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couleur de peau : miel de jung et laurent boileau

  • COULEUR DE PEAU : MIEL de Jung et Laurent Boileau ***

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    •  Un petit garçon de 5 ans erre seul dans les rues de Séoul en 1970. Recueilli par un policier, il est confié à une association locale et très rapidement adopté par une famille belge qui compte déjà 4 enfants. La seule annotation figurant sur la fiche d'adoption de Jung est : couleur peau, miel ! 200 000 petits coréens abandonnés parce que beaucoup de femmes se sont retrouvées enceintes de soldats américains ou devenus orphelins pendant la guerre, voilà l'un des dégâts colatéral d'une guerre fratricide.
    • Jung est particulièrement bien accepté par ses nouveaux frères et soeurs qui le considèrent immédiatement comme l'un des leurs. Ils accueilleront d'ailleurs quelques années plus tard une autre petite coréenne, ce qui déclenchera la colère et la jalousie de Jung : "c'est moi l'asiatique adopté de la famille !" Et c'est l'une des originalités de ce beau film tendre et cruel, ne pas faire de Jung une victime angélique soumise. Le petit garçon peut être une sacrée teigne malgré la complicité sans faille d'une de ses soeurs dont il sera un temps amoureux et il traversera des périodes difficiles où il volera, mentira. Il aura fort à faire avec sa mère et puisqu'il n'en connaîtra pas d'autres, il l'acceptera telle qu'elle est : vive, impatiente, colérique et pas câline pour deux sous. En période de crise, elle lâchera le terrible "tu es une pomme pourrie et je ne veux plus que tu t'approches de MES enfants !" Mais il découvrira que cette sévérité parfois brutale et injuste est sa façon d'aimer à elle. Puis elle lui avouera et lui prouvera bien tard, mais pas TROP tard, son amour. Le père quant à lui reste toujours très en retrait de tout ce qui se passe même si l'on comprend que c'est lui qui souhaite absolument adopter des enfants coréens. Il n'intervient, à son grand dam, que pour corriger sa progéniture rebelle, selon la bonne vieille méthode des années 70. Mais en règle générale il laisse sa maîtresse femme diriger la famille.
    • Jung traverse sa petite enfance dans une relative insouciance mais les choses évoluent très rapidement. Il rejettera toute "asiatitude" en lui puis se mettra à chercher absolument une connexion entre la tête qu'il a et une culture asiatique. C'est ainsi qu'il vivra une période japonaise. Il entrera en conflit avec ses parents, avec lui-même, cherchera d'où il vient, tentera de comprendre comment et pourquoi une maman abandonne son enfant. Lui pardonnera...
    • Mais c'est finalement par le dessin que Jung parviendra toujours et dès le plus jeune âge à extéroriser ses démons, son déracinement, sa recherche de racines...
    • C'est ainsi que ce film mêle avec bonheur l'animation (adaptation du roman graphique de Jung), films super 8 de la famille (on passe parfois du dessin au film avec beaucoup de finesse) et documentaire, puisque Jung est retourné pour la première fois, quarante ans après dans son pays d'origine. Si une certaine mélancolie baigne l'ensemble, le Jung adulte a d'ailleurs conservé son regard infiniment triste de petit garçon abandonné, il n'en demeure pas moins une chronique très tendre et parfois drôle. Un petit bijou tout miel !