LES HOMMAGES À PICCOLI
à la télé
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à la télé
27 décembre 1925 - 12 mai 2020
J'aime le voir le poing levé. C'était un homme engagé, à la parole libre.
J'aimais son doux sourire. J'aimais sa voix d'outre-tombe. Ses agacements, ses emportements, son charme.
J'ai l'impression qu'il a accompagné toute ma cinéphilie.
Antoine d'Anthac, metteur en scène célèbre de théâtre vient de mourir. Son "majordome" annonce la triste nouvelle par téléphone aux comédiens qui ont été ses amis. Antoine souhaite les rassembler dans son immense demeure/chateau afin que son testament leur soit révélé. En fait, il leur propose au travers d'une vidéo de visionner la captation d'une pièce jouée par une jeune troupe de théâtre "La compagnie de la Colombe". Il leur demande également de juger si cette pièce peut être adaptée par ces jeunes gens. Il s'agit en fait du montage de deux pièces de Anouilh en une : Eurydice et Cher Antoine ou l'amour raté. Tous les acteurs présents ont un jour ou l'autre interprété un rôle dans ces pièces. Ils commencent par regarder attentivement l'écran puis peu à peu se laissent prendre au "jeu", se souviennent de leur texte et se remettent à interpréter, ou se mettent à ré-interpréter leurs rôles de l'époque. Simultanément ou à tour de rôle.
Et Alain Resnais n'en finit plus d'inventer ou de réinventer le cinéma. Un cinéma unique, insensé, original que personne n'a osé, auquel personne n'a pensé. En tout cas que personne n'a tenté. Et c'est tant mieux, pour nous. Car que voit-on à l'écran ? Pas uniquement une réalisation fluide et magistrale qui alterne cinéma et théâtre dans des décors somptueux qui s'adaptent, se transforment en fonction de la progression de l'intrigue. Mais aussi trois générations d'acteurs qui profèrent le même texte, les mêmes répliques selon leur propre vision ou interprétation des personnages. Et cela donne des variations saisissantes en fonction des personnalités des comédiens.
Une seule réserve... non, deux, m'empêchent d'octroyer les **** que ce film a frôlées. D'abord, la longueur ! La pièce est sans doute présentée dans son intégralité et le troisième acte, souvent hystérique, offre à Sabine Azéma et Anne Consigny (grande pleureuse devant l'Eternel) l'occasion de se vautrer avec beaucoup d'abandon et de délices dans une agitation lacrymale qui finit par devenir horripilante. Il faut dire qu'Eurydice n'est pas une fille simple, en plus d'être bi-polaire. Quelle emmerdeuse !!! Ensuite, la première fin (oui, je suis championne pour déceler plusieurs fins aux films !) que j'ai trouvée aberrante voire ignoble... on ne fait pas "ça" à des amis. Mais la fin finale rattrape ce moment désagréable...
Quant aux acteurs, moi qui aime les performances, c'est un festin. Contrairement à ce que j'ai lu, je n'ai pas trouvé la pièce excécrable, au contraire. Et surtout, le texte est sublime et restitué avec beaucoup d'intensité et de gourmandise par des acteurs qui n'ont plus l'âge des rôles. Mais la magie du scenario rend justement cet anachronisme crédible. Ils sont absolument tous formidables. Même ceux qui n'ont que quelques répliques comme Jean-Noël Brouté, incroyablement émouvant en amoureux inconsolable. Mes coups de coeur vont à Lambert Wilson vibrant comme jamais, Mathieu Amalric toujours impayable en Cassandre et Michel Piccoli, l'acteur de rêve !
Puisque le Pape est mort, un nouveau pape est appelé à régner et pour ce faire, il faut l'élire. C'est ainsi que le Conclave se réunit afin de procéder. Tous les cardinaux sont éligibles c'est la tradition secularum seculariste et lorsque Melville recueille le nombre de voix suffisant, que la fumée blanche s'échappe de la cheminée vaticanaise et qu'il est annoncé en place Saint Pierre "Habemus Papam"... Melville s'effondre en un cri déchirant, surhumain, inhumain. Terrassé par l'ampleur de la tâche qui l'attend, il ne peut se rendre au balcon pour prononcer le traditionnel discours. Déconcertés, les collègues de Sa Sainteté décide de faire appel à un psychiatre, le meilleur de Rome. Mais à l'extérieur des millions de fidèles attendent de connaître le nom et le visage de leur nouveau Pape. Cette situation est un véritable cataclysme !
