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L'AFFAIRE ABEL TREM

de Gabor Reisz ***

L'AFFAIRE ABEL TREM, Gabor Reisz, cinéma, Gaspar Adonyi-Walsh, Istvan Znamenak, Andras Rusznak

Avec Gaspar Adonyi-Walsh, Istvan Znamenak, Andras Rusznak

Lors de l'oral de l'épreuve d'histoire au baccalauréat, Abel bute sur un premier sujet puis sur le second. Il reste muet et se fait recaler.

Il n'ose avouer à ses parents la raison de son échec et prétend donc que son prof' d'histoire l'a pénalisé parce qu'il portait la cocarde hongroise au revers de sa veste. 

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Cette petite chose (tissu ou pin's) est arboré par la plupart des hongrois du côté du coeur chaque année le 15 mars, jour de la fête nationale de la Hongrie pour commémorer la Révolution de 1848. Depuis quelques années, la cocarde tricolore ne fait plus l'unanimité car  Victor Orban, 1er ministre du pays depuis... dix-sept ans se l'est approprié et a transformé le symbole patriotique en totem nationaliste. Le mensonge d'Abel n'est donc pas anodin puisque son père vote Orban* et qu'il n'entend pas que son fils soit pénalisé à cause des idées de son père. L'affaire arrive aux oreilles d'une jeune journaliste avide de scoop pour se faire remarquer et finit par se propager via les réseaux sociaux et devenir une véritable affaire d'Etat.

Au passif du film je mettrai l'absence totale de charisme du protagoniste principal (disons-le clairement, il joue comme une patate), la longueur du film (152 min. ou 2 heures et 32 min.) et sa structure inutilement alambiquée.

J'ai aimé voir comment la rumeur d'une affaire qui n'aurait pas dû en être une se propage. Le réalisateur prend son temps pour nous présenter en chapitres une multitude de personnages, leur façon de vivre, leurs problèmes pour boucler les fins de mois et resserre son intrigue sur une dizaine de jours. A nous de découvrir au fur et à mesure leurs relations les uns avec les autres. Ensuite la machine s'emballe et le film démontre les antagonismes au sein d'un pays où les citoyens semblent prêts à s'enflammer ou continuer à s'écraser. On sent véritablement la peur chez certaines personnes.

Une fois de plus nous entrons en salle des profs et découvrons ici un prof à l'abandon à cause une nouvelle fois d'une faute qu'il n'a pas commise. On peut dire que les ados commencent à être classés dans la catégorie fieffés menteurs... Mais ici surtout nous prenons le pouls d'un pays que l'on connaît mal et qui semble brandir haut les couleurs du patriotisme tout en auscultant le point de vue de divers personnages à propos de la même affaire. 

Les scènes de conversations, de plus en plus animées, d'une rare intelligence, d'une belle précision entre le père d'Abel et le prof d'histoire du garçon (et magnifiquement interprétées par les deux hommes) sont vraiment passionnantes et donnent vraiment les arguments de deux clans politiques. Un peu long donc avec de belles fulgurances. 

* Parmi les mesures prises par Orban ces dernières années, citons : les droits d’entrée à l'université, l'augmentation des tarifs de santé pour les diabétiques qui ne suivent pas le régime alimentaire préconisé par leur médecin, intervention des policiers à la retraite pour surveiller les allocataires d'aides sociales effectuant des travaux d'intérêt général exigés par la loi, véritables camps de travail pour les Roms, amende de 500 € pour les sans-abris etc. Et je ne parle pas des mesures concernant les migrants, de la référence à Dieu inscrite dans la nouvelle constitution et de sa proximité avec Poutine.

Commentaires

  • J'ai beaucoup aimé ce film.
    Plus qu'un nouveau film de prof et d'élève, c'est surtout un film politique (même si la politique de l'a Hongrie, je suis assez loin). Mais il est tout autant très intéressant de voir décortiquer cette affaire à partir d'une simple question, c'est quoi cette cocarde, comme on aurait pu dire c'est quoi cette bouteille de lait...

    J'ai particulièrement aimé l'échange verbal entre le père et le prof autour d'un café, café qui n'aura pas le temps de venir d'ailleurs, la grand scène du film.

  • C'est quoi cette bouteille de lait :-)))) you make my day.
    Pour les oeuvres d'orban j'ai dû faire des recherches ;-) j'ai pu voir comme il était BG au début de ses nombreux mandats et comme il ressemble à un ogre dégueu aujourd'hui (remarque à haute valeur politique).

    Ce tête à tête est LE moment du film. J'aurais aimé qu'il dure encore. J'adore, même si le ton monte, comme cet échange reste correct.

  • J'ai fait deux séjours en Hongrie (dans une famille) dans ma jeunesse. A l'époque ils étaient encore occupés par les Russes et ne pensaient même plus pouvoir s'en débarrasser un jour (1968 mon premier séjour ..). Je me demande ce que les habitants que j'ai rencontrés à l'époque pense de ce qui se passe aujourd'hui dans leur pays.

  • La chance ! Un pays que je ne connais pas du tout. Dans le film, ils semblent à la fois libres et inquiets.

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