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jean-paul lilienfeld

  • La journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld ***

    La Journée de la jupe - Isabelle AdjaniLa Journée de la jupeLa Journée de la jupe

    Sonia, prof de français dans un collège « sensible » a bien du mal à se frayer un chemin parmi ses élèves. Exceptionnellement, le cours doit avoir lieu dans un « théâtre » aménagé dans l’enceinte de l’établissement où elle doit présenter Molière à ces jeunes qui n’en ont absolument rien à faire. Il lui faut pas moins de 20 minutes pour parvenir à entrer dans la salle au milieu d’un chahut indescriptible et d’une cacophonie d’insultes et de blagues à deux balles où la prof est obligée de hurler pour se faire entendre, séparer des élèves constamment au bord de l’explosion. Avant de pénétrer enfin, plaquée contre le mur dans la bousculade elle avale un anxiolytique. Ce geste et toute son attitude en général prouvent déjà à quel point elle est au bout du rouleau. La tentative de cours commence à peine qu’une altercation éclate entre deux élèves. Sonia est obligée d’intervenir pour les séparer. Une arme tombe d’un sac, la prof s’en saisit et, incapable de ramener l’ordre et le calme, le braque sur ses élèves. La prise d’otages totalement improvisée qui s’ensuit est une alternance de tension et de malaise qui atteindra parfois des sommets d’inquiétude, de trouble et d’agitation stupéfiants et inattendus.

    Le réalisateur filme un huis clos asphyxiant et anxiogène qui ne « s’aère » que moyennement lorsqu’on sort de la salle pour voir que le GIGN, une ministre sont prêts à intervenir alors qu’un « négociateur » tente d’apaiser tout le monde pour éviter le drame.

    On se demande à tout instant jusqu’où ira le réalisateur, et l’on est soulagé de constater qu’il n’édulcore rien et aborde des thèmes très actuels avec un pessimisme qui semble sans solution : racisme, religion, mixité entre autres. Comment faire comprendre à ces jeunes pour la plupart « issus de l’immigration » qui n’ont à la bouche que des mots qu’ils brandissent constamment comme des menaces : racisme, respect (pour leurs mères, pour leurs sœurs alors qu’ils peuvent violer leurs camarades de classes), religion et ponctuent souvent leurs propos par « Inch’Allah » (alors qu’ils ne connaissent manifestement rien au Coran ou à la Bible ou la Torah), que leur « salut » est dans l’éducation ? Comment entrer en communication avec eux alors qu’ils se sentent victimes d’un système et d’une société toute entière ? Le réalisateur ne fait pas dans la démagogie et on ne peut que l’admirer pour ça. Ainsi que tous les jeunes élèves/acteurs.

    Ce film c’est la version « trash » d’  « Entre les murs », un constat effrayant voire angoissant où les filles sont les plus sacrifiées.

    Adjani, bouffie, mal coiffée, mal habillée est ici FOR.MI.DA.BLE et plus Yasmine qu’Isabelle. Capable de filer un coup de boule au plus récalcitrant de ses élèves et de se relever en sautant et criant « Zidane il a marqué, Zidane il a marqué », de se faire traiter de « vieille grosse », elle est impressionnante et fabuleuse. Et c’est encore elle qui pose le mieux les questions de ce film qui ne donne pas de réponses… :

    "Au-delà du personnage de cette prof qui pète les plombs, j'ai surtout été frappée par la justesse du constat social.

    Qu'est-ce que l'éducation aujourd'hui ?

    Comment en est-on arrivé à cette impasse ?

     C'est quand même une des dernières institutions d'intégration, comment se fait-il qu'elle soit dans cet état-là ?

    Comment se fait-il que le système soit en pareil disfonctionnement et qu'on soit dans un tel malentendu ?

    Qu'est-ce qu'on a fait à ces élèves ?

    Qu'est-ce qu'on a fait à ces professeurs ?

    Pourquoi et comment a-t-on abdiqué devant les exigences de l'enseignement ?

    J'ai vraiment apprécié que le film ne cherche pas à moraliser socialement, civiquement, qu'il ne cherche pas à donner des leçons, ni à apporter des solutions mais juste ? si on peut dire ! - à poser toutes les questions, à mettre les spectateurs en face d'une dure réalité..."

    Chapeau.