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habemus papam de nanni moretti

  • HABEMUS PAPAM de Nanni Moretti ***

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    Puisque le Pape est mort, un nouveau pape est appelé à régner et pour ce faire, il faut l'élire. C'est ainsi que le Conclave se réunit afin de procéder. Tous les cardinaux sont éligibles c'est la tradition secularum seculariste et lorsque Melville recueille le nombre de voix suffisant, que la fumée blanche s'échappe de la cheminée vaticanaise et qu'il est annoncé en place Saint Pierre "Habemus Papam"... Melville s'effondre en un cri déchirant, surhumain, inhumain. Terrassé par l'ampleur de la tâche qui l'attend, il ne peut se rendre au balcon pour prononcer le traditionnel discours. Déconcertés, les collègues de Sa Sainteté décide de faire appel à un psychiatre, le meilleur de Rome. Mais à l'extérieur des millions de fidèles attendent de connaître le nom et le visage de leur nouveau Pape. Cette situation est un véritable cataclysme !

    On aurait pu attendre beaucoup d'irrévérence ou de mauvaise foi de la part de Nanni Moretti qui doit être aussi athée qu'il est possible de l'être, mais la première surprise est qu'il n'en est rien et malgré l'humour qui parcourt le film, bien qu'il n'ait pas été autorisé à tourner au Vatican, c'est avec infiniment de respect qu'il traite son sujet.

    La première scène sème le doute. Les vieux, parfois très très très vieux messieurs chargés d'élire le nouveau chef de l'Eglise sont attablés, enfermés jusqu'à ce que l'Elu soit choisi. On dirait des gosses qui en début d'année doivent choisir leur chef de classe. Et alors que la caméra s'approche du visage des uns et des autres et qu'on a pu s'imaginer que chacun rêve d'avoir le poste, il n'en est rien. Des prières sont adressées secrètement à Dieu certes, mais toutes disent : "faites que je ne sois pas choisi". C'est à la fois drôle et terriblement émouvant. Lorsque Melville est brutalement et à sa grande surprise propulsé et que tous se prosternent devant lui, il reste muet, se laisse mener comme un pantin jusque derrière le rideau rouge. C'est là que retentit son cri, deux hurlements en fait, déchirants, inoubliables... Il ne peut plus faire un pas, dire un mot. Dépression, foudroyante, paralysante. A nouveau, nous sommes face à un film qui traite de la dépression (comme "Melancholia" tout récemment) mais cet homme là ne peut pas fléchir, il a juste le droit de prendre son temps, un temps pour la réflexion, un temps pour réaliser où il est parvenu mais pas trop. Le monde des catholiques l'attend pour le bénir, pour le guider. C'est très fort de voir cet homme d'Etat en quelque sorte et aussi cet acteur magnifique, monumental, massif complètement anéanti, fragile, vacillant.

    Lorsque le psychiatre entre en jeu, le film prend un virage plus humoristique et c'est tant mieux. Vivre le malaise permanent de Melville eût été trop bouleversant. Le psychiatre ne peut pas poser toutes les questions qu'il souhaite, il ne peut même pas connaître le nom de son patient, ce qui est la base d'une relation de patient à soignant. Mais déjà il en sait trop et le voilà contraint à sa grande surprise de ne plus pouvoir quitter le Vatican tant que le souverrain n'ira pas mieux et qu'on pourra révéler son nom. La confiance règne...

    Nouveau virage, le Pape Melville s'échappe pour une virée en solitaire qui n'a rien d'une promenade de santé, et le camerlingue décide de cacher cette fugue. Il place un Garde Suisse dans les appartements du Pape et le charge de faire du bruit à intervalles réguliers, d'allumer la lumière, la télé, de montrer son ombre à la fenêtre pour faire croire que le Pape se repose... C'est drôle. Ce qui l'est moins c'est l'errance de cet homme dans Rome qui semble redécouvrir la vraie vie, un rayon de soleil sur son visage, la compassion d'une femme qui veut l'aider. Il se met à s'interroger sur sa place, ses choix, sa véritable vocation d'acteur ratée et surtout sur sa légitimité. La place qu'on lui donne, non seulement il ne la mérite pas mais il se sent absolument incapable de la mener. Cet homme n'est pas avide de pouvoir. Il est juste un homme qui aurait aimé être acteur et peut-être aimer Dieu tranquillement. C'est infiniment poignant d'autant plus que Michel Piccoli est capable de transmettre toutes les angoisses et l'abattement de son personnage.

    Lorsque Nanni Moretti s'éloigne de son acteur de rêve pour un tournoi de volley destiné à occuper les cardinaux qui s'impatientent, le film perd un peu de son intérêt... la scène drôle certes mais longue et surtout narcissique semble n'intervenir que pour permettre à Nanni le réalisateur d'octroyer quelques scènes à Moretti l'acteur...

    Il n'en demeure pas moins que ce beau sujet dont la fin inattendue relève encore l'ensemble permet à cet acteur fascinant, sublime, troublant qu'est Michel Piccoli de propulser son métier vers des sommets.