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SPRINGSTEEN : DELIVER ME FROM NOWHERE

de Scott Cooper ***

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ETATS-UNIS

Avec Jeremy Allen White, Jeremy Strong, Stephen Graham, Olivia Ross, Paul Walter Hauser, Gaby Hoffmann

En 1982, Bruce Springsteen est encore tout jeune (33 ans) mais il est déjà The boss, mondialement connu, célébré et adoré.

Il sort d'une tournée éreintante et n'aspire qu'au repos et à la solitude. Il s'isole dans une jolie maison du New-Jersey à la campagne et entreprend la réalisation de son sixième album. Contre toute attente et à la surprise générale il va enregistrer une dizaine de chansons plus cafardeuses les unes que les autres inspirées par son burning-out mais aussi des films (deux chefs-d'oeuvre) qui l'ont marqué : La balade sauvage de Terrence Malick et La nuit du chasseur de Charles Laughton ou l'évocation de thématiques sociales.

Au fil des semaines Bruce va imposer ses exigences par l'intermédiaire de son fidèle et dévoué agent Jon Landau (Jeremy Strong, parfait de douceur, d'empathie, de compréhension (l'ami qu'on rêve d'avoir)) : pour cet album, pas de promo, pas d'interview, pas de tournée et pas sa tête sur la pochette de l'album. De plus, il va travailler dans sa chambre, en acoustique (guitare, harmonica) sur un petit enregistreur à cassettes. Malgré les tentatives de pression de sa maison de disques qui craint le fiasco (et la perte de sa manne financière éventuellement), Bruce refusera tous les arrangements en studio et souhaitera garder la fraîcheur et l'imperfection du premier résultat. Il ne souhaite pas que les textes disparaissent derrière la musique. Et il aura évidemment raison. Sans chercher à divulgacher, la maison aura tort puisque l'album fut classé troisième dans les charts américains et britanniques.

Ce film est l'histoire de cet album, Nebraska. Et il est passionnant dès qu'il se recentre sur la musique, la création, la solitude de l'artiste, son imagination et sa créativité. Le plus étonnant est que la chanson, que dis-je, le tube planétaire Born in the U.S.A. est enregistrée en studio à cette époque. Le film insiste bien sur l'interprétation prodigieuse et rageuse du Boss déjà cerné par la dépression. Vrai ou faux, on s'en moque, pour cette scène : frissons garantis. C'est ce qu'on veut. Jeremy Allen White (qui a eu le même coach vocal que Timothée Chalamet pour A complete unknown) est absolument irréprochable dans le rôle. Il chante (et j'ai attendu la fin du générique pour savoir s'il chantait vraiment), joue de la guitare et de l'harmonica (ce qu'il a appris pour l'occasion) et ses prestations sur scène sont électrisantes.

Saluons l'originalité du réalisateur qui insiste sur la relation particulièrement chaleureuse faite d'empathie entre l'agent et l'artiste là où les autres s'attardent surtout à décrire les conflits. Les deux acteurs sont parfaits. Passionnant aussi lorsqu'il décrit toutes les astuces des techniques d'enregistrement et tout ce que Springsteen veut éviter pour conserver l'authenticité de sa version originelle avec ses imperfections.

Dommage que le réalisateur gâche un peu son originalité en insistant très lourdement sur l'enfance traumatique de l'artiste avec ces flash-backs en noir et blanc qui décrivent de façon répétitive les comportements du père alcoolique et violent opposés à la douceur de la mère qui réagit peu mais danse dans la cuisine avec son petit garçon...(scène très américano-américaine). Et le pire est cette amorce d'idylle d'une banalité à pleurer entre une fan (fille perdue cheveux gras) et le chanteur qui n'a strictement rien à faire là. Parlerai-je de la scène catastrophique où la demoiselle plutôt insignifiante, serveuse dans un diner (tout mon respect aux serveuses dans les diners) se transforme brusquement en apôtre de la psychanalyse (de comptoir) ou disciple de Socrate et lui assène (pour faire vite) un "Connais-toi toi-même" assez risible ? Oui j'en parlerai. Ce personnage et cette historiette sans intérêt allongent forcément le film du quart d'heure de trop alors que ce qui nous préoccupe ici c'est la musique, la dépression et la manière d'en sortir par la musique justement.

