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LE JEU DE LA REINE

de Karim Aïnouz ***

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Avec Alicia Vikander, Juder Law, Eddie Marsan, Sam Riley

Henry VIII fut roi d'Angleterre et d'Irlande pendant trente sept ans neuf mois et sept jours.

Devenu obèse et tyrannique (les deux ne sont pas forcément associés) avec le temps, il fut aussi un roi cultivé et athlétique ce qui n'est absolument pas démontré dans le film qui se consacre essentiellement aux derniers mois de la vie du souverain où il commençait sérieusement à perdre le sens commun. Mais aussi aux rapports compliqués qu'il a entretenus avec les femmes. Ses cinq premières épouses ont été répudiées (Anne de Clèves, Catherine d'Aragon), décapitées (Anne Boleyn, Catherine Howard) ou morte en couche (Jeanne Seymour). Quant à ses filles aînées Marie et Elizabeth (futures Marie Tudor ton moulin ton moulin... et Elizabeth 1re) elles ont été écartées de sa vue et de la succession au profit du choupinou Edouard VI qui ne règnera que par régence puisque son passage sur terre n'excéda pas les quinze ans.

Lorsque le conte commence, il était une fois Catherine Parr, sixième épouse du psychopathe qui a sa confiance au point que ce royal époux l'a désignée Régente pendant qu'il était parti guerroyer en France. Sa santé et surtout l'état de putréfaction avancée dans lequel se trouve sa jambe (diabète, scorbut, goutte ?) le font rentrer prématurément au château où la belle captive va devoir redoubler d'attention et d'habilité pour déjouer les pièges tendus par la Cour, l'Evêque et le Roi, plus paranoïaque que jamais.

Intelligente, tendre et maligne comme tout, elle s'est attirée les faveurs des enfants du roi (qui ne sont pas les siens). Elle réconcilie le père avec ses filles, le petit Edouard l'appelle maman. Elle est aussi cultivée et est la première femme a avoir été publiée en Angleterre. Ses Oeuvres spirituelles ont paru après la mort du roi. Elle entretient également une amitié interdite avec Anne Askew poétesse rebelle, contestataire mais aussi protestante alors que le roi était catholique. Allons-y gaiment et osons le mot : féminisme. Et il est vrai que les filles de l'époque avaient fort à faire mais avant tout, il me semble, plus que pour revendiquer des droits, assurer leur survie face à un environnement des plus masculiniste. Une femme n'est jamais loin d'être une sorcière, il fallait qu'ils se méfient les garçons.

Tout cela est parfaitement mis en scène de façon on ne peut plus classique mais il n'est pas nécessaire de placer des Converse dans une armoire pour raconter l'Histoire (avec un grand H) et la moderniser n'est pas non plus forcément utile et pertinent même si quelques libertés sont prises concernant la fin du Roi. Il faut donc aimer les films en costumes (c'est mon cas) pour apprécier celui-ci. Et même si l'on connaît le sort réservé aux deux protagonistes principaux, le réalisateur réussit plutôt subtilement à entretenir le suspense et une tension stressante, glissant même une intrigue digne des Ferrets de la Reine dans cet acharnement à démontrer qu'une femme est une traîtresse. En arrière plan, lors des quelques scènes d'extérieur, semble jaillir le château, écrasant comme une menace, imposant et d'où l'on ne peut s'échapper.

On n'atteint pas le niveau du précédent film de Karim Aïnouz, réalisateur brésilien qui curieusement tourne cette histoire britannique, La vie invisible d'Euridice Gusmao où déjà deux femmes devaient déjouer les manoeuvres des hommes pour sauver leur peau, mais le film est plus que recommandable. Et puis il y a l'interprétation. Difficile pour Jude Law de faire dans la demi-mesure pour interpréter cet épouvantail monstrueux. Rongé par la gangrène, obèse et tonitruant, lesté de quelques kilos et de rembourrages, il pue et dérange. Je l'ai trouvé étonnant. Le personnage se laisse parfois embobiner par sa douce épouse dont on ne sait pas toujours si elle exprime de réels sentiments ou si elle le manipule pour rester en vie. Même Henri VIII y perd son latin. Alicia Vikander tout en retenue et sobriété impose sa présence avec humilité.

J'ai trouvé que la façon d'Henri VIII de lui clouer le bec en lui couvrant pratiquement tout le visage était une idée remarquable. Dans ces moments là, on sent qu'il pourrait la broyer d'une seule main. Les scènes au lit sont éprouvantes comme les moments où les plaies suitantes, purulentes du Roi sont plein écran. Je considère le film comme un cas clinique d'emprise d'un homme puissant sur une femme contrainte. Pas mal du tout.

Le Jeu de la reine: Alicia Vikander, Jude Law

 

Commentaires

  • Très beau et très bon film, magnifique reconstitution et quelle performance de Jude Law !... Malheureusement la fin est complètement fausse historiquement, et même grotesque. Dommage ça gâche un film qui était jusque là passionnant

  • Cette fin est effectivement surprenante, c'est dommage.

  • Beaucoup de critiques négatives aussi. Je fais partie de ceux qui ont aimé.

  • Je ne comprends pas les critiques négatives. Pour moi c'est un coup de coeur !

  • Laissons les grincheux. L'important c'est d'aimer :-)

  • Je suis d'accord avec selenie : la fin imaginaire (et pas très bien mise en scène) gâche (un peu) un film de très haute tenue, remarquablement interprété, pas uniquement par les deux acteurs principaux d'ailleurs (Heureux Michael Fassbender !). Celles et ceux qui incarnent les enfants d'Henri VIII, les membres de la Cour, la prédicatrice calviniste et le redoutable évêque de Winchester méritent tout autant les éloges.

  • La fin est ratée et quelque peu invraisemblable (même si elle ne s'écartait pas de la réalité).
    Michael Fassbender aurait été pressenti ? Il en était bien capable.
    Effectivement l'interprétation en général est excellente.

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