LA FEMME LA PLUS RICHE DU MONDE
de Thierry Kliffa ***
Avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Marina Foïs, Raphaël Personnaz, André Marcon, Mathieu Demy, Joseph Olivennes
Cette femme (la plus riche du monde) s'appelle ici Marianne Farrère et serait l'avatar de Liliane Bettancourt, femme d'affaires française multimilliardaire.
Elle a beau être très active dans la gestion de ses affaires, de son patrimoine et du petit monde servile qui l'entoure, elle s'ennuie beaucoup et somatise cet ennui en de multiples douleurs. Jusqu'au jour où on lui amène sur un plateau Pierre-Alain Fantin (alias François-Marie Banier) un photographe en vogue chargé de la prendre en photo dans son environnement familier pour un magazine. L'homme arrive en mobylette et entre comme un ouragan dans cet univers corseté. Il va la faire changer de tenue, ébouriffer (très légèrement) sa coiffure et la diriger comme le plus anodin des modèles. Son sans-gêne est instantané et curieusement c'est ce qui séduit Marianne habituée à beaucoup plus d'égards. Très rapidement ils deviennent amis, sortent ensemble dans des soirées endiablées. Marianne s'amuse tellement, que Pierre-Alain devient son protégé et qu'elle commence à lui verser des sommes astronomiques afin de l'aider à s'épanouir dans ses projets. Le curieux manège observé par l'entourage finit par être révélé par Frédérique, la fille de la milliardaire qui attaque l'homme en justice pour abus de faiblesse.
Je n'avais porté qu'une oreille distraite à "l'affaire" Banier-Béttancourt en son temps. Je dois reconnaître que cet univers et ces personnages ne m'intéressent guère et qu'un psycho-drame familial chez les bourges sur fond de millions d'euros ne m'ont jamais passionnée. Mais le casting et la bande-annonce m'ont attirée en salle. Et je ne suis pas déçue. Les acteurs, notamment les deux têtes d'affiches s'en donnent à coeur joie, chacun dans leur genre dans une espèce de vulgarité qui les fait se livrer à un véritable numéro de duettistes où tous les autres n'existent plus. Autant le dire, c'est une grosse farce qui néanmoins prend un virage à angle droit vers la fin lorsque soudainement le passé familial où il est question des juifs, de collaboration, de "résistance" tardive resurgit. La plaisanterie s'assombrit et il faut alors bosser à redonner lustre et dignité à la maisonnée. Les petits arrangement alors sont assez mignons.
L'histoire, je la trouve vulgaire et consternante et les personnages principaux sont antipathiques. Mais j'ai apprécié par dessus tout l'interprétation frénétique de Laurent Lafitte qui, protégé par Marianne, n'épargne personne à Neuilly-sur-Seine. L'acteur se montre suffisamment subtile pour qu'on ne sache vraiment où il se situe entre sincérité et duplicité. Isabelle Huppert a ce petit air snob et supérieur (que je lui trouve aussi dans la vraie vie) qui convient parfaitement au personnage. Et ce moment où elle est perdue devant un distributeur de boissons est exceptionnel : elle le secoue, appelle à l'aide et lorsque son fidèle, sincère et dévoué majordome (merveilleux Raphaël Personnaz (sa ressemblance, voix, sourire, démarche avec Alain Delon ne saute qu'à mes yeux ?)) lui annonce qu'il faut insérer une pièce, elle s'exclame "tiens c'est nouveau ça !".
Exceptée Marina Foïs que je ne trouve pas pertinente dans le rôle de la fille lésée (jalouse ?) et mal aimée, le casting est un régal. Mathieu Demy, Joseph Olivennes, André Marcon et Raphaël Personnaz (coeur, coeur, coeur) entourent admirablement le duo star.

Commentaires
Il serait grand temps de mettre en chantier un remake d'un film d'Alain Delon avec Personnaz dans le rôle principal, ça me semble évident aussi.
Je te trouve plutôt dure avec ces gens. Auteuil Neuilly Passy, c'est pas du gâteau. C'est vrai que le choix d'Isabelle en simili Liliane, c'est l'évidence. Y a-t-il aussi un certain Nicolas dans ce pannier de crabes ? Je crois me souvenir que dans cette affaire... Mais non, que dis-je, quelle indignité de penser ainsi.
Ça donne envie.
"L'histoire, je la trouve vulgaire et consternante et les personnages principaux sont antipathiques" : tu résumes bien l'impression que j'ai pu en avoir... sans être allé voir le film. Je passe.
+ 1 pour Raphaël en nouvel Alain !
Pour être honnête, je le trouve même meilleur acteur.