C'est incurable, et alors ???
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et parce que je n'aime pas qu'il y ait un mauvais film en page d'accueil de "ma route"...
Rien que prononcer ce nom me donne le frisson !
Il souhaiterait avoir pour épitaphe : « Ici repose Paul Newman mort d’un échec parce que ses yeux devinrent marrons »… Sauf que c’est en noir et blanc que je l’ai découvert et il ne s’est jamais limité pour moi à un regard ! Ceux qui suivent mon chemin savent que c’est avec Jean Marais que je devais me marier (l’histoire de ce ratage est contée dans la rubrique « Mes demi-Dieux » le 29 juin 06), mais je n’aurais jamais refusé d’aller boire un verre avec Paul Newman et plus si affinités. Il n’est peut-être d’ailleurs pas trop tard… Paul, si tu me lis !
Quel choc fut pour moi « Billy the kid », « Marqué par la haine » et surtout « Doux oiseau de jeunesse ». Au-delà de la secousse provoquée par sa beauté, il y avait la démarche, nonchalante et désabusée, les attitudes entre mépris et douleur comme s’il avait déjà tout compris et encaissé de la vie, la voix… il mâchonnait son texte, imperturbable. Le vrai « rebel without a cause » pour moi c’est lui !
« Luke la main froide », nouvelle secousse, a achevé de me prouver quel grand acteur hors du commun il est. Rebelle à toute forme d’autorité dans ce film, il en impose avec un côté introverti et mutique qui lui vaut finalement le respect de ses partenaires.
Il peut tout jouer l’amant, le rebelle, le voyou, le tourmenté, les anticonformistes. Et dans « Exodus » il ajoute la dimension de héros à son aura. Il y est un combattant de la résistance (Ari Ben Canaan) décidé à conduire 600 juifs des camps de détention de Chypre jusqu'aux frontières de la Palestine. Film sismique !
Impossible de citer tous ses films car la carrière de Paul Newman est jalonnée de merveilles. Dans « Hombre », il donne au sacrifice ses lettres de noblesse. Plus tard, il prouvera que l’humour n’est pas incompatible avec le parcours d’un acteur hors du commun au physique admirable. « L’Arnaque » et « Butch Cassidy et le kid » en sont les preuves. Dans son film le plus récent « Les sentiers de la perdition », il compose un patriarche, cousin du « Parrain », absolument sidérant.
J’entends au loin des échos de tournage d’une sorte de western écolo avec Robert Redford… Le rêve.
Marié à la même femme (l’actrice Johanne Woodward) depuis près de 50 ans, engagé dans de nombreuses actions caritatives de lutte contre la drogue, l’un des plus grands, des plus exceptionnels acteurs du monde, discret et secret est un homme bien !
" Vous étiez pour moi l'homme idéal. Séduisant, charmant, délicat, spirituel, etc. Vous avez tellement incarné pour moi cet homme que j'aurais aimé aimer que...
Personne d'autre ne vous a remplacé dans ma vie. » !!!
Ce sont les paroles d’une « fan » encore un peu plus ravagée que moi car si je fus longtemps inconsolable, j’ai trouvé apaisement (si pas consolation) auprès de Paul Newman, de Clint et tant d’autres !!! Si Jean Marais est responsable de ma frivolité et de mon inconstance, je suis coupable du reste...
J’ai longtemps été convaincue que Jean et moi convolerions en justes noces dès que ma métamorphose de vilain petit canard en élégant cygne serait accomplie. Un écart d’âge de plus ou moins un demi siècle !!! Qui s’en préoccupe ? Pas moi, et pas lui en tout cas. J’ai vite compris que dans « Peau d’Âne », il ne rêvait que d’épouser sa fille et que dans « Le bossu » il réalisait l’exploit incestueux même si Aurore de Nevers n’est que sa fille adoptive !!! Que toutes les péronnelles des années 50, 60 et 70 se pâment à son approche ou convulsionnent entre ses bras en minaudant « Philiiiiiipe ! » m’importait peu. J’avais confiance.
Un jour il m’est apparu dans une brume ouatée face à Madeleine Sologne (soit), en pull jacquard, et ce fut le choc, foudroyant et définitif : le coup de foudre « L’Eternel retour »
Cet apollon au corps d’athlète devient l’emblème d’une génération et croise Jean Cocteau avec qui il formera un couple qui deviendra aussi célèbre que son équivalent hétéro Renaud-Barrault. Il aime les garçons, il aime Cocteau, qu’importe c’est un héros et en 1941 il « corrige » le critique antisémite Alain Laubeaux de la revue « Je suis partout » qui s’était moqué de Cocteau. Truffaut s’est inspiré de ce coup de gueule dans une scène du « Dernier métro ».
Cocteau dit de lui qu’il est : "Le type de l'acteur-poète qui ne profite pas des oeuvres en virtuose, mais ne cherche qu'à les servir." Et oui, il porte et élève tous les films vers le haut. Cocteau a raison et moi j’attends mon tour.