Il n'en demeure pas moins un film plus que fréquentable et que depuis une semaine, le Boss tourne en boucle sur la platine.

P.S. : j'adore particulièrement le moment où Jon fait écouter l'album au responsable de la maison de disque qui dit soudain : "c'est comme ça jusqu'au bout ?". Cette réplique me met en joie.

Commentaires

  • Ah, et j'ajoute qu'il ne veut ni tournée, ni promo, ni presse.
    Booooorn in the USA, I was... que c'est bon de pousser la voix parfois comme le fait encore le Boss. Hymne honteusement détourné par l'équipe Reagan dans les années 80, ce qui a vigoureusement énervé notre cher Bruce. On connaît un vieux blond qui ne se prive pas pour faire de même avec d'autres (Jack White n'en décolère pas).
    Même avis, mais je serai moins réticent sur les scènes avec le père (Stephen Graham et sa tête de chatouilleux comme quand il faisait Baby Face Nelson chez Michael Mann, réalisateur par ailleurs remercié à la fin du générique, tout comme Christian Bale). Quant à l'idylle, nous sommes d'accord. De plus, il semble qu'elle soit totalement fictive.
    Bonne idée de mettre en illustration cette vidéo fabriquée avec des plans de l'excellent Indian Runner de Sean Penn. Je me demande qui a eu cette bonne idée également ?

  • Tu n'ajoutes rien car je dis bien qu'il ne souhaite ni promo, ni interview, ni tournée.
    Pas étonnant que Reagan n'ait rien compris à Born in the USA.
    Stephen Graham est formidable (rien à voir avec sa version paternelle de Adolescence) mais trop de scènes en noir et blanc sur le père violent alcoolo tuent les scènes en noir et blanc...
    L'idylle reprendrait un mix de plusieurs relations du boss. Raté !
    Cette vidéo est magnifique. Je ne sais qui l'a pondue mais il y a des petits génies sur les internets.

  • Cmplètement d'accord avec toi, son enfance est loin d'être traumatisante à ce point, on sent qu'il fallait une "excuse" ou un paramètre "dramatisant"... Le film fait passer le père pour un simple homme violent et brutal alors qu'il était surtout malade d'un point de vue psychiatrique, d'ailleurs on ne voit dans le film qu'une gifle... Mon père serait en prison à ce rythme là... Mais ça reste une belle évocation d'une année charnière, l'acteur est épatant et j'ai apprécié la partie créative et artistique de l'artiste

  • On dirait que tout biopic même partiel comme ici, il faut sa part de traumas.
    Il n'y a pas qu'une gifle. Quand il l'oblige à se battre, ce n'est pas très doux.
    Désolée pour ton enfance.
    L'acteur, le casting, la musique, la créativité, tout est formidable.

  • Il se peut que Prince et toi soyez parvenus à me convaincre d'aller le voir.
    Vais-je en avoir le temps ? Ce n'est pas sûr, parce qu'il a l'air de faire flop...

    Passer après Dylan / Chalamet lui porte peut-être préjudice.

  • Où sont passés les fans de Springsteen ?

  • Moins de battage que pour le petit Chalamet.
    Jeremy Allen White est nettement moins connu et populaire. Dommage car il disparaît complètement derrière le personnage. Et si ce n'est cette idylle inutile, idiote et mal traitée, c'est un bon film.

  • Manifestement ils ne veulent pas voir leur boss au cinéma.

  • Parait que le love interest est complètement faux ! Le film peine à démarrer au box office :(
    Perso, même pour les beaux yeux d'Allen White, je n'y suis pas allée et je ne suis pas sure de pouvoir car du lourd arrive en salle. En te lisant, je vois qu'il y a quand même des choses à sauver, ouf !

  • On peut sauver plusieurs choses en effet. Les deux Jeremy, leurs belles scènes et leur belle relation et les moments de création.
    La pauvre love interest est à pleurer de banalité et d'inutilité.

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