l'amour... ou l'inverse !

Commentaires

  • Content que tu retrouves les salles obscures.
    Vu en avant 1ere avec la réalisatrice et l'active Le Théorème de Marguerite. Oui tu as raison même les 100 % réfractaires au mathématiques peuvent apprécier cette quête de vérité scientifique. L'aA
    ctrice est vraiment dans un beau rôle.

  • Oui j'ai repris mon bâton de cinéphile :-)
    La passion est au coeur du film et l'actrice est merveilleuse.

  • Deux films qui m'intéressent. Il ne faut plus que je tarde, ils ne vont pas tenir longtemps.

  • Oui, ils ne devraient pas s'éterniser. Privilégie Marguerite.

  • Oh oui... j'ai beaucoup aimé Simple comme Sylvain... et pourtant je ne vais que très rarement voir des romcom.
    Des fois il n'y a pas besoin d'artifices superfétatoires pour faire un bon film : une chemise de bucheron et la poésie de Michel Sardou suffisent...

  • Sardou et chemises à carreaux : combo gagnant pour faire fondre l'intello.
    C'est une romcom différente.
    Essaie de ne pas passer à côté de Marguerite.

  • Étonnante, cette Ella Rumpf !
    Elle jouait aussi bien un rôle très différent : celui de la grande sœur dans "Grave".

  • J'espère que tu es satisfait de ma note que tu attendais :-)
    Je ne m'en souvenais plus du tout même si j'ai vu qu'effectivement elle était de l'aventure Grave.

  • Oui, je souscris très largement à tout ce que tu as écrit !
    Je profite de cette publication pour ajouter un lien à ma future chronique.

    Bon début de semaine prochaine, Pascale ! :)

  • Merci pour la souscription :-)

  • Bonjour Pascale, je suis contente que tu aies été autant convaincue que moi pour le Théorème de Marguerite (joli titre). Moi qui suis nulle en math (mais si j'adore les nombres), les formules mathématiques sont fascinantes. Bonne journée.

  • Bonjour dasola. Je ne m'attendais pas non plus à trouver ces murs couverts de formules aussi beaux.
    Et le film est vraiment beau aussi.

  • Simple comme Sylvain... Un petit bijou jusqu'à cette fin qui m'a laissé aussi frustré que circonspect, Monia Chokri conclut son film sur un message complètement aux antipodes que ce qu'elle essaie de raconter durant son film, une conclusion hors sujet ou incohérent qui laisse finalement un goût amer. Dommage... Mais quelle sublime couple

  • Oui j'étais surprise aussi par cette fin d'autant que 30 secondes avant elle lui annonce qu'ils vont se marier. Je n'ai pas compris même si c'est logique d'une certaine façon. Mais se séparer quand on s'aime, c'est étrange.
    Et oui le film et ce couple sont magnifiques même si la dispute m'a mise très mal à l'aise. Il donne un coup de poing dans le mur il me semble...

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