C’est Jacques Demy en 1970, filmant un hommage à Cocteau qui lui offre un rôle royal afin qu’il soit enfin le mythe mérité. Dans Peau d'âne, il joue le père incestueux de Catherine Deneuve, et il est parfait dans ce registre mi-poétique mi-grave
.
Avant cela, il m’aura fait rêver. Il avait la fougue de Belmondo dans les cascades, la beauté de Delon (mais la sienne n'a jamais fané), l'ambiguïté de Gérard Philippe, la répartie d'un Serrault, le comique distancié d'un Bourvil. Il était parfait, il était complet. Sa voix brisée, son physique inouï, son jeu à la fois inspiré et détaché m’éblouissaient.
Après la secousse de « L’éternel retour », je l’ai découvert au pied d’un escalier géant et dans le double rôle de « L’Aigle à deux têtes » il m’a conquise définitivement. J’ai constaté et apprécié plus tard qu’il pouvait être léger et le voilà à jamais et pour toujours le seul Comte de Monte Cristo, Le Bossu, le Capitaine Fracasse, le Masque de Fer, et tous les remakes n’y pourront rien. Personne n’a prononcé comme lui ces paroles « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi ».
La splendeur des splendeurs demeure évidemment « La Belle et la Bête »
(dans un triple rôle cette fois, Merci Cocteau) que l’on peut revoir et revoir sans jamais se lasser. Emerveillé par l’histoire quand on est enfant, méditant sur cette histoire d’amour et sur la différence quand on est adolescent (est-il sûr d’ailleurs que la Belle soit satisfaite de la métamorphose ultime de la Bête qui abandonne sa gangue d’être de douleur pour devenir un prince pâle et falot ?), on y voit plus tard un jeu sur l’humanité et l’animalité qui sont les deux pôles de tension qui charpentent le film.
Et puis le miracle s’est accompli : nous nous sommes rencontrés ! Nous avons été voisins à Montmartre. Notre toute première fois fut bouleversante, inoubliable et définitivement frustrante. Lorsque je l’ai vu venir vers moi, tout ce qui l’entourait était baigné par cette même brume ouatée dans laquelle il m’était apparu la première fois et qui rendait la scène irréelle. Le « color by de Luxe » avait disparu et tout était noir et blanc comme dans le souvenir de mon éternelle attente.
Tout auréolé de sa crinière, je le jure, il marchait au ralenti. Certaines auraient parlé peut-être, d’autres se seraient évanouies sans doute… et moi, qu’ai-je fait ??? Je me suis transformée en statue de sel, figée, la mâchoire pendante, les yeux exorbités à la Marty Feldmann : j’étais l’incarnation du glamour !!! Il n’a perdu aucun de ses moyens devant cette vision d’horreur et quand il est passé à ma hauteur, son merveilleux sourire tout dévoilé, il a ri… Oui, messieurs, dames Jean Marais a ri en me voyant la première fois. Pas un éclat de rire méprisant ou blessant ou moqueur, non, non, un beau rire en un seul son « Ah ! », un éclat de rire bienveillant, amical et gentil. Le croirez-vous qu’en vous le racontant, j’en ai les larmes aux yeux ???
Nous nous sommes croisés régulièrement ensuite, on se souriait, on se disait « bonjour » en voisins courtois, j’allais le voir au théâtre, je lisais ses livres. Puis il est parti vivre à Cannes, et mourir d’une crise cardiaque… normal pour cet être aérien et magnifique qui disait de lui même : "Je me fous de la postérité" et aussi « Ma vie est une énorme injustice : je suis trop heureux. »
Et voilà de quoi je suis coupable : je ne lui ai jamais dit que je l’aimais.
Ma Fête de la musique à moi, c’était hier. Ne me demandez pas pourquoi Lorin Maazel, booké jusqu’en 2008 à travers le monde est passé par Trifouillis Les Pedzouilles hier soir ??? Je n’en sais rien. En tout cas, j’avais mes places depuis lurette et ce fut encore un moment (deux heures c’est court) où je flottais au-dessus de la réalité.
J’en vois certains au fond qui se disent « mais comment fait-elle avec tous ces héros ??? ». Et bien je gère, mais c’est parfois une dure lutte !!! Ce héros est à classer parmi le top (avec les septuagénaires : Paul, Clint…) c’est mon héros, mon master, mon maestro ! A quoi ça tient, pourquoi je l’aime depuis toujours ??? Parce que c’est lui, parce que c’est moi et aussi et surtout parce que :
sa classe,
son énergie,
son charisme,
son humanisme,
sa vitalité,
son sourire.
La salle, c’est l’Arsenal, un endroit plutôt enchanteur malgré son nom… et comme j’étais aux places « Paradis » (au propre, comme au figuré), j’étais face au Maestro et ne l’ai pas quitté des yeux un instant.
Le programme ne faisait pas dans la dentelle Mozartienne mais était néanmoins très séduisant : la délicieuse suite symphonique Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov et la puissante et émouvante Symphonie en mi mineur du Nouveau Monde d’Antonin Dvorak.
Après une « big applause » et une standing ovation, encore un cadeau : une Rhapsodie Hongroise de Brahms.
Non mais, regardez-le :
Et moi où suis-je ???
Encore au Paradis !