On aurait pu attendre beaucoup d'irrévérence ou de mauvaise foi de la part de Nanni Moretti qui doit être aussi athée qu'il est possible de l'être, mais la première surprise est qu'il n'en est rien et malgré l'humour qui parcourt le film, bien qu'il n'ait pas été autorisé à tourner au Vatican, c'est avec infiniment de respect qu'il traite son sujet.
La première scène sème le doute. Les vieux, parfois très très très vieux messieurs chargés d'élire le nouveau chef de l'Eglise sont attablés, enfermés jusqu'à ce que l'Elu soit choisi. On dirait des gosses qui en début d'année doivent choisir leur chef de classe. Et alors que la caméra s'approche du visage des uns et des autres et qu'on a pu s'imaginer que chacun rêve d'avoir le poste, il n'en est rien. Des prières sont adressées secrètement à Dieu certes, mais toutes disent : "faites que je ne sois pas choisi". C'est à la fois drôle et terriblement émouvant. Lorsque Melville est brutalement et à sa grande surprise propulsé et que tous se prosternent devant lui, il reste muet, se laisse mener comme un pantin jusque derrière le rideau rouge. C'est là que retentit son cri, deux hurlements en fait, déchirants, inoubliables... Il ne peut plus faire un pas, dire un mot. Dépression, foudroyante, paralysante. A nouveau, nous sommes face à un film qui traite de la dépression (comme "Melancholia" tout récemment) mais cet homme là ne peut pas fléchir, il a juste le droit de prendre son temps, un temps pour la réflexion, un temps pour réaliser où il est parvenu mais pas trop. Le monde des catholiques l'attend pour le bénir, pour le guider. C'est très fort de voir cet homme d'Etat en quelque sorte et aussi cet acteur magnifique, monumental, massif complètement anéanti, fragile, vacillant.
Lorsque le psychiatre entre en jeu, le film prend un virage plus humoristique et c'est tant mieux. Vivre le malaise permanent de Melville eût été trop bouleversant. Le psychiatre ne peut pas poser toutes les questions qu'il souhaite, il ne peut même pas connaître le nom de son patient, ce qui est la base d'une relation de patient à soignant. Mais déjà il en sait trop et le voilà contraint à sa grande surprise de ne plus pouvoir quitter le Vatican tant que le souverrain n'ira pas mieux et qu'on pourra révéler son nom. La confiance règne...
Nouveau virage, le Pape Melville s'échappe pour une virée en solitaire qui n'a rien d'une promenade de santé, et le camerlingue décide de cacher cette fugue. Il place un Garde Suisse dans les appartements du Pape et le charge de faire du bruit à intervalles réguliers, d'allumer la lumière, la télé, de montrer son ombre à la fenêtre pour faire croire que le Pape se repose... C'est drôle. Ce qui l'est moins c'est l'errance de cet homme dans Rome qui semble redécouvrir la vraie vie, un rayon de soleil sur son visage, la compassion d'une femme qui veut l'aider. Il se met à s'interroger sur sa place, ses choix, sa véritable vocation d'acteur ratée et surtout sur sa légitimité. La place qu'on lui donne, non seulement il ne la mérite pas mais il se sent absolument incapable de la mener. Cet homme n'est pas avide de pouvoir. Il est juste un homme qui aurait aimé être acteur et peut-être aimer Dieu tranquillement. C'est infiniment poignant d'autant plus que Michel Piccoli est capable de transmettre toutes les angoisses et l'abattement de son personnage.
Lorsque Nanni Moretti s'éloigne de son acteur de rêve pour un tournoi de volley destiné à occuper les cardinaux qui s'impatientent, le film perd un peu de son intérêt... la scène drôle certes mais longue et surtout narcissique semble n'intervenir que pour permettre à Nanni le réalisateur d'octroyer quelques scènes à Moretti l'acteur...
Il n'en demeure pas moins que ce beau sujet dont la fin inattendue relève encore l'ensemble permet à cet acteur fascinant, sublime, troublant qu'est Michel Piccoli de propulser son métier vers des sommets.
grâce à LE PACTE pour
le film de Nanni Moretti qui sortira le 7 septembre prochain.
Pour remporter UNE place pour ce film, il suffit de trouver la réponse à une des questions ET à qui appartiennent les mirettes.
Règles du jeu :
- UNE participation par personne à la fois (réponses à deux énigmes),
- attendre mon accord pour participer à nouveau.
Les gagnants sont : spleen, Ed, Jordane, mel et Christine.
LE point commun est : partenaires féminines de Michel Piccoli.
GAME OVER. MERCI.
1
DANIELLE DARRIEUX
De quelle couleur est la fumée qui annonce qu'un Pape est appelé à régner ? - Blanche - trouvé par spleen.
2
MILENE DEMONGEOT
Qui accepte le soutien de la psychanalyse ? Les cardinaux - Trouvé par Jordane.
3
BRIGITTE BARDOT
Qui joue le rôle du psychanalyste ? - Nanni Moretti trouvé par Christine
4
LEA MASSARI
De quoi le psychanalyste peut-il parler avec beaucoup de discrétion ? - De sa mère - trouvé par Ed
5
CHARLOTTE RAMPLING
Quelle est la première question que le psy pose au Pape ? avez-vous des problèmes avec votre foi ? trouvé par mel
Claire pénètre comme par effraction dans une grande maison. Elle entre par la fenêtre, monte à l’étage, semble dérober quelque chose et se cache sous le lit lorsqu’elle entend un bruit. Un vieil homme entre à son tour…
On découvre un peu plus tard que Claire 18 ans, partage cette grande maison qui sent la poussière, les absences et les secrets de famille avec son grand-père.
Alors que le vieillard fait des tentatives d’approche pour comprendre et essayer de « recadrer » la jeune fille qu’il se reproche d’avoir trop laissé livrée à elle-même, celle-ci le repousse toujours.
Le gros reproche que je ferai à ce film subtil et délicat la plupart du temps, c’est de nous présenter les deux univers parallèles des deux personnages de telle sorte qu’ils se croisent peu alors que j'aurais aimé davantage de confrontations. On rêve de leur réconciliation, de leur étreinte…
D’autant que les deux acteurs sont fabuleux. L’ogre Piccoli, toujours le même et encore capable de s'enthousiasmer et de tout donner à un premier film, à la fois protecteur et monstre encore rugissant est vraiment touchant dans sa façon de sentir qu’il est au bout de sa vie et de refuser l’aide, la compassion ou la tendresse. Emouvant aussi lorsqu’il prend conscience de ce qu’il aurait pu apporter à cette jeune fille secrète qui ne partage rien avec lui, même pas ses victoires en natation, sa passion. Lorsqu'il parle d'elle à un vieil ami retrouvé à l'occasion d'un enterrement, il évoque une relation faite de complicité et d'admiration réciproque.
Quant à Pauline Etienne, déjà fabuleuse dans le très récent « Qu’un seul tienne et les autres suivront », confirme par l’intelligence de ses choix et la profondeur de son interprétation qu’elle n’est pas une actrice/ado interchangeable et surestimée (telle Léa Seydoux) comme on en voit tant. Voir ses joues s’empourprer devant la caméra n’est pas sans évoquer une certaine Juliette !
Elle est au centre du film et de l’histoire, jeune herbe folle sans repère qui cherche à plaire, qui se trompe, joue avec les sentiments d’un garçon qui l’aime vraiment, s’en aperçoit trop tard, provoque, séduit. Son visage s’éclaire ou s’assombrit comme par magie. Une actrice est née.
Dans le rôle de Thomas, l'amoureux perdu, on découvre également un acteur incroyable encore jamais vu, Clément Roussier, très "truffaldien" devrait se faire remarquer par Christophe Honoré
Deux personnages séparés par au moins six décennies, une vie chargée de regrets voire de remords, une autre inquiète et déroutée par l’avenir, finalement réunis par la même histoire et peut-être aussi des sentiments…
Ah, l'année commence bien.