HAMLET
de William Shakespeare
mise en scène de Simon Delétang *****
J'ai eu le bonheur d'assister à l'une des dernières représentations de la saison d'Hamlet dans ce lieu magique qu'est le Théâtre de Bussang.
Le Théâtre du Peuple à Bussang créé en 1895 par Maurice Pottecher et classé monument historique depuis 1975 est un endroit unique en France. Il est construit entièrement en bois et la voûte au plafond forme un navire retourné. Chaque spectacle a la possibilité à un moment donné de supprimer le fond de la scène qui s'ouvre alors sur la forêt vosgienne.
Si vous passez dans la région, n'hésitez pas à visiter ce lieu unique vraiment fascinant et pour le moment, vous pouvez toujours vous rendre sur le site ICI.
Un grand classique cette année et tout "le reste est silence". J'avais lu l'oeuvre de William mais la version de Simon Delétang vivante, dynamique, moderne sans être révolutionnaire provoque trois heures d'enchantement que l'on ne voit pas passer et nous permet d'accéder aisément à l'esprit tourmenté d'Hamlet.
Vous connaissez sans doute l'histoire, endeuillé par la mort de son père, Hamlet est d'humeur très sombre dès l'ouverture de la pièce. Il faut dire que sa mère n'a pas attendu deux mois pour épouser Claudius le frère de son défunt mari. Cela se corse lorsque le fantôme de son père lui apparaît et lui révèle que Claudius l'a assassiné. Cet homme a donc pris la vie du père d'Hamlet mais également sa mère en l'épousant et la place sur le trône qui lui revenait. Triplement en colère et impatient, le jeune homme décide de feindre la folie pour mener à bien sa vengeance provoquant par sa némésis pas mal de dégâts collatéraux. Pas moins de 5 morts au cours de la pièce... Mais Hamlet semble se prendre à son propre jeu et devenir réellement fou. Il reporte constamment son objectif, tente de s'expliquer au cours de sept monologues. Personnage versatile, inconstant, romanesque, suicidaire, impulsif, Hamlet est complexe et cependant terriblement attachant. Il faut dire que Loïc Corbery (de la Comédie Française s'il vous plaît !) lui apporte une consistance romantique, désespérée et souvent pleine d'humour qui élève ce rôle écrasant.
Et ici, comme le précise le metteur en scène : "l’élégance des déplacements contraste avec l’enlisement de la pensée et l’inaction". En effet, la mise en scène est rarement statique. Les personnages, les comédiens évoluent sans déclamer entre de grands panneaux blancs. Ils sont tous vêtus de noir, sauf la douce et folle Ophélie en rouge (merveilleuse Georgia Scalliet). Le costume d'Hamlet noir également est d'une rare élégance.
Lorsqu'enfin le fond de la scène s'ouvre sur la forêt de Bussang ornée de crânes géants, un soupir de ravissement parcourt le public. C'est d'une beauté indescriptible qui mène pourtant à l'épilogue dramatique de la pièce car décidément, "il y quelque chose de pourri au royaume de Danemark".
Comme toujours pour les spectacles de ce théâtre la troupe réunit des artistes professionnels et amateurs emportée par un Loïc Corbery impérial, d'une grande finesse désespérée, plein d'humour aussi.
Distribution :
Loïc Corbery de la Comédie-Française : Hamlet
Georgia Scalliet : Ophélie
Baptiste Delon* : Lucianus
Hugues Dutrannois* : Polonius
Sylvain Grépinet* : Claudius
Salomé Janus* : Première paysanne
Houaria Kaidari* : Rosencrantz
Fabrice Lebert : Horatio
Jean-Claude Luçon* : Le spectre / Premier comédien
Elsa Pion* : Marcella / Deuxième paysanne
Julie Politano* : Guildenstern
Anthony Poupard : Laërtes
Khadija Rafhi* : Baptista / La prêtresse
Stéphanie Schwartzbrod : Gertrude
Alice Trousset* : Silhouette
et une dizaine de figurants
*membres de la troupe d’artistes amateurs de l’été 2022
Dans la presse :
Au Théâtre du Peuple, Simon Delétang signe une magnifique mise en scène de la tragédie de Shakespeare avec, dans le rôle-titre, un Loïc Corbery magistral. Dans les Vosges, Shakespeare a trouvé son royaume.
