Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CONNEMARA

d'Alex Lutz ***(*)

CONNEMARA, cinéma, Alex Lutz, Mélanie Thierry, Bastien Bouillon, Jacques Gamblin, Clémentine Célarié, Eliot Giraud, Bruno Sanches, Grégory Montel

Avec Mélanie Thierry, Bastien Bouillon, Jacques Gamblin, Clémentine Célarié, Eliot Giraud, Bruno Sanches, Grégory Montel

Originaire des Vosges Hélène a "fait" sa vie (un mari, deux enfants) et sa carrière (un boulot à responsabilités) à Paris.

Un burn-out foudroyant l'amène à l'aube de la quarantaine, entre deux séances chez la psy, à s'interroger sur son existence. Elle revient vivre dans les Vosges avec sa famille, se rapproche de sa mère, retrouve un boulot et... rien ne va mieux pour autant. Un soir, alors qu'elle a répondu à une annonce sur une application de rencontres, elle aperçoit par hasard celui qui l'avait fait rêver adolescente : Christophe Marchal. Hockeyeur star du lycée il n'avait rien su de ce qu'il provoquait chez Hélène à l'époque. Il n'a jamais quitté les Vosges, il est divorcé, a un jeune fils de 7 ans qui vit très mal la séparation de ses parents et s'occupe de son père qui perd progressivement la carte. Cette rencontre fortuite va-t-elle leur donner une nouvelle possibilité de se rencontrer vraiment, enfin ?

Alex Lutz tient jusqu'au bout le parti pris de sa réalisation très originale voire audacieuse. Si elle m'a donné une vague sensation de vertige au début, je m'y suis accoutumée et j'ai fini par apprécier cette caméra à l'épaule qui suit Hélène de très près, accompagne les secousses de ses troubles, de ses doutes, de ses hésitations et se calme à mesure qu'elle trouve un peu de sens et de stabilité. 

Je suis sortie avec un gros cafard de la séance. Tant pis, ça passera. L'ambiance est souvent tristouille même dans les moments de joie mais il est vrai que les Vosges sous la pluie c'est encore un peu plus triste qu'ailleurs (sauf pour ceux qui (incompréhensible pour moi) trouvent la pluie romantique). Hélène et Christophe s'aiment comme des ados avec les maladresses et les hésitations. C'est charmant, c'est touchant mais leurs responsabilités d'adultes (les enfants, les parents, les ex conjoints...) viennent percuter les amours adolescentes de ces deux quadras abîmés par la vie qui pensent un peu bêtement que l'herbe est sans doute plus verte ailleurs et idéalisent (surtout Hélène) le partenaire.

Les irrésistibles et parfaitement compatibles Mélanie Thierry (sa voix, sa peau, ses cheveux fascinent le réalisateur) et Bastien Bouillon (charismatique et tout doux) forment le couple frémissant de cette tentative de revivre son adolescence à quarante ans, d'essayer de tout recommencer à zéro, de s'accorder une seconde chance alors qu'on a perdu pas mal d'illusions en chemin.

Autour d'eux un enfant aux cernes éloquents brise le coeur, le père de Christophe (bouleversant Jacques Gamblin) devenu dangereux pour le petit fils qui lui est parfois confié, s'efforce en vain de trouver encore son chemin (la scène du départ de sa maison est déchirante), la mère d'Hélène (Clémentine Célarié parfaite en "provinciale" quoique moins bien "servie" par un personnage surtout axé sur le reproche face à sa fille souvent un peu raide et froide), les amis et ex conjoints... le réalisateur est fou de ses acteurs, on le comprend.

Je n'ai rien lu de Nicolas Mathieu malgré le terreau indiscutable de son oeuvre pour le cinéma. Il semble que les lecteurs seront déçus et ne retrouveront pas l'aspect social du roman. Alex Lutz se focalise en priorité sur la partie sentimentale et romantique, ce qui me convient parfaitement. Mais la jeunesse perdue, les parents vieillissants, la dépression handicapante, les divorces, les désillusions sont des thèmes effleurés qui rendent l'histoire réaliste, concrète, convaincante.

Est-ce le "tube" éponyme du titre, hymne incontournable des soirées "beaufs", EVG, EVJF, mariages et communions où même les plus discrets convives se mettent à hurler, à danser sur les tables, symbole de joie et de fête qui scelle le destin des deux héros ?

Le ton est au pessimisme et la lecture de chevet d'Alex Lutz (ou de Nicolas Matthieu) doit être Les illusions perdues...

Écrire un commentaire

Optionnel