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VALEUR SENTIMENTALE

de Joachim Trier **(*)

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NORVEGE

Avec Stellan Skarsgaard, Renate Reinsve, Inga Ibsdotter Lilleaas, Elle Fanning, Anders Danielsen Lie

Gustav Borg réalisateur de renom revient dans la maison familiale à l'occasion des obsèques de la femme dont il est séparé depuis de nombreuses années.

Agnes et Nora, ses filles, ne voient pas d'un très bon oeil le retour de cet homme qui débarque comme le père prodigue alors qu'ils n'ont plus de contact depuis longtemps. Si Agnes s'est parfaitement accommodée d'une vie sans père et a elle-même fondé une famille, Nora est beaucoup plus perturbée et hostile. Comédienne de théâtre, elle refuse sa proposition de jouer dans son prochain film. Rachel une jeune star hollywoodienne va la remplacer.

Sur cette trame relativement simple/basique, la réparation d'une relation abîmée entre un père et ses filles, le réalisateur embrasse toute une cascade de thèmes qui gravitent autour des personnages. Il y est aussi bien question de la création artistique, que de la place des cinéastes vieillissants, de celle de l'artiste qui ne trouve pas sa place sur un tournage, du trac des comédiens avant d'entrer en scène. Et tout cela finit par étourdir le spectateur au point de le plonger dans une torpeur proche du sommeil.

Toute l'animosité du trio père/filles est néanmoins très policée, on est entre gens civilisés et on finit par se demander si le père, traité comme un paria, n'a pas commis un crime. Tout m'a semblé exagéré, amplifié. Il a simplement été absent, on est d'accord, cela ne se fait pas et il est largement sous-entendu qu'il ne s'est pas toujours très bien comporté avec la mère des filles, mais devant l'agressivité de Nora je me suis vraiment attendue à un moment à des révélations à la Festen... Il ne suffit évidemment pas de revenir la fleur aux dents après avoir été un éternel absent pour que tout le monde vous tombe dans les bras mais, sans que je puisse réellement l'expliquer et alors que je serais toujours plutôt du côté des "victimes", j'ai trouvé la punition sévère. Le charme insensé de Stellan Skargaard aurait-il agi plus efficacement sur moi que sur ses filles de cinéma ? Il faut bien reconnaître que l'acteur septuagénaire est ici au sommet de son charisme (et je ne suis qu'une faible femme).

Il faut bien reconnaître que ce film très élégant qui propose de magnifiques idées très cinégéniques finit par être terriblement ennuyeux. Cela dit, je n'oublie pas cette trouvaille que j'ai adorée et qu'hélas le réalisateur abandonne de faire parler la magnifique maison au centre de l'histoire qui a vu défiler les générations de cette famille et témoigne de ses observations en voix off. Le procédé rappelle le (raté) Here de Robert Zemeckis où l'on suivait les histoires de familles à travers le temps du point de vue unique d'une pièce de la maison. La scène d'ouverture où Nora doit entrer sur scène alors qu'elle est saisie d'une crise de panique qui la paralyse est étourdissante. Et la toute dernière, la seule qui soit vraiment touchante.

Un film qui devrait vous étreindre le coeur pendant deux heures et ne laisse affleurer l'émotion que dans les deux dernières minutes me semble raté. Et il est encore plus surprenant que ce soit le personnage féminin extérieur à l'histoire (Elle Fanning, supra sensible) qui provoque l'émotion qui manque tant à ce film chic mais froid.

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