La Croix, Marie-Valentine Chaudon.
Outre Loïc Corbery, dont le jeu et la langue fascinent, les seize comédiens sont servis par une orchestration et des déplacements chorégraphiés et rythmés de toute beauté. Le public ne s'y trompe pas, qui fait un accueil à la pièce au-delà de toutes les attentes de cette troupe éphémère virtuose et saisit les enjeux existentiels du drame dans leur écho d'aujourd'hui.
l’Humanité, Marina Da Silva
Hamlet et Ophélie incarnés par Loïc Corbery et Georgia Scalliet, dans une mise en scène éblouissante tout en épure et en clair-obscur et où il est question de la vanité des hommes. […] Une réussite.
Vosges matin, Sabine Lesur
Simon Delétang signe une mise en scène dépouillée, très contemporaine, faite de lignes de fuites, de déplacements en diagonale, de traversées du plateau à pas cadencés. Rythmée, portée par le duo de comédiens – lunaire Loïc Corbery et solaire Georgia Scalliet – et leur jeu habité et sensible, la tragédie shakespearienne se niche parfaitement dans la scénographie.
L'oeil d'Olivier, Olivier Frégaville-Gratian d'Amore
Une mise en scène jouant avec les ombres et la lumière qui revient à la quintessence du décor contemporain.
Franceinfo
Un carton sans précédent et un public retrouvant le chemin d’une salle où l’on joue à guichets fermés.
Les Inrockuptibles, Patrick Sourd
Le marathon shakespearien de Simon Delétang au Théâtre du peuple met face à Loïc Corbery d'excellents amateurs.
Le Figaro, Florence Vierron
Commentaires
Mais... personne n'a lu cette note !
Il y a pourtant plus de choses ici, qu’il n’en est rêvé dans notre philosophie.
Te fous pas de moi, mais il est vrai que sur la terre comme au ciel cela manque parfois de philosophie.
Parfois je me demande vraiment : à quoi sert ce blog ? Mais 3 ans après si tu as lu, je me dis que tout n'est pas perdu. Comment es-tu arrivé ?
Cela me remet en tête ce rendez-vous annuel que j'ai avec le Théâtre du Peuple.
Cette année j'ai vu Un roi nu et c'était encore une fois magnifique. Je n'ai pas fait de note, juste une petite publication sur Facebook.
Mais Loïc Corbery a dynamité l'idée que je me faisais d'Hamlet et l'année suivante j'ai eu droit à un Cyrano exceptionnel... Tu peux trouver si tu cherches un peu.
J'y retourne fin août voir "Je suis la bête".
Au cours de tes longs étés, cela vaudrait le coup de te prévoir deux ou trois jours dans les Vosges et de t'offrir ce spectacle dans cet endroit UNIQUE AU MONDE.
J'aime bien me perdre dans ton blog. C'est Georgia Scalliet qui m'a amenée jusqu'ici. Je te laisse deviner comment.
Ce lieu a l'air tout à fait extraordinaire. Je suis moins érudit théâtralement que tu ne l'es mais j'aime les jolis lieux.
"Je suis la bête" ? rassure-moi, Besson n'est pas dans le coup ?
Ah oui c'est vrai elle est dans L'accident de piano.
Elle est EXTRAORDINAIRE en Ophélie.
Je n'y connais rien en théâtre mais j'y vais une fois par an dans cet endroit incroyable à l'histoire fabuleuse.
J'avais totalement zappé qu'elle jouait chez Dupieux. Faut dire qu'elle n'apparaît pas longtemps, à peine plus que la coiffeuse de Magaloche.
Non, tu sauras mercredi...
Je reconnais que je ne l'avais pas vue dans L'accident...
Je patiente mais je débranche comme tu